citron
l’éclectisme était encore une fois au rendez-vous des transmusicales. tant mieux ont du se réjouir les quelques 25 000 spectateurs de la 22ème édition. il y en avait pour tous les gôuts : du hip-hop (de la soul) au punk-rock (at the drive-in) en passant par l’électro (goldfrapp), voilà ce que promettaient les tête d’affiche. c’était aussi une nouvelle édition des bars en trans qui bien que réduits s’affirment comme le tremplin idéal de nouvelles valeurs. le jeudi soir au museum café, rendez vous estudiantin par excellence, la première partie de la soirée était rock dans l’acception générale du terme. red room/citron/the servant. red room démontra avec force que portishead nous manque et est irremplaçable. malgré une énergie rare devant un public de 40 personnes (service compris), on avait du mal à cerner la voix tantôt hésitante tantôt belle de la chanteuse qui ne s’entendait visiblement pas sur scène. mis à part une improbable rencontre de saint germain et rinocérose pour un morceau techno à guitare, pas de quoi s’amouracher. la chanteuse, déçue du set, en souhaita (avec humour ?) aussi peu aux valenciens de citron. mais bien heureusement pour nous ce ne fut pas le cas. citron se défend bien sur scène, avec force devant si peu de public... leur musique un peu classique est bien servie par des instrumentistes généreux, le tout manque un peu de savoir-faire et d’un répertoire plus affirmé, mais c’est un début prometteur.
the servant
the servant s’impose comme le meilleur espoir anglais (un de plus !) depuis jj72. en fait the servant réussit là où les autres se plantent. plus maîtrisé que muse, moins gnan-gnan que coldplay et jj72, the servant se paie le luxe d’éviter toutes les références faciles de ces dernières années, entre radiohead et the verve, pour évoquer les meilleurs et imposer son style. la voix planante, les effets de guitare malignement placés servent au mieux des compositions touchantes et mordantes. en fait the servant rappelle cette scène américaine moderne, du rigolo beck aux décalés pinback, tout en gardant un son anglais. le jeu scénique du chanteur suffira à retenir les foules pour une première soirée achevée en beauté. des échos du vendredi : goldfrapp entendu à la radio et confirme l’impression laissée sur nulle part ailleurs, une copie carbone de l’album en live. certes l’album est touchant, mais tant qu’à faire autant rester chez soi pour l’écouter au calme. de la soul a mis le feu aux planches, les saïan supa crew ont fait trois apparitions comme maîtres de cérémonie, saul williams a excellé dans l’art du story-telling, cousteau a montré que le cd extra du dernier coffret bowie (voir chronique) a fait des envieux, benjamin diamond a fais kiffé tout le monde en kiffant lui-même et c’était le kiff à mort (selon les termes de l’artiste).
trail of dead, burgalat
enfin at the drive-in a exécuté une danse des micros jusqu’à ce que mort s’ensuive et par la même occasion a déchaîné le public avec son rock bourrin. prestation de la soirée assurément. samedi soir alors que les rues de rennes sont engorgées d’une foule jamais vue, les disquaires assaillis, la cité s’offre une soirée de rêve : un groupe culte américain : trail of dead, un dandy français : bertrand burgalat, des sociologues suédois : international noise conspiracy et le meilleur nouveau groupe : menlo park. trail of dead a donc commencé devant une petite foule un set de déjantés avec l’intention avouée de concurrencer at the drive-in qu’ils avaient vécu (c’est le terme) le soir précédent. les amateurs de murs de guitares en auront pour leur grade, le groupe se déchaîne entraînant dans sa perte le matériel qui l’environnait. finalement après une rotation hallucinante de personnel (chacun aura tenu les 7 instruments sur scène), l’apothéose laissera le chanteur à terre. on se demandait un peu ce que burgalat venait faire par ici. responsable d’un album essentiel avant même sa sortie, l’homme de tricatel a prouvé à l’aide de musiciens ingénieux qu’il n’est pas seulement homme de studio exceptionnel mais aussi acteur charismatique. son groupe se déchaîne tandis que sa voix prend de l’assurance et qu’il manie habilement ses claviers. tout cela est un peu maladroit parfois mais à long terme burgalat a sublimé cette soirée grâce à "métal gris" et "l’observatoire". qui a dis que houellebecq avait quitté la scène ?
menlo park
après un rapprochement stratégique dans la petite salle de la cité, on peut vivre menlo park au mieux. ces performers offrent un spectacle inédit et génial. entre la parodie de michael jackson, la troublante violoniste, l’excellent batteur, le chanteur schizophrène, le violoniste surdoué, dur de trouver une équivalence à telle prestation. le groupe mélange les genres et justifie habilement sa signature sur le label hôte des magiques pinback. le charisme du chanteur allié à ces intriguants costumes de scène suffit à entrer dans la danse. on se retrouve plongé dans le o’brother where art thou ? des frères coen quelquepart dans l’amérique des années 30... le délire final, paroxysme d’un humour débordant en subjugue plus d’un, en commençant par la scène, le chanteur menace de tout bruler, détruit les violons pourchasse son alter ego, tandis que le bassiste, look al capone, regarde impassiblement. et s’ils sont comiques, les différentes escapades solos suffisent à clouer le bec des plus sceptiques. rarement pareil joie scénique n’aura été ressentie. avec les plus illustres seulement : deus, dionysos & menlo park.
en cœur
autant dire qu’on était bien lancé pour accueillir international noise conspiracy. ces petits suédois sont tout aussi froids que leur pays en hiver. costume ultra soft, jeu scénique maigre et ultracliché, le rock’n’roll du pauvre sur fond marxiste avec déclarations à trois balles, sur les méfaits du capitalisme, du système de protection sociale. le chanteur est antipathique à souhait, il harangue le public qui danse alors qu’il devrait se contenter de rester sur place selon lui. finalement après deux titres identiques, on se dit que marx avait omis dans son capital de préciser l’inutilité de reprendre sa pensée par le rock’n’roll, cela nous aurait évité cette formation aride sans aucun intérêt. les transmusicales s’achèvent alors sur ce groupe mal fagoté tandis qu’ailleurs l’excellente baie de san francisco débarque appuyée par deltron 3030, dan the automator aux commandes. nous aurions aimé vous parler de cette excellente scène hip hop en plein renouveau avec atmosphere, dilated people, last emperor, high & mighty, company flow, etc... et la galaxie quannum ainsi que l’artiste le plus doué de sa génération qu’est kool keith. les transmusicales s’achèvent : bertrand burgalat, menlo park, citron, deltron 3030, de la soul, the servant en coeur.