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publié par tairanteuh le 24/08/03
Compte-Rendu de la Route du Rock 2003

subventions

même si cette année, j’ai trouvé plus chaleureux et convivial que la route du rock avec le festival antifolk / mofo organisé à mains d’œuvres (j’en parlerais prochainement), il n’était pas question de bouder le fort de saint père cette année. et ce malgré le souvenir douloureux de l’édition passée, très réussie musicalement mais très éprouvante sur le plan physique avec une quantité d’eau impressionnante pendant et après les concerts, le terrain devenu quasiment impraticable et cette humidité glaçante qui n’aidait pas à apprécier dans un confort optimal les différents artistes de cette édition. qu’importe, on remet ça cette année, même si la programmation est très moyenne (une tendance qui se retrouve dans la plupart des festivals de cet été), elle mérite le déplacement ne serait-ce que pour les rares et prisés grandaddy. musicalement vous vous en rendrez compte, on reste réservé concernant les deux premières soirées. quant à l’organisation, de nombreux problèmes pour les organisateurs comme pour les festivaliers et ce, même si les bénévoles et les gens du staff étaient adorables. le festival disposait de moins de moyens cette année, des subventions ont été retirées, des sponsors se sont désistés... et les rapports avec la mairie de saint malo ayant l’air bien troubles, ce serait donc la dernière édition de la route du rock au fort de saint père, c’est du moins ce qu’ont laissé entendre les organisateurs qui n’ont apparemment pas tenu de conférence de presse à l’ouverture et à la fermeture du festival.

faux bond

ce manque de moyens s’est ressenti : une sono beaucoup moins performante que les années précédentes, pas mal de problèmes de sons, une saturation des aigus notamment. et un mixage très bizarre avec la basse très en avant et les guitares derrières. sur broken social scene par exemple, une guitare sur les quatres se faisait entendre, ce qui a totalement dénaturé leur set et rendu le tout bien fade... autre souci grave, le centre de prévention auditive présent par le passé a fait faux bond à l’organisation la veille du début du festival d’après ce qu’un bénévole m’a expliqué... donc pas de bouchons disponibles dans l’enceinte du fort de saint père, ce qui est inacceptable étant donné que le volume sonore était assez élevé (peut être pas dangereux au regard de la législation, mais qui m’a semblé douloureux, sur black dice par exemple...) . et puis pas de stand cigarettes / briquets comme les années précédentes, il semblerait que l’organisation n’ait pas pu avoir une licence pour permettre ce service...

opération

plus de stand de prévention / information sur les substances illicites, un stand qui délivrait un guide explicatif réalisé par le ministère de la santé fort instructif et donnait aussi des seringues pour éviter les problèmes (j’ai d’ailleurs croisé un malheureux l’air hagard le dimanche soir en quête d’une seringue...). et même ocb annoncé comme partenaire s’est contenté de déposer ses affiches ornée d’un paquet customisé route du rock dans le fort, mais de ce modèle on a pas vu la couleur, pas un seul échantillon. enfin le camping toujours aussi agréable, festif, convivial et surveillé. les vigiles étaient pour la plupart très sympathiques mais ça n’a pas empêché certains de laisser entrer des "connaissances" comme me l’a rapporté un témoin qui n’étaient visiblement pas là pour la musique ou l’ambiance du camping des douves car à 4h du mat, grande opération de fouillage de tentes. j’ai le sommeil léger et j’ai eu la grande surprise de constater que dans notre chapiteau « fonie » divisé en 2 petites tentes, un gens s’est invité à fouiller nos affaires. je l’interpelle et réponse ahurissante : "ah, excusez moi, je ne voulais pas vous réveiller, je pensais que vous dormiez...". et le bonhomme quitte la tente comme si de rien était. le lendemain on a appris que pas mal de choses avait été dérobées à des festivaliers.

dam

petits incidents sans grande importance que tout cela mais qui valent d’être signalés pour prendre ses précautions afin de profiter pleinement de l’édition de l’année prochaine qu’il faudra comme toujours ne pas manquer. cette délocalisation du festival ne permettra peut être pas de réitérer l’extension extra muros de cette année avec les siestes musicales à la plage fort agréables où quelques personnalités de l’electronica mixaient sur une plage de saint malo au grand dam de certains habitués de cette plage qui se plaignaient qu’on leur impose une pareille musique... enfin à 50 mètres de là, la plage continuait et on pouvait ne plus être importuné par les mixes d’artistes tels que four tet / kieran hebden (pour ce dernier, un set agréable avec notamment "nuclear war", version 4, le remix de mike ladd par yo la tengo !), arnaud rebotini, thomas morr, etc. autre lieu nouveau, le palais du grand large, qui accueillait chaque soir deux artistes entre 16h et 18h. malheureusement il fallait payer 10€ pour l’entrée et les pass presse ne permettaient apparemment pas d’entrer gratuitement, ce qui dans un sens n’est pas plus mal, plus de gens peuvent ainsi profiter du palais et ne sont pas lésés par des soi disant vip ;)

star

donc pas grand chose à dire sur les prestations du palais, juste des retours négatifs quant au comportement de prefuse 73 qui aurait posé des conditions dignes d’une star et fait de mauvais plan à l’organisation... dommage de la part d’un artiste aussi talentueux sur disque. cette attitude explique peut être pourquoi le dimanche soir en remplacement de fat truckers, l’organisation ait reprogrammé buck 65 et n’ait pas mis prefuse 73 comme elle a mis manitoba... de très bons retours cependant quant à la prestation de styrofoam, artiste morr music, qui a sorti récemment un tube en single a heart without a mind et dont le dernier album paru récemment vaut vraiment le détour. qu’importe ces petits détails, ce fut un très bon festival, peut-être pas très riche en surprise (surtout que j’avais déjà écouté tous les artistes avant de m’y rendre...) mais qui a réservé de très bons moments comme les années précédentes. la route du rock se vaut d’être vécue.

Jour 1, 15 août : cyann & ben

L’ouverture du festival, tâche toujours délicate mais souvent surprenante, est réservée à cyann et ben dont le très bon premier album, spring, est paru chez gooom grâce à un coup de pouce de leurs amis antibois m83 qui jouent plus tard dans la soirée. Spring est un disque de pop aux ambiances planantes, douces et froides à la fois, avec une approche des nappes de synthé qui rappelle le grandaddy des deux derniers albums. le groupe n’a aucun mal à transposer ces belles ambiances sur scène et à charmer le festivalier fraichement arrivé. une bonne prestation qui souffre néanmoins de deux handicaps : ce jeu sur les atmosphères, cette sorte de couleur sonore reste un peu plat quand on joue à 19h15 sous un grand ciel bleu et un joli soleil, sans aucun jeu d’éclairage. de même, la musique du groupe a quelque chose de très intimiste, un envoutement qu’on ressent dans un espace clos. dans le vaste espace ouvert qu’est le fort de saint père, la musique du groupe se perd un peu, et si elle reste très agréable, elle n’a pas la même force, n’insuffle pas les mêmes sensations que celles qu’on ressentirait dans une salle de concert. cela reste un groupe extrêmement prometteur, sympathique et drôle, qu’il faudra impérativement suivre sur une prochaine tournée.

J1 : broken social scene

deuxième set de la soirée avec les canadiens de broken social scene. et disons le d’office, grosse déception du week end car j’en attendais beaucoup après un album pop de grand cru paru au début de l’année, avec des morceaux assez novateurs, à la croisée du post rock et de l’indie rock. comme évoqué précédemment, le set souffre d’un problème sonore gênant, la formation est constituée entre autres de quatre guitaristes, et seule une guitare se fait entendre de manière distincte, les autres, sous-mixées, sont étouffées par une basse très ronde et lourde... la plupart des éléments qui faisaient la force de leurs morceaux sont ainsi masqués et le tout prend un tour très plat. vraiment dommage car si le mixage avait été différent, il y a fort à parier que les morceaux du groupe auraient séduits des festivaliers tant l’album est accessible. toutefois, la chronique de you forgot it in people sera mise en ligne dans la semaine sur le cargo !, il est vraiment conseillé de s’y intéresser.

J1 : m83

deuxième passage malouin pour les antibois signés sur gooom donc qui ont sorti cette année un album encore plus remarqué que le premier, dead cities, red seas and lost ghosts dont même le pitchforkmedia a parlé (et de manière extrêmement positive). Un disque qui fonctionne beaucoup sur les ambiances, les sensations qui emplissent la pièce via un remarquable travail sonore, un peu dans le même esprit que le spring de cyann & ben mais avec une approche différente, personnelle. et comme pour cyann & ben, la magie opère moins sur scène, le son se perd dans l’espace ouvert et si deux, trois morceaux charment facilement en ouverture, l’attrait se perd vite au fur et à mesure que le concert progresse. néanmoins leur set était bien meilleur que le précédent en ces lieux (qui déjà n’était pas loupé, et constituait leur deuxième prestation scénique seulement). on vous conseillera donc l’album et éventuellement un concert dans une salle qui pourrait être plus adaptée à leur musique.

J1 : hoggboy

hoggboy est un groupe anglais de rock basique sur lequel je ne sais pas grand chose et sur lequel je n’ai pas trop envie d’en savoir plus tant cela se révèle vite lassant sur scène. les morceaux sont d’un classique affligeant. rien d’original, de la rock song anglaise comme il nous est donné d’en entendre depuis des années, des décénnies mêmes. bien sûr, le genre se perd un peu, ne sachant se renouveler, et hoggboy est là pour l’entretenir sans faire l’effort de chercher à le renouveler. fonc tout va bien, le groupe fait son boulot. pour ceux qui cherchaient la sensibilité d’un artiste, mieux vaut passer son chemin. le temps de deux ou trois morceaux, ça peut se révéler agréable, amusant, défoulant mais pas la peine de pousser plus loin l’expérience avec eux, un vrai concert de plus d’une heure ou le disque (ce qu’ils ont sortis est effectivement loin d’être terrible) serait très vite rébarbatif.

J1 : death in vegas

tête d’affiche de ce premier soir, le duo electrorock anglais death in vegas, composé de tim holmes et richard fearless revient après un passage en 2000 très apprécié. le set de ce soir n’est pas trop mal, voire même très bon mais moins convaincant que leur précédente prestation à laquelle était conviée dot allison pour l’énorme "dirge" et dont l’absence est ce soir « compensée » par des bandes enregistrées, bandes qui invitent également hope sandoval. moins convaincant car le son est moins impressionnant, j’ai parlé de la taille réduite de la sono et de ses conséquences dans la page précédente.

Le son n’est pas non plus mauvais mais le festivalier avait été habitué à mieux. le festivalier qui se fait d’ailleurs en ce vendredi moins nombreux que le samedi soir en 2000, et l’ambiance n’est forcément pas la même. ce moins bon verdict sur leur concert s’explique également par le fait que scorpio rising est un album moins puissant que contino sessions comme nous l’expliquera une adorable festivalière, du coup les morceaux prennent moins d’ampleur sur scène et la séduisante énergie déployée en 2000 est cette année amoindrie. rien de catastrophique, le groupe délivre ses tubes imparables tels "hands around my throat" ou "dirge", et au final l’auditeur est fort satisfait.

J1 : audiobullys

Pour clôturer la soirée, le groupe audiobullys, duo formé de tom dinsdale et de simon franks, deux djs anglais qui ont sortis cette année un premier album plutôt apprécié ci et là dans les médias, ego war, sur lequel j’avais posé distraitement une oreille... si vous aimez les choses heavy house rock lésées de tout aspect mélodique, sans queue ni tête, avec un phrasé hip hop... (il me semble que sur scène, ça ressemblait à cela, mais j’ai tellement fait l’impasse sur ce groupe que je ne saurais garantir l’exactitude de cette description). ce groupe pourrait vous plaire l’espace de 3 morceaux... difficile d’aller plus loin, tant la formule usante est répétitive. le set tourne vite en rond, et je préfère finir la soirée dans le camping des douves du fort de saint père.

Jour 2, 16 août : syd matters

en ouverture du second jour, le français syd matters, plus ou moins découvert via le concours cqfd (ceux qu’il faut découvrir) organisé par les inrocks en novembre dernier. le bonhomme avait déjà sorti un prometteur ep, fever in winter, shiver in june, dans les mêmes eaux. je n’ai pas très bien compris pourquoi d’ailleurs son premier album, a whisper and a sight, que renocargo m’a décrit comme très bon et qui paraît le 25 août chez le très sympathique label 3rd side, ne sort pas sur la structure pias, ce qui constituait la récompense du concours.

un très bon concert d’ouverture, pas encore très réglé, un peu hésitant, débutant mais cela a son charme et c’est toujours préférable à la grosse machine genre suede, garbage, placebo ou travis... d’excellents morceaux entre pop / folk / rock qui me font penser parfois à badly drawn boy. syd matters a déjà sa marque, son charme et scéniquement cela passe plutôt bien. quelques hésitations au niveau du chant pas toujours très juste au contraire du sens météorologique du bonhomme qui annonce de la pluie pour son dernier morceau et alors qu’il quitte la scène, les cieux assombris laissent furtivement choir quelques gouttes... à suivre absolument.

J2 : buck 65

puis vient buck 65, très bonne surprise de ce festival. je connaissais ses morceaux de très bonne tenue, assez intéressants au niveau des textes comme de la musique (ce qui n’est pas courant dans le hip hop où beaucoup d’artistes se contentent d’un travail rythmique soutenu et d’une mélodie minimaliste au synthé par dessus).

dans ses morceaux, on sent un vrai travail sonore sur lequel le blanc canadien richard terfry jongle verbalement avec habileté. sur scène, ce travail prend toute son ampleur. buck 65 se révèle en effet être un sacré performer, adorable, généreux et assez tordu. Il établit un contact rapide et chaleureux avec le public sans aucune difficulté. un très bon concert que le bonhomme va réitérer le lendemain suite au désistement de calla.

J2 : black dice

black dice était avec travis le grand moment de détente de ce festival. ce groupe de brooklyn a sorti 3 albums (enfin plus ou moins de la consistance d’un album) pour le moment après un premier ep, éponyme, sur le label hardcore gravity impressionnant de concision, apparemment enregistré live (et sûrement pendant les balances du groupe) puisqu’il consiste en 8 minutes de cris rauques et de guitares heavy, quelque part entre la noisy et le hardcore... et le premier album éponyme lui aussi, ne va pas plus loin. vient un ep / mini album, cold hands où leur musique est qualifiée d’avant-core ou d’un style du genre. et surprise, grand virage sur le troisième album, beaches and canyon, une sorte d’electronica très calme, limite silencieuse, entrecoupée de passages bruitistes... ceux qui aiment les choses expérimentales chaotiques, à la construction (s’il y en a une...) complètement alambiquée vont être servis. sur scène, on assiste à la même performance extrême, inintelligible et vite soulante si l’on est hermétique à ce genre de trip sonore. les passages calmes cèdent vite place à des sonorités stridentes, lourdes, violentes et douloureuses sans bouchon... et curieusement des amis m’ont fait réalisé le lendemain que ce set n’avait duré qu’une vingtaine de minutes, ce que je peine encore à croire tant cela m’avait paru long...

J2 : hot hot heat

les hot hot heat doivent devenir la nouvelle sensation indie rock du moment. la parution de make up the breakdown leur a permis de décrocher un contrat chez warner bros et sa distribution française leur a valu d’être album du mois dans magic. décrit comme de l’indie rock mélodique, agressif et catchy, leur musique m’a vite épuisé sur disque... de bonnes idées mais qui ne suffisent pas à faire des morceaux solides et plaisants. la voix du chanteur n’est pas des plus touchantes. sur scène, même constat, les morceaux ne sont pas tous mauvais mais se ressemblent fortement, les quelques phrasés guitaristiques inventifs constituent des instants salvateurs pour les morceaux, mais ils ne sont qu’éphémères et ne comblent pas l’ennui que l’on ressent dans l’ensemble. un concert peu séduisant, peu impressionnant, qui s’écoute gentiment de loin, sans qu’on en retienne grand chose des heures plus tard.

J2 : yeah yeah yeahs

quasi tête d’affiche improbable pour le samedi soir, les yeah yeah yeahs sont courtisés par tous les magazines qui voient en eux la relève du rock (en attendant que les strokes ne reviennent, bien sûr). le problème avec ce genre de musique nostalgique d’une époque révolue, c’est qu’elle devient vite lassante... au bout de deux années de ce festival "je récite la discothèque de papa en y ajoutant un aspect moderne", ça tourne un peu en rond. les yeah yeah yeahs ne font pas exception... beaucoup de festivaliers se pâmaient devant la soi disante créature karen o (la copine d’angus andrew, le chanteur des liars) et sa tenue électrisante alors qu’elle se promenait dans le fort de saint père (ce qui donne : "excuse moi, t’as pas vu passer la chanteuse des yeah yeah yeahs, il parait qu’elle est dans le coin", je me suis retenu de lui désigner les toilettes...). pas vraiment séduit, je m’étais quand même aventuré sur leur premier disque. grosse déception, pas grand chose à sauver, même si leurs premiers ep contenaient quelques choses plutôt réussies, bien que d’une banalité démesurée par rapport aux morceaux de leurs aînés qu’ils chérissent tant. et sur scène, non seulement le son était horrible mais les morceaux ne passaient pas mieux, sonnaient comme sur le disque... et puis karen o, la rockeuse s’est lancée dans un défilé de poses plus ridicules les unes que les autres. certes, elle bouge, se tortille comme habitée par sa musique, voulant faire le show et remuer le spectateur... mais visuellement c’est encore plus douloureux que la musique... pardon pour les fans de la demoiselle qui ont du se régaler, mais j’ai du mal à être séduit.

J2 : 2 many dj’s

la soirée s’achève sur un mix comme toujours féroce des 2 many dj’s que je n’aurais que peu le temps d’apprécier, gagné par un coup de froid du fait de la petite pluie fine amenée par syd matters plus tôt (merci à lui, et trop dure la vie de chroniqueur rafiot :). les deux frangins dewaele sont arrivés d’ibiza en jet dans l’après midi comme me l’ont expliqué les géniaux exsonvaldes, simon et antoine, venus couvrir la route pour l’excellent webzinenameless.

Nous nous sommes entendu sur le fait qu’il serait peut être temps que le duo retourne à soulwax, groupe qui les a fait connaître dans nos contrées et dont le dernier album, much against everyone’s advice, objet plutôt pop/rock paru en 1999 était plutôt réussi (c’est un des titres de cet album qui donne d’ailleurs le sobriquet 2 many dj’s aux précédemment nommés fucking / flying dewaele brothers) . pour en revenir au 2 many dj’s donc, un set comme à l’accoutumée, impressionnant par la précision avec laquelle est fait ce mélange de classiques de tous les temps, permettant aux festivaliers de se déchainer, de trépider au son de cette bastard pop, bootleg fever, etc.

Jour 3, 17 août : playdoh + ms john soda

l’ouverture de cette très bonne soirée revient encore à des français avec cette fois-ci playdoh pour un set pas trop mal mais sans plus, un peu plat et inégal... subsistent de bons moments mais une déception comparable à celle de l’écoute de l’album, fragments paru au printemps, loin d’être mauvais mais un peu quelconque. une prestation que j’ai trouvé bien fade vis à vis du concert de ms john soda qui vient derrière. les playdoh n’y sont pour rien, qu’ils continuent ainsi mais le groupe de morr music a vraiment fait une très bonne prestation. ms john soda est un duo constitué de micha acher de notwist, aisément reconnaissable à sa manière de se trémousser sur scène, un va et vient constant courbé sur sa basse et de stefanie böhm du groupe allemand couch qui a sorti en 2002 un premier album d’indie electro pop très réjouissant, no p. or d. qui évoque une version apaisée de notwist ou plus douce de stereolab. qualifié par la presse de la meilleure sortie morr music (ce que cet album n’est pas loin d’être, même s’il y a peu de choses dispensables sur ce label de toutes les manières), le premier ms john soda se savoure sur scène dans une version plus enlevée, un peu comme la transposition du neon golden par notwist l’année dernière à la route du rock. les morceaux sont approfondis et vraiment prenants, un délicieux concert donc.

J3 : grandaddy

Le concert le plus attendu de cette édition, celui qui a poussé de nombreux festivaliers à faire le déplacement, est celui de grandaddy. 3 ans que les organisateurs tentent de les faire venir au fort de saint père, et deux fois que les cinq de modesto se désistent. je commençais à ne plus trop y croire quand ils ont été finalement annoncés pour cette route du rock. et finalement si, non seulement ils sont venus mais ont fait un excellent concert. un son extra qui montre que ces musiciens ne sont pas seulement des bêtes de studio mais des vrais performers capables de mener leur identité sur scène avec une aisance affolante, des morceaux piochés dans toutes leurs époques et des choses rarement jouées sur scène. je ne peux faire qu’un seul reproche quant aux versions live des morceaux de sumday qui ne s’éloignent que peu de celles du disque... contrairement à leurs anciens morceaux remis au son du jour et qui partent parfois en agréables vrilles. la première bonne surprise de la part du groupe vint à la balance matinale où ils ont joué parmi quatre morceaux, "our dying brains", une de leurs meilleures faces b très rarement offerte live. puis dans l’après midi, nous croisons avec eric du webzine i-n-f-r-a, le batteur, du pain dans la main qui nous demande si nous n’aurions pas vu les fameuses chèvres du fort de saint père qu’il voulait apparemment nourrir. lors du concert, le groupe demandera d’ailleurs qu’on leur mène les chèvres. grandaddy, formation très sympathique et naturelle... seul jason lytle, tête pensante, un peu perdue et intimidée dans ce festival restera cloitré dans le bus du groupe, y mangeant, ne sortant que pour chanter sur les morceaux de la balance puis pour le concert comme nous le racontera hardrain du génial groupe dont look back venu en tant que bénévole pour conduire les groupes de leur hôtel au fort de saint père et qui aura le privilège de manger avec eux. le concert fut vraiment réussi, beaucoup de festivaliers tombèrent sous le charme, d’autres moins sensibles au groupe se divertirent en observant les hilarantes vidéos projetées derrière le groupe pendant les morceaux (avec des motards qui se ramassent en cross, des dessins animés, etc). ces californiens savent faire le show.

J3 : travis

après grandaddy, les travis entament leur performance par leur hit single "sing"... évidemment ça passe bien, leurs morceaux pop sont très efficaces et pas mauvais. le problème est que l’ensemble est extrêmement répétitif... toujours les mêmes formes, ingrédients, structures. le groupe a l’air de s’en rendre compte et fran healy de dire : "i’m fed up with pop, let’s do something more classical, i mean classical music" et ça commence par l’intro de violon de leur tube colossal : "why does it always rain on me" qui se transforme très vite en une pop song classique...

ce ne fut pas la seule intervention hilarante du sieur, au bout du troisième morceau : "les armes de destruction massive c’est mal, ça n’est vraiment pas bien, je suis horrifié" en gros... ou encore "ceci est une chanson sur la paix, la paix c’est bien" glissé plus tard dans le set... travis, groupe engagé façon révolte collégienne comme m’en parlera hubert de paris zoom.net plus tard. bref amusant. de bons moments quand même, leur version poppisée de "all i wanna do is rock" par exemple, le single qui les avait révélé en 95, 96 à alan mc gee, boss de creation.

J3 : buck 65 + manitoba

suite aux problèmes de courant qui ont touché notamment la côte est des états unis, calla est annulé et remplacé par buck 65, qui refait donc un show mais de manière différente au soir précédent avec encore d’excellents moments. puis après manitoba qui remplace fat truckers, annulé également (pourtant renocargo a aperçu un gens du groupe au fort...). beaucoup de festivaliers se sont éclipsés après ou pendant la performance de buck 65 et n’ont donc malheureusement pas vu le set de manitoba, artiste canadien, dan snaith de son vrai nom (les canadiens en force cette année comme s’en réjouira buck 65). et c’est vraiment dommage car cela reste un des meilleurs concerts que j’ai vu du festival. trois gens avec masque de chat, d’ours ou de souris (il y a eu grosse interrogation avec ma voisine sabine – mme renocargo - sur ce détail), 2 batteries, claviers, guitares, melodica et des bandes enregistrées pour faire une musique pop / rock / electro / psyché aussi jouissive en live que sur l’excellent dernier album du bonhomme, up in flames paru sur domino (tandis que son premier album non moins bon était paru sur leaf, la sous division hip hop de warp. un excellent concert d’un artiste qu’il faut découvrir.

J3 : magnetic juke box + remerciements

puis ils laissent place aux djs issus du collectif rennais magnetic jukebox, ce sont eux qui assurent les très bons intermèdes musicaux entre chaque set de la route du rock depuis quelques années. on écoute cela d’une oreille distraite dans le bar presse à côté, et j’ai l’impression que kieran hebden de four tet est passé les voir car certains morceaux qu’il avait diffusé à la plage le samedi ont été enchainés (dont le jouissif "nuclear war version 4" de yo la tengo, le remix de mike ladd). À noter que 3 artistes du collectif magnetic vont sortir un album sur le label peter i’m flying distribué par chronowax sous le nom cinelux, décrit comme du post rock métronomique recommandé aux fans de can, fridge et dj shadow et qui contiendra plusieurs remixes dont un de capitol k. une édition à la programmation inégale mais à la route du rock tout ne se passe pas sur scène, c’est l’occasion de rencontrer plein de personnes attachantes dans un cadre idyllique et une ambiance très chaleureuse (et je ne parle pas que de la température estivale...). remercions les organisateurs de se décarcasser pour concocter un tel festival, surtout cette année avec toutes les difficultés qu’ils ont pu rencontrer. les bénévoles toujours souriants, aimables et serviables (et gentils au point de me faire un pass de manière totalement improvisée le vendredi même...). les gens de labels et zines aux stands consacrés, très accueillants et disponibles : 3rd side records, new comer, popnews, poplane, peter i’m flying et j’en oublie très certainement. et enfin merci aux festivaliers que j’ai pu rencontrer pour n’importe quel motif (de ma touffe de cheveux à la cigarette, de la bière au pass presse...).

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publié par le 24/08/03