Show must go on
Les lettres rouges de “La Cigale” qui tranchent avec la devanture blanche, un bonjour à la sécurité et aux ouvreur.se.s, le bar déjà pris d’assaut par les plus assoiffé.e.s, puis les deux escaliers sombres qui montent de part et d’autre vers la salle. Tout, tout nous avait manqué ! Compte tenu de la situation sanitaire, la fosse est en disposition assise et des ouvreur.se.s nous placent afin de respecter un siège d’écart entre chaque groupe. Pas de première partie prévue non plus afin de limiter l’affluence en backstage.
La salle n’a donc pas été chauffée avant l’arrivée de Marie-Flore à 20h30 pétantes, mais qu’importe, on est si heureux d’être là qu’on va l’accueillir comme il se doit. Habillée d’un patte-deph et d’un crop-top noir, l’artiste arrive d’abord seule devant le rideau rouge encore fermé avec la chanson « C’est si bon ». Si, comme dans la quasi totalité de ses chansons, Marie-Flore y parle d’amour, le début des paroles pourrait très bien faire écho à son retour sur scène : “C’est si bon / De sentir là sous ma peau / Battre mon cœur de sursaut”. C’est si bon, c’est clair, de voir une chanson interprétée et pas seulement lue sur un CD. C’est d’ailleurs encore meilleur quand, dès la deuxième chanson, les rideaux s’ouvrent et laissent apparaître des musiciens en chair et en os : Gaël Galzin à la batterie, Léo Agapitos aux claviers et Clément Agapitos à la guitare et aux synthés. Accompagnés par Marie-Flore, tous les quatre tentent de réchauffer la salle et lancent pour ce faire le célèbre « M’en veux pas ». Quelques voix s’élèvent timidement, on sent les corps s’agiter doucement. La soirée est bel et bien lancée mais peine à se dynamiser, la chaleur humaine a du mal à se propager faute de proximité.
Une occasion spéciale
Le groupe ne se laisse pourtant pas abattre et enchaîne chansons punchy avec de longs solos de synthé, guitare ou batterie et moments plus doux et intimes où Marie-Flore nous parle seule derrière son clavier. Il faut dire que cette Cigale n’est pas un concert anodin. C’est le grand retour du live, comme nous le disions plus tôt, mais également la réalisation d’un rêve. L’artiste est émue et nous dit avoir attendu treize ans avant de pouvoir jouer dans une enceinte aussi mythique. Elle parle d’une “occasion spéciale” et a ainsi prévu de la célébrer en nous offrant des “cadeaux spéciaux”. Le premier est à destination des fans n’ayant pas pu assister à ce concert à cause de la jauge fortement diminuée. Pour remédier à cela, les trois premiers titres (« C’est si bon », « M’en veux pas » et « Derrick ») sont captés et retransmis en direct sur Facebook par Virgin Radio. Et pour les chanceux qui comme nous, peuvent être là, des surprises ont lieu tout au long du set.
Pour commencer deux invités de choix prennent part à la soirée et viennent chanter avec Marie-Flore. Habillée de paillettes, Juliette Armanet fait d’abord sensation en prêtant sa voix au titre « Casse-toi ». Plus tard dans la soirée, c’est Kemmler qui vient faire duo avec la chanteuse sur un nouveau morceau mêlant pop française et rap.
Ce n’est d’ailleurs pas le seul extrait de son prochain opus que Marie-Flore nous dévoile. En plus de ce feat avec Kemmler, nous découvrons « J’me connais », chanson écrite il y a quinze jours au sujet de la connaissance de soi et « Ca va passer », titre dansant et plus joyeux que ce que nous avons l’habitude d’entendre chez l’artiste.
Tous ces mini-événements réussissent à dynamiser l’audience, qui finit par se lever et danser sur un « Tout ou rien » foudroyant. Si la salle a eu du mal à se réchauffer, c’est Marie-Flore qui finit par demander à ce que les spectateurs s’assoient afin de pouvoir reprendre ses chansons dites “déprimantes”. La soirée se termine finalement en beauté avec les mélancoliques et sensuelles « Cambre » et « Pente ». L’artiste remercie une énième fois son équipe, la Cigale et le public pour son soutien. De notre côté, on rentre chez nous des étoiles plein les yeux et le sentiment d’avoir presque revécu le premier concert de notre vie.