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publié par francky g. le 23/02/09
les nuits de l'alligator 2009 - 16/02/2009
les nuits de l'alligator, 2009 — La maroquinerie, paris

Les Nuits de L’Alligator, petit festival qui monte qui monte, propose pour la 4e année un répertoire d’artistes toujours très folk, mais de plus en plus ouvert à d’autres influences. Cette année, les têtes d’affiche sont alléchantes, les très symphoniques Uzi & Ari, la hype inégale de Chairlift ou les anciens amis de Devendra Banhart, Vetiver. Lundi 16 février, à La Maroquinerie se produisait Emily Jane White, auréolée du beau succès français de son premier album Dark Undercoat, précédée de Lonely Drifter Karen et Mariee Sioux.

contes et féérie

Les sympathiques Lonely Drifter Karen prenaient possession de la scène pour nous présenter leur propre version de l’auberge espagnole : un batteur italien, un Espagnol au clavier et Tanja, pétillante Autrichienne au chant et à la guitare, instigatrice de ce projet musical passablement ennuyeux en studio. Mais la scène est une autre affaire et le groupe affiche de séduisants atouts. Les affinités du trio, les sourires coquins échangés et les jeux de scènes épisodiques apportent une fraîcheur et une malice communicatives. Les compositions sont simples, s’enchaînent sans temps morts et reposent sur des mécanismes quelques peu répétitifs, mais la magie opère, bercée d’une atmosphère de cabaret ou de piano bar. Tanja nous fait instantanément penser à une maîtresse d’école, celle qui parle doucement, sourit à tous, que les parents adorent et les enfants idolâtrent. On se laisse alors bercer par les contes qu’elle entonne. Quand à la fin des morceaux, l’on pense qu’il faudrait ajouter une rasade de vodka dans son verre, ses deux joyeux compagnons lancent la charge, jettent les baguettes et claironnent ensemble leur bonne humeur. Le set n’est pas sans longueurs, la voix de la menue blonde parfois un peu plombée par un vibrato vieillot, mais on ne peut que sourire bêtement à l’écoute de l’histoire du professeur Dragon...

TORPEUR

Le public enjoué voyait leur succéder celle que l’on présente surtout comme la comparse d’Alela Diane. Difficile pour moi d’être objectif, alors que mon appréhension était motivée autant par mon incompréhension face au phénomène Alela Diane que par l’ennui ressenti à l’écoute du Myspace de Mariee Sioux. Fidèle à son patronyme, ce petit bout de femme impose par son accoutrement la compréhension de ses origines. Alors qu’Alela invoque des fantômes aux histoires troubles et sombres, Mariee évoque la douceur de ses origines, la beauté des paysages et la force de l’amitié. Sa voix, plus lumineuse, perchée, offre une palette assez réduite, que l’on pourra penser pleine de charme, ou d’ennui... Elle invite sur scène, pour la plus grande partie du concert, une amie américaine, chanteuse à l’organe puissant et techniquement parfait. Mes les chœurs à deux voix et l’extrême simplicité des morceaux délivrés d’une seule guitare enferment la prestation dans un rythme lancinant et fortement soporifique. Le xylophone n’ajoutant rien, les personnes qui m’entourent et moi-même resterons sur la bonhomie de la jeune femme et l’engourdissement avancé de nos membres.

LA PRéTRESSE DU DARK FOLK

Après une attente un brin longuette, la charismatique Emily débarquait enfin sur scène, avec son joli minois, son arrondie silhouette et surtout un vrai groupe. Batterie, guitare électrique et violoncelle accompagneront les mélodies taillées par la Dark Folk singer pour son piano et sa guitare. La performance introductive sur “Dark Undercoat” tait les doutes du public. Le groupe n’a pas l’intention de se presser et laisse le morceau s’installer, le réarrange, impose subtilement la guitare électrique par touches parcimonieuses mais envoûtantes. La voix d’Emily Jane White est profonde, intense, et ses graves touchent directement les tripes, pesant sur nous comme un lourd fardeau. On pense parfois à Cat Power, en un peu plus puissante, comme si cette façon si particulière de chanter par le souffle misait ici moins sur le feutre que sur les démons intérieurs de l’artiste. Les aigus sont sûrement moins habités, font parfois écho à la présence fantomatique décidément tenace d’Alela Diane. Le concert avance avec plus de heurts que prévu. Le set est, comme un pari, partagé à parts égales entre l’album et de nouvelles chansons. Certaines font mouche, d’autres perdent un peu l’auditoire, quand calme devient mollesse... La version de l’attendu “Time On Your Side” déçoit, bâclée, mais est magnifiquement rattrapée par l’incroyable “Wild Tigers I have Known”. Cela aurait d’ailleurs du clôturer un concert malgré tout très joli. Le rappel, concrétisé par trois chansons inédites déroute alors et enchaîne les morceaux les moins accrocheurs du concert. Emily Jane White s’en va sous la clameur de l’assistance mais laisse un goût d’inachevé. Avec deux autres groupes sur l’affiche, elle aurait pu facilement raccourcir le show et le densifier sensiblement. Les cœurs auront malgré tout vibré.

L’angoissant clip de « Wild Tigers I Have Known » d’Emily Jane White

www.myspace.com/lonelydrifterkaren

www.myspace.com/marieesioux

www.myspace.com/emilyjanewhite

www.lesnuitsdelalligator.com/

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publié par le 23/02/09