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publié par Mickaël Adamadorassy le 06/08/14
NA - Une soirée avec Zach Braff -- le Publicis, Paris

Il y a pas si longtemps.... en fait aujourd’hui même encore, je pense que vous n’aurez aucun mal à réunir deux ou trois figures du milieu du cinéma pour vous dire face caméra les yeux humides et avec un air totalement pathétique que l’Internet et le piratage ont tué la poule aux oeufs d’or. Et des commentateurs l’air inspiré de vous dire que les nouveaux modèles sont à inventer, qu’il faut réinventer la chronologie des médias blablablablabla.

$3,105,473

Évidemment le reste du monde ne les a pas attendus et Dieu ( ou quelques informaticiens ?) a inventé le crowdfunding ou financement participatif, l’idée de mettre en relation des créateurs qui ont de belles idées, des projets à réaliser mais pas le financement avec toute une planète de gens que ses projets peuvent enthousiasmer, des gens qui n’ont pas des millions, mais si on est suffisamment nombreux à y croire, on peut soulever des montagnes il parait ou réunir 3 millions et 105 473 dollars pour réaliser un film.

Bien sûr si 46520 personnes (dont votre serviteur) ont donné cette somme à Zach Braff, ce n’est pas juste à cause de cette belle idée qu’est le crowdfunding, le monsieur n’a qu’un film à son actif, Garden State, sorti en 2004, mais c’est un film déjà culte du cinéma indépendant, le genre dont on sort changé, avec des images et des phrases qui vous restent à vie.

Final Cut

Quand il ne change pas la vie des gens au cinéma, Zach est aussi acteur dans l’excellente série Scrubs, ce qui l’a rendu éminemment sympathique à tous un tas de gens, à tel point qu’il a 1,5 millions de fans sur Facebook prêts à liker les photos de son chien ou le moindre statut sur son occupation du moment. Alors forcément quand il vous parle d’écrire une sorte de suite à Garden State intitulée Wish I Was Here (assez bizarrement traduit par “Le rôle de ma vie” pour la distribution française) et vous dit qu’il a envie de le faire avec vous, sans passer la case studios hollywoodiens pour avoir le contrôle complet sur son film, le final cut, c’est à dire d’être celui qui décide en dernier ressort du montage du film et faire exactement ce qu’il a envie de faire, comment refuser ? Il demandait deux millions, en trois jours c’est plié et à la fin de la campagne, il en aura même récolté trois.

Amazing

Avance rapide. Les mois passent, agrémentés de nombreux comptes-rendus de Zach sur toutes les étapes de la conception de son film, il ne se contente pas du minimum syndical, en tant que backer on a la possibilité de vraiment suivre l’aventure de l’intérieur et à chaque étape importante, chaque chose révélée l’est d’abord à ceux qui ont soutenus le projet.

Comme le premier teaser ci-dessous, un premier moment de fierté, de se dire que ce film dont on découvre à peine les premières images mais qui nous réussit déjà à nous faire vibrer et nous séduire, c’est aussi grâce à nous qu’il existe.


You can pick anyone you want [] just as long as it’s unique and amazing like you.

Rien que cette phrase, la situation, la construction du plan. C’est tout ce qu’il me fallait pour savoir que c’était mission accomplie, à partir de là j’ai essayé d’en apprendre le minimum sur le film pour préserver autant que possible le plaisir de la découverte.

L’avant-première

Et nous voilà un an plus tard à la projection du film destinée aux backers, évidemment la salle est plein à craquer, évidemment Zach est acceuilli comme une rockstar quand il vient présenter rapidement le film et remercier les gens pour avoir soutenu le projet. Comme une session de questions-réponses est prévue après il s’éclipse rapidement pour laisser place à la projection du film (Pour la review de Wish I Were Here c’est pour bientôt !).

1h40 et beaucoup beaucoup d’applaudissements plus tard revoilà Zach tout sourire et décontraction face au public, prêt à répondre aux questions.

Première constatation : soit l’avant-première française a été infiltrée par un maximum d’anglo-saxons soit le public français de Zach est pour une quelconque raison très bon en anglais, en tout cas toute la session se fera en anglais sans traducteur (il était là mais à part traduire Scavenger Hunt deux fois, il a suivi le Q&A comme tout le monde...) et avec la plupart du temps un accent ma foi très correct... enfin bref...

Questions-Réponses

En dehors des remerciements pour le film qu’on vient de voir, des gens qui expliquent comment Garden State a changé leur vie, de la proposition de mariage à Zach (apparemment il commence à avoir l’habitude), les questions se succèdent pendant un bon moment sur le film, sur Zach, sur l’expérience Kickstarter, sur son travail actuel à Broadway avec Woody Allen etc. Impossible de tout retranscrire ici mais une chose qui m’a surpris : quand on demande à Zach s’il compte retenter l’expérience d’un financement par Kickstarter, la réponse est immédiate et catégorique : c’est non, parce que ça représente un énorme travail supplémentaire pour lui, entre la production du contenu réservé aux backers, tout le travail d’explication sur le crowdfunding répété encore et encore et enfin toute la logistique à gérer pour les contreparties.

Mais on est quand même rassuré d’apprendre qu’il ne compte pas attendre à nouveau dix ans pour produire un autre film, simplement celui-là il voudrait le financer lui-même ce qui implique de penser les choses à une échelle beaucoup plus réduite voir de tourner dans son salon...

L’importance de ce qui n’est pas là

Quand les questions concernent le film et l’interprétation de tel ou tel élément, Zach a tendance à ne pas répondre de manière trop affirmative, il préfère laisser les gens se faire leur propre idée.. mais une chose qu’il explique par rapport au montage et à la présence ou l’absence de telle ou telle chose, c’est qu’il déteste cette logique hollywoodienne où tout ce qu’on voit doit venir de quelque part et où toute chose montrée a une finalité. Dans ses films, il a à coeur de placer des choses qu’on ne saura jamais, des choses qui ne seront pas "justifiées" sans pour autant qu’elles soient gratuites.

Une dernière anecdote pour la route, sur la question des influences et des films qui lui ont donné envie de devenir réalisateur, en plus de citer Annie Hall de Woody Allen, il cite Les dieux sont tombés sur la tête, un film complètement loufoque sur les ravages causés par une bouteille de coca tombée du ciel dans une tribu africaine qui considère la chose comme un miracle. Les lecteurs qui ont dépassé les trentaine se souviennent peut être de ce film sud-africain sorti dans les années 80 mais de là à imaginer qu’il a pu atterrir dans un cinéma new yorkais et influencer un jeune Zach Braff...

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Derniers commentaires
Gudrun - le 06/08/14 à 15:54
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I am looking forward to the backer screening in Berlin ... !!!

Emma - le 06/08/14 à 22:55
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Très bel article et superbes photos. Merci pour ceusses qui n’y étaient pas et qui en enragent un peu moins du coup !!