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publié par Mickaël Adamadorassy le 09/04/11
Cold War Kids
- Mine Is Yours
Mine Is Yours

On racontait des histoires à faire peur sur ce nouvel album des Cold War Kids, fini le mélange brûlant de soul et de rock, le son délicieusement vintage, la musique des Kids aurait perdu sa substance, taillée désormais pour des stades qu’ils ne remplissent pas encore.

Et j’avoue que les premières secondes de "Mine is yours", le morceau éponyme confirme ce tableau catastrophique  : mais c’est quoi ces "wohouho wohoooo" ??? cette production propre et "moderne" ? Et puis ce texte : "what is mine is yours", vraiment ? on les accusait déjà d’être cathos maintenant c’est carrément culcul la praline.

Éthique vs hédonisme

Alors on pourrait s’arrêter là, aller vomir un coup sur ce virage "commercial", sur leur maison de disques "univers sale" qui corrompt tout et se coucher heureux d’être fidèle à une certain éthique.

Sauf que pour moi il n’y a pas d’éthique, la musique est quelque chose de profondément hédoniste et je l’avoue sans détours, passée la surprise initiale, j’ai pris mon pied avec cette nouvelle livraison des Cold War Kids, je me suis même retrouvé à fredonner les "wohouho wohoooo" de "Mine is yours"...

C’est bon pour le moral

Et c’est pas comme si c’était la seule bonne chanson du disque, la suivante, "Louder Than Ever", bénéficie elle aussi d’un bon gros refrain qui donne la pêche, avec toujours cette production massive (remarque on était prévenu avec un nom pareil), tout le groupe qui fait bloc sur des mélodies simples mais efficaces. Sur "Royal Blue", la basse est groovy à souhait et il y a de très belle lignes de guitare avec un petit côté musique "des îles". Il y a là-dedans quelque chose de joyeux, de lumineux, une sorte de bonne humeur qu’on sent aussi sur "Finally Begin" et "Broken Open".

Cet optimisme donne la tonalité globale du disque et vient de manière assez visible en opposition avec le disque précédent qui correspondait peut être plus à ce qu’on attendait du groupe mais avait un côté un peu morose, n’arrivait jamais à nous faire vraiment décoller. Nathan, le chanteur déclare d’ailleurs en interview que ce contrepied était quelque chose de totalement intentionnel. Il voulait faire un disque aux ambiances moins sombres que précédemment sans pour autant toujours aborder des thèmes légers voir en se livrant plus qu’auparavant dans les textes.

Où l’on trouve de la subtilité là où on ne l’avait pas vu

On arrive à peu prêt à la moitié du disque et l’intérêt ne retombe pas. "Skip The Charades", la ballade de Mine Is Yours avec un refrain ultra-mélodique c’est tout à fait le genre qui pourrait faire sortir les briquets si on était dans les fameux stades sus-mentionnés et faire atteindre les ultrasons aux groupies en délire.

Mais ça ne dégouline pas non plus, même si les lignes mélodiques sont belles et que ça foisonne de petits sons qu’on ne remarque pas à la première écoute. Comme les chœurs et les cordes qui sont présents parfois mais ne sautent pas aux oreilles : cette production qui semblait si peu subtile au début a le mérite de faire en sorte que l’on se concentre surtout sur le principal plutôt que les arrangements.

Non tu n’a pas (tant) changé

Et puis il y a aussi des morceaux dont l’ambiance qui rappelle encore les débuts du groupe, à commencer par "Sensitive Kid", chanson qu’on imagine assez auto-biographique et dont le chant s’inscrit dans la droite lignée de Robbers & Cowards.

Ou encore "Out Of The Wilderness" ou "Cold Toes On The Cold Floor" qui prouvent que le groupe est encore capable de compositions moins évidentes, tout en tirant aussi partie du gros son que leur donne la production de Jacquire King. Dont on aurait pu penser qu’il est responsable du virage pris par les Kids mais les interviews donnent nettement l’impression qu’il a plutôt été l’instrument leur permettant de réaliser le disque qu’ils avaient en tête.

Faites-vous plaisir !

En quelques écoutes de Mine is yours et si on ne s’intéresse qu’à la musique, à ce qu’elle inspire, au plaisir qu’elle procure la conclusion est évidente, Mine is yours est un très bon album, ultra-mélodique et "propre", mais ce n’est pas franchement un défaut non ? Alors ignorons les gens qui comparent déjà le groupe à Coldplay ou à U2, bien sûr le groupe a changé mais le son vintage des premiers disques par exemple, c’ était autant une posture que le son de celui-ci, une posture sûrement plus cool pour un certain public mais une posture quand même.

Si on écoute suffisamment ce disque, on réalise vite que "sous" ce gros son, c’est le même groupe qu’avant, qu’il a toujours un petit grain de folie (canalisé différemment certes... ), que la personnalité exubérante et un poil bordélique qu’on avait découverte dans Robbers & Cowards et sur scène est toujours là, la basse et la guitare sont toujours aussi géniales, le batteur est toujours aussi bon et Nathan Willett reste un des chanteurs les plus impressionnants du circuit rock.

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publié par le 09/04/11
Derniers commentaires
gab - le 11/04/11 à 13:45

c’est bon-bon, c’est bon-bon ...
(c’est malin)

ils auraient p’t’être du en profiter pour changer de nom, "global warming kids" ?

Informations

Sortie : 2011
Label : Downtown Records/Cooperative Music

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