LSD EN CONCERT au GLAZART.
Mercredi 25 janvier, la grande famille du rock libertaire se retrouvait au Glazart le temps d’ un concert mythique pour deux raisons : on célébrait les 25 ans du label indépendant New Rose, et la Souris Déglinguée, nos Ramones héxagonaux, les pourfendeurs des liberticides communistes et bien pensants se produisait dans cette ancienne gare routière à la limite du 93, symbole vivant de l’entre deux géographique, urbain et culturel célébré par le groupe. LSD dont on célébrait les 25 ans en décembre 2004 à l’Elysée Montmartre s’est fait connaître par des chansons engagées et dansantes au début des années 80. Thai Luc, leader charismatique aux manières bourrues des « mauvais garçons » et à la sensualité ravageuse de l’Orient hurlait la douleur des boat-people, des victimes des « génocides démocratiques » et des révolutions culturelles dont certains intellectuels français se sont fait les porte-parole...
De Clignancourt à St Ouen
Par la suite, son message s’est universalisé et il est devenu la voix de tous les exilés qui trouvaient dans la « Zone », « de Clignancourt à St Ouen, de Sarcelles à Deuil la Barre », « du Boulevard Masséna à la Butte aux Cailles », un terrain de jeu et d’aventures. Les mauvais garçons sont devenus pères, professeurs, ingénieurs, musicaux, chômeurs mais ont transmis à leurs enfants le goût de la révolte positive et de l’adage « on n’est jamais mieux servi que par soi-même ». Si LSD n’est pas un groupe engagé dans le sens d’une affiliation à des idées citoyennes et politiquement correctes « ‘il faut que tu respires’ et autres ‘motivés, motivés’ », c’est pourtant un groupe qui représente une bouffée d’air pur dans le paysage du rock hexagonal. En restant fidèle à son inspiration fondatrice -le sort des laissez-pour-compte vietnamiens et cambodgiens ou plus généralement des habitants de la capitale cosmopolite qui chaque année ingurgite et dégurgite son quotas d’étrangers attirés par les lumières parisiennes- Thai Luc a crée un univers qui a su accueillir d’autres thématiques (l’amour, le sexe salvateur) et d’autres influences musicales : du punk rock des débuts en passant par le ska, le reggae, la section cuivre emmenée par l’indémodable Muzo a entrainée à sa suite des milliers de « jeunes cons », zonards ou pas, qui ont fait fi de leurs différences le temps d’un pogo ou d’un tempo chaloupé.
vertus du métissage
On a maintes fois accusé LSD de véhiculer des idées à l’encontre de son ouverture au monde et aux cultures : la faute peut-être aux jeunes skins qui saccageaient le Rose Bonbon et s’en prenaient aux quelques Blacks et métèques qui se risquaient à un concert des rongeurs enragés au début des 80’s. Mais tout ceux qui connaissent Thai Luc et sa bande savent qu’il fut un des premiers rockeurs français à chanter les vertus du métissage en dédiant ses chansons à de multiples demoiselles aux noms promesses d’ailleurs : Yasmina, Brigitte Bardot Cambodgienne, Nabou, Gretel, Liza... Jamais quelqu’un n’a autant vanté les bienfaits du voyage intérieur ou comment la succession de quartiers franciliens donne envie d’aller voir nos voisins immigrés dans leur contrée d’origine...Et là, lorsque la civilisation, l’idéologie et la corruption n’ont pas tout emporté sur leur passage, on peut contempler les derniers vestiges de l’humanité...De retour dans nos quartiers ou de retour du concert, un gout amer du paradis perdu, « du cœur de Boudha et de ses bonzes »... Le « Raya Fan Club » est toujours là, ses enfants de 7 à 25 ans aussi, les fans de la première heure dansent sur les minuscules tables et tabourets du Glaz, les plus révoltés reprennent en cœur, poigts levés, les chansons à capella avant le rappel, de la bière par terre, de la fumée, du pogo, des iroquois torses nus, des quinquas explosés, une photographe de Rock and Folk qui shoote le public, médusée, enfin un vrai concert de rock ! Dans mon RER D, avant de retrouver les nabots, un sourire béat à 6h30 du mat... Merci la souris...
