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publié par Mickaël Adamadorassy le 04/09/17
Rock en Seine 2017, jour 1

On était fin prêt pour ce Rock en Seine 2017 (c’est à dire qu’on avait une liste des concerts à voir imprimée en quatre exemplaires, des protections auditives spécial concert, quelques barres de céréales et un bouchon de bouteille de coca) mais à peine sur la route, on est rentré immédiatement. La faute à une pluie qui fait pas semblant de vouloir vous tremper des pieds à la tête. On complète rapidement notre attirail avec le summum en terme de protection anti-pluie ( le plus petit parapluie de monde et un gilet magique ou en mithril ou en OGM qui repousse les gouttes d’eau) et cette fois-ci c’est la bonne, en voiture (métro, long, long, long) Simone !

... Mais finalement la pluie ne nous aura pas accompagné tout au long de ce vendredi, elle nous aura juste légué pas mal de boue et un ciel couvert mais sec. Comme il est de tradition, on avait prévu d’arriver à l’heure pour le premier concert et on s’est loupés. Il est 15h30 passé de quelques minutes, Frank Carter ne nous a pas attendu pour ouvrir le festival sur la grande scène, le festival commence à peine mais ça s’agite déjà pas mal dans le public, on met ses indispensables protections auditives et on dévale la pente pour avoir voir tout ça de plus près.

Rendez-vous à la fin de l’article pour une grosse galerie photos avec tous les artistes évoqués ci-dessous

Frank Carter & The Rattlesnakes

Et de plus près ça fait beaucoup de bruit un Frank Carter (de loin aussi d’ailleurs) le son est énorme, les riffs baignent dans un jus de distorsion bien grasse, c’est lourd, régressif, ça fait remuer la tête en rythme. Dans les premiers rangs, on s’agite d’ailleurs déjà avec enthousiasme, parfois avec Frank en tant que maître d’oeuvre du pogo géant au milieu de la foule. Le bonhomme donne du sien, jamais coincé derrière un pied de micro, il arpente la scène, va souvent au contact du public voir se fait porter par le dit public. Dommage que la voix soit un peu noyée dans tout ce gros son, malgré des possibilités certaines, qu’on entend parfois quand le reste du groupe calme un peu le jeu. Le gros son permanent sans une voix qui s’impose pour piloter tout ça, sans des compositions qui apportent de la variété, si vous n’êtes pas venu juste pour danser et vous prendre des décibels, ça finit malheureusement par lasser. Et s’est donc sans trop de regrets, qu’on s’éclipse un poil en avance pour aller rejoindre la scène du concert suivant.

Cabbage

On continue dans le rock tendance bruitiste avec les anglais de Cabbage mais là on est tout de suite beaucoup plus dans notre élément. Formé en 2015, le groupe a sorti une poignée d’EPs, réunis sous la forme d’une compilation intitulée Young, Dumb and Full of..., tout un programme... Mais il ne faudrait pas les réduire à cela : Cabbage est un tout jeune groupe mais ils mélangent avec intelligence le côté déjanté et grande gueule du punk comme seul les anglais savent faire à un son très fenderien, très rock indé, limite psychédélique, le résultat est bordélique, excitant, gueulard, jouissif et surtout jamais ennuyeux.

The Pretty Reckless

Dans notre programme on avait dit qu’on avait cette image de The Pretty Reckless comme étant une "grosse machine rock commerciale ricaine" et en fait on a carrément tapé dans le mille, alors bien sûr le son est propre tout en étant énorme, ça joue bien à tous les postes, tout le monde y met du sien pour assurer le show, mais c’est désespérément lisse et surtout sans aucune interactivité avec le public, la chanteuse Taylor Momsen a beau arpenter la scène et se remuer avec conviction, cachée derrière ses lunettes noirs, ses cheveux devant le visage et son grand manteau noir, elle ne donne pas grand chose d’autre pour qu’on rentre dans sa musique. On a presque l’impression de voir un concert à la télé, un show qu’on l’imagine délivrer à l’identique chaque soir devant un autre public.

Beach Fossils

On avait pas mal hésité à aller voir Beach Fossils face à Gunwood, finalement on ne regrette pas de se retrouver devant la scène des New Yorkais, leur indie pop très mélodique, envoyée en toute décontraction fait un bien fou après the pretty reckless. La présence des claviers et des guitare très "dream pop" n’empêche pas le groupe d’avoir aussi une section rythmique très efficace qui ne ne relâche pas les tempi et fait que la musique a toujours la pêche. On préférera au final le côté déjanté de Cabbage mais ce style de pop très mélodique voir précieuse qui aime se donner des airs de symphonie ou de musique de chambre moderne a aussi un certain charme, surtout portée en live par des musiciens qui respirent la simplicité et ont juste l’air de bien s’amuser.

At The Drive-in

On l’attendait depuis au moins 15 ans notre rencontre avec At The Drive-In, alors si les corps rentrent parfois un peu plus difficilement dans leurs costumes de scène du Blue Men Group (c’est Cédric lui même prétendra qu’ils s’appellent comme ça, en référence à leurs tenues bleues) mais la musique elle n’a pas pris une ride, la prestation des musiciens est à la hauteur, difficile de juger des subtilités sonores dans le mix très basseux de Rock en Seine mais c’est parfaitement en place, il y a toujours la folie et la débauche d’énergie comme dans les vieilles vidéos qu’on regardait en ne pensant avoir l’occasion de voir ça en live un jour. Et voilà c’est fait, ça n’a pas été très long mais ça a été intense et jouissif et plutôt à la hauteur du mythe, ce qui est plutôt rare.

No Money Kids

Après cette grosse claque, on enchaîne avec No Money Kids à l’espace Île De France, qui visuellement ne paie pas de mine mais accueille une tripotée de bons groupes. On avait découvert No Money Kids en écoutant les groupes du festival et ils nous avaient fait une grosse impression sur disque et on s’attendait à du très bon live. On est d’abord un peu déçu par la formule scénique : ils ne sont que deux sur scène et toute la rythmique est gérée via un ordinateur, mais bon passé la surprise, Félix (chant-guitare) et JM (basse-claviers) ont de la présence et assurent bien musicalement mais ils tombent un peu trop facilement dans des plans blues-rock alors que le disque finalement nous avait séduit par un équilibre très réussi entre l’énergie rock et le côté électro. Ce qui ne fera dire quelque chose qu’on ne pensait pas recommander à un groupe un jour : No Money Kids ferait bien de mettre un peu plus d’electro et un peu moins de blues-rock dans leur formule, mais attention c’est un équilibre subtil (cela dit ils l’ont plutôt bien réussi sur leur album Hear The Silence)

Franz Ferdinand

Pas grand chose à dire sur Franz Ferdinand, à part qu’ils donnent l’impression d’être des types plutôt sympas pas des rockstars insupportables, musicalement ça se laisse écouter, parfois même un peu plus mais on est pas franchement emballés non plus. On comprend que leur statut les amène sur le grande scène et ils sont à l’aise dans l’exercice. Ce qui donne un concert pas vraiment ennuyeux même si on n’est pas fans mais pas mémorable non plus.

De MØ, on gardera surtout nos impressions de photographe : un regard intense, un tout petit short qui habille une tornade blonde qui se déplace en permanence d’un bout à l’autre de la scène. C’est flashy, c’est étourdissant et si elle est pareil dans la vraie vie ça doit être vite fatiguant... Musicalement il s’agit d’electro-dance, plutôt l’école américaine à laquelle le Pitchrfork Paris essaie de nous convertir tous les ans avec un succès mitigé (genre AlunaGeorges), envoyée fort avec un chant calibré pour le genre et fardée de certains tics du "arenbi" ricain. Efficace mais pas tellement notre tasse de thé, nous les européens on revendique l’héritage cheesy de l’eurodance dans notre electro (enfin moi oui...)

The Black Lips

Comme on est parti un peu en avance de chez MØ , on arrive à la scène du Bosquet pendant que les Black Lips font leur soundcheck et on constate déjà qu’ils sont complètement à fond alors que le concert ne commence que dans une demi-heure. Mais en fait on s’est trompé : ils sont capables d’être encore plus intenses voir presque énervés, une fois que ça a vraiment commencé. A ce stade de la journée, on commence normalement à fatiguer et on commence sérieusement à penser à son lit ou plus modestement au strapontin du métro de retour où on pourra enfin poser ses fesses et reposer ses pieds mais en fait non. C’est rarement le cas mais leur impertinence, leur façon de prendre des airs de voyous, l’impression qu’ils donnent d’être presque en train de se moquer de vous, tout cela rend en fait les Black Lips finalement très sympathiques parce qu’on a pas temps l’habitude que ça et qu’on sent de la sincérité là-dedans, ils ne se prennent pas la tête et envoie la sauce. C’est le coup de fouet idéal pour trouver son dernier second souffle et finir cette première journée de Rock en Seine avec un bon moment de rock’n’roll.

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