Dreampop universelle

Après un premier album passé inaperçu de ce côté-ci de l’Atlantique, Asobi Seksu, groupe new-yorkais à chanteuse nippone, ne compte pas baisser les bras, au contraire, il enfonce le clou avec Citrus, à la dreampop plus affirmée, prêt à conquérir l’Europe sur la foi de critiques enthousiastes de la part de la presse américaine. Passée l’anecdotique mention « dreampop universelle » qui ornait déjà la pochette de leur premier effort éponyme, on est confronté à une musique ouvertement pop et mélodique, sur fond de guitares brouillonnes, dignes de My Bloody Valentine (et ce dès l’introduction de « Strawberries », six cordes au vibrato des plus flottants). Une impression renforcée par la production de Chris Zane (déjà croisé sur le Televise de Calla) qui démarque Citrus de son prédecesseur.

Reverb

La voix de Yuki, alternant l’usage de l’anglais avec sa langue maternelle, semble plus assurée et bénéficie d’arrangements plus efficaces, jouant à fond la carte de la reverb pour encore plus inscrire les morceaux dans le son si caractéritique des groupes du début des 90’s. Son timbre fragile (qui rappelle parfois celui d’Amanda Gomez, chanteuse de Saloon) se marie de la meilleure manière aux distorsions brumeuses de tubes tels « New Years » ou « Thursday ». Cette dernière ajoute une rythmique irresistible, qui lorgne du côté d’Interpol, avouant un penchant pour plus marquée pour les années 80, tendance que l’on retrouve sur l’intro de basse de « Strings », aux parfums de New Order.

Multi-orgasmique

L’album se déroule à vitesse grand V, enchaînant les mélodies catchy sur un tempo soutenu, en proposant un fond sonore touffu. Le groupe joue autant sur les riches effets de synthé (très Loveless) de « Pink Cloud Tracing Paper » ou du trépidant final « Mizu Asobi », que sur des murs de sons créés par les guitares de James Hannah. Ainsi sur l’imposant « Red Sea », il passe d’un staccato à la Slowdive, tout en delay, à une explosion impressionnante, prétexte à un final chaotique digne du post-rock d’un Mogwai. Asobi Seksu, que l’on traduirait par « sympathique partie de jambes en l’air » se fend d’un disque qui justifie son nom : Citrus est un moment léger, délicieux et multi-orgasmique.