Annabel Lee n’est pas facile à trouver. La recherche internet est déjà bien remplie par le poème d’Edgar Allan Poe. Ensuite, sur notre plateforme de streaming habituelle, un certain nombre d’artistes revendiquent ce même patronyme (dont une alanis-morissettoricaine un peu trop testoteroné à notre goût mais dont le morceau "Mother’s hammer" est magnifique). Non, l’Annabel Lee qui nous intéresse aujourd’hui est un trio Belge repérable à l’excellente pochette « chat ». Comme quoi visuellement le groupe a tout compris de ce qui fonctionne sur les réseaux sociaux (on n’a pas encore été voir les clips, mais on nourrit de grands espoirs félins). Et notre Annabel Lee (oui, on est à l’étape jardinage avec l’album Drift dans les oreilles, on peut dire qu’on s’est approprié le groupe) fait du rock indé comme on l’aime. Toutes guitares dehors et une petite pointe de mélancolie comme exhausteur de goût. La meilleure recette qui soit.
bataille
Annabel Lee a la voix légère, presque enfantine, et la guitare allègrement saturée. Il se dégage du groupe une légèreté et un sautillement entrainants, presque pop, contrebalancés par la touche indée qui maintient l’ensemble en place. Il y a comme un héritage Nada Surf (voire Pixies), un cousinage Soccer Mommy (pour la légère mélancolie), on se sent très très vite chez nous dans cet album. D’autant qu’il attaque fort, "Dinosaur" s’écoute le pied au plancher et les fenêtres ouvertes, idéal pour se mettre en route le matin (mention spéciale au pont guitare-chant-seuls qui produit son petit effet waouh et relance bien la machine) ; "Kiss & ride" se pose et s’impose, les deux pieds bien ancrés au sol, droit dans ses bottes et le refrain accrocheur ; "By the sea" enfin, plus sensible, l’émotion jamais très loin de la surface, clôt la séquence et mène ses troupes à la bataille en position de single.
mental
Le reste de l’album est, vous vous en doutez, à la hauteur de cette entame. Il est classique dans sa composition avec en 4e et 5e position des morceaux plus reposants, en demi-teinte ("Terrain vague", sa base lancinante et son final bien pesant ; "Go go gadget" en mode épuré guitare-chant et émotion), avant de repartir pour une deuxième fournée de tatapoum. Parmi les morceaux de fin de disque qui ressortent particulièrement, "High anxiety" frappe par la mise en son de cet état mental avec sa batterie envahissante et ses refrains en uppercut. La fin de "Comedy" quant à elle nous fait décidément penser, et ce n’est pas la première fois, à Dolly (ici les guitares, ailleurs le timbre de voix, l’énergie). Une des forces d’Annabel Lee, outre l’habile digestion du meilleur des années ‘90, est dans la rupture ; on ne s’ennuie pas une seconde et ce jusqu’à l’excellent dernier "Spiders and monkeys". Et se quitter sur un morceau à l’allure de single, c’est plutôt classe.
force
Somme toute, en 10 titres et haut-la-main, Annabel Lee réussit le tour de force de faire passer un matou (certes dynamique) pour un(e) jaguar.
pas l’ombre d’un chaton au final dans la vidéo du single "By the sea", tant pis...