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publié par benoît le 04/12/08
Avishai Cohen Trio
- Gently disturbed
Gently disturbed

Bien que nous ne soyons pas coutumiers du fait, reconnaissons qu’il est sain d’écouter de temps à autre un peu de jazz, pour éduquer son oreille aux mesures composées et aux harmonies novatrices.

Pas du jazz indigeste d’autiste virtuose, joué “entre les notes”, truffé de solos erratiques et interminables. Plutôt du jazz sevré à la pop, comme celui de l’américain Brad Mehldau ou du suédois Esbjörn Svensson - mort en juin 2008 à 44 ans, d’un bête accident de plongée dans l’archipel de Stockholm. Dans la musique de ces deux-là, construite sur un format généralement court, les instruments du classique trio piano-basse-batterie s’accordent à développer une mélodie structurée plutôt que de perdre leur temps à se défier en étalant leurs gammes. Brad Melhdau a même repris les Beatles et Radiohead.

Avishai Cohen est un contrebassiste israélien qui pousse le jeu encore plus loin.

re-création

Avec lui, on est un peu comme dans une cour de récré : sa contrebasse joue à la marelle, sautillant sur sept temps, le piano part à cloche-pied dans l’autre sens, affolé par une batterie tachycardique (“Pinzin Kinzin”). On les voit un peu plus loin trottiner main dans la main pour soudainement esquisser trois pas de salsa, avant de piquer un sprint tous ensemble (“the ever volving etude”). L’humeur est belle, le groove espiègle, la sophistication rythmique impressionnante - pour ne pas dire incroyable. Les coincés du solfège vont en faire des cauchemars.

Le pianiste de la bande, un certain Shai Maestro, n’a que 21 ans et il n’a pas volé son nom. Il vole en revanche la vedette à son patron Avishai Cohen, le plus discret des trois derrière sa contrebasse, rompu à la modestie après avoir joué avec les plus grands (Herbie Hancock, Chick Corea ou... Brad Mehldau, justement). Son trio émérite et futé mérite à son tour de figurer dans l’histoire du jazz.

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publié par le 04/12/08