pompier
badly drawn boy n’est plus la petite sensation pop du printemps 2000. l’homme au bonnet a cartonné ci et là avec son premier album the hour of bewilderbeast. plusieurs singles après, on le retrouve pour la bande-son d’un blockbuster (la nouvelle comédie avec hugh grant, adaptation d’un roman de hornby). avec about a boy, badly drawn boy s’éloigne un peu plus de la pop foutraque de ses premiers eps. enregistré au même moment ce deuxième album officiel de damon gough (avec la participation de charlotte gainsbourg, joey waronker et du talentueux jon brion), have you fed the fish, n’est pas encore l’ouvrage pop parfait. cela commence même très mal. après un "coming in to land" plutôt réussi, "have you fed the fish" est extrêmement douloureux. un méchant exercice de style quelquepart entre pompier, le fm et le gras, elton john exhumé en 2002. on ne s’attendait pas à cela de la part du mancunien. et "born again" continue dans la même veine avec ses phrasés de guitare déjà entendus ailleurs.
concurrence
j’hésite vraiment à arrêter là. "40 days & 40 fights", morceau quelconque, moins choquant à l’oreille, ressemble plus au badly drawn boy que l’on apprécie. puis à partir de ce cinquième morceau "all possibilities" impossible de se défaire du mal nommé "have you fed the fish". on retrouve sur ce titre les arrangements somptueux qui ont fait la renommée du sieur gough. puis "i was wrong" fait sérieusement concurrence au "nothing really ends" de deus et nous porte au magnifique single "you were right" qui n’est pas l’attrape-nigaud destiné à assurer les ventes de l’album, juste un joyau à peine meilleur que certains titres qui vont suivre. il ne faut donc pas se fier aux premiers morceaux detestables de cet album du mancunien.
creux
le morceau-titre est peut-être le plus faible de l’album et sûrement le moins représentatif du son de celui-ci. difficile de concevoir que sur un même album coexistent ce morceau et "interlude" par exemple. il faut reconnaître que badly drawn boy se démarque franchement en mettant ses titres creux en ouverture et en nous charmant jusqu’aux dernières secondes de cet album. il est rare que l’on prenne un tel plaisir à progresser dans un album, c’est généralement la marque des chefs d’oeuvre, ce qu’aurait vraisemblablement été have you fed the fish sans ce ratage au début. il est certain que have you fed the fish trottera quelques temps sur ma platine dans une version raccourcie de quelques titres. de même, "how", "using our feet" resteront parmi mes morceaux favoris de cette année. de même que le terriblement frustrant "imaginary lines" où bdb amorce ce qui pourrait être son meilleur morceau et l’avorte à la 45ème seconde. qu’importe, si have you fed the fish pêche par endroit il serait dommage de passer à côté d’un album qui est parfait du cinquième au quinzième titre. et 11 morceaux brillants dans un album c’est assez rare pour être signalé.