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publié par tairanteuh le 20/07/03
jeffrey lewis
- it's the ones who've cracked that the light shines through
it's the ones who've cracked that the light shines through

artisan

le personnage de jeffrey lewis ne peut laisser indifférent. sorte de poète urbain complètement absorbé dans un univers étranger et impénétrable, un monde lointain auquel on ne peut goûter que de manière épisodique via les morceaux du bonhomme ou ses divers dessins. pour l’avoir rencontré durant les trois jours du mo#fo en juin dernier (l’antifolk festival qui eut lieu à mains d’oeuvres et qui est narré dans les pages du cargo), je garde ce souvenir d’un garçon adorable mais incroyablement absent. pour lui, ces jours ont été passé à dessiner des comics, sa véritable passion. il expliquera au cours d’une interview réalisée par tom d’hermandune.com et eric de millefeuille.fr, que la musique n’est qu’un passe temps, une mise en musique d’histoires pensées pour le dessin au départ. de cet aveu, on pourrait penser que la musique de jeffrey lewis est anodine, n’étant pas l’oeuvre d’un passionné, d’un véritable artisan qui voue sa vie à l’écriture et l’enregistrement. et pourtant... force est de constater qu’il déploie ici aussi tout son génie. it’s the ones who’ve cracked that the light shines through est une des meilleures choses parues cette année. un album varié, intelligent, drôle, aux sonorités singulières, aux histoires captivantes, aux mélodies accrocheuses, un recueil lunatique, parfois incroyablement monotone et d’autres fois d’une énergie telle que le morceau défile sans qu’on ne voit le temps passer, une alternance de rythme qui équilibre l’album, jamais trop lent ou trop rapide.

latino

et puis l’album est incroyablement authentique. sans artifice. pas totalement lofi sans jouir d’une véritable production pro, ce détail sur lequel s’attardent bon nombre de formations de manière minutieuse à outrance. sans conteste, cet album s’est fait rapidement. certains morceaux se résument dans la musique à quelques notes de guitare, la voix de jeff et quelques effets de synthés distants et étouffés en arrière plan. et ce minimum suffit à ravir. jeffrey (s’)amuse, jeffrey émeut, jeffrey surprend. bien sûr on aurait tendance à préférer ces boules soniques que sont "texas" ou "no lsd tonite", "shoot the head and kill the ghoule" ou "graveyard", grands moments rock où l’on sent la patte de jack lewis, frère de jeff. jack est lui aussi un sacré personnage. de faux airs latino et une passion non voilée pour le rock n roll. écoutez donc son l’vov’s lament, collection de différents morceaux en solo, avec son groupe guitar situations ou au sein du jeff lewis band (soit jeff + jack ainsi que l’immense anders griffen à la batterie).

métronomique

une préférence qui s’éclipse avec le recul, charmé que l’on est par "sea song", restitution minimaliste de l’univers marin, avec anders griffen qui imite le bruit des vagues en caressant d’un balai ses fûts, ou alors ce sommet du disque qu’est "arrow", lente montée lofi, qui mériterait une appellation anti post folk. sur ce morceau tout est parfait. de jeff qui lâche les mots de manière irrégulière et saccadée avant de se raccrocher de manière métronomique au tempo, de cette jolie mélodie faite de si peu de chose (comme l’ensemble du morceau d’ailleurs), de ce son imparfait qui grossit peu à peu, devenant un enchevêtrement d’éléments indiscernables. jusqu’à la brève explosion finale où la guitare se fait rageuse... enfin, il est fortement conseillé d’aller voir le groupe sur scène (une recommandation faite, quelques semaines après leur tournée française...). jeff redouble d’ingéniosité dans ce cadre, entre ses music videos, ses diverses histoires drôles, le jack déchaîné, ou les inédits toujours renversants. un premier album plus que recommandé.

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publié par le 20/07/03
Informations

Sortie : 2003
Label : rough trade

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