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publié par tairanteuh le 04/07/03
mofo#3 -- Mains d'oeuvres, Saint-Ouen - [25/06/2003,26/06/2003,27/06/2003]
mofo#3 — Mains d'oeuvres, Saint-Ouen

hymne

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la troisième édition du festival antifolk a eu lieu à saint ouen, dans le divin complexe mains d’oeuvres, un peu perdu, et complètement inconnu du voisinage. ce festival en quelque sorte parrainé par les frères herman düne qui invitent leurs amis musiciens croisés lors de leurs voyages, tournées ci et là, s’est rebaptisé mofo à cette occasion. et comme labolduc le signalera dans la chanson hymne du mofo qui devait ouvrir le festival, le problème avec le public français est que « they don’t understand what mofo means ». je m’embarque dans ce festival entrainé par tom d’hermandune.com et chroniqueur pour le rafiot, eric d’i-n-f-r-a.net, deux amis rennais, ne connaissant que peu l’antifolk, ayant quelques réticences au son lofi que je trouve rapidement pénible...

résidence

alors se rendre à mains d’oeuvres pour voir jeffrey lewis, kimya dawson ou mountain goats était un peu pénible. je pensais trouver quelques secours avec daniel johnston dont le dernier album produit par mark linkous (de sparklehorse) est une pure merveille, mendelson dont le quelque part paru sur lithium m’avait fortement impressionné, red, artiste génial, très singulier et touchant ou les herman düne, trio franco-suédois inspiré dont on a déjà vanté les mérites sur notre rafiot. quelques semaines après ce festival je frémis encore en repensant aux sets de tous ces artistes dont certains m’étaient totalement étrangers au départ. cela s’explique par la proximité et la chaleur humaine ressentie à leur contact. arrivée dans l’après midi de mercredi à mains d’oeuvres pour les portes ouvertes, nous rencontrons les divers artistes affairés à se préparer, à collaborer. (car le festival mofo / antifolk consiste en une semaine de résidence durant laquelle les divers artistes collaborent et présentent sur scène les morceaux réalisés ensembles).

ancêtre

nous retrouvons ainsi jeffrey lewis complètement plongé dans ses comics, il passera les trois jours à dessiner et nous expliquera plus tard en interview que son souhait le plus cher avant même de faire des albums est de pouvoir être publié, ce que je lui souhaite tant ses comics sont hilarants. tout aussi passionné, andré herman düne ne quittera pas le studio que les frères düne ont à mains d’oeuvres durant ces 3 jours, il passera les journées à enregistrer les collaborations ou les artistes isolément. le premier jour, mercredi, nous assistons à la collaboration de l’impressionnant saxophoniste q (également à la tête du génial label rectangle avec le bizarre noël akchoté) et eugene chadbourne présenté comme l’ancêtre du mouvement antifolk, un artiste d’une dextérité incroyable au banjo. pendant ce temps d’autres artistes se concertent dans le long couloir dans le sous sol de mains d’oeuvres, mendelson répète porte fermée dans son local, on pose délicatement l’oreille sur cette porte close et un son énorme nous parvient, avec une guitare lead très en avant et des effets incroyables, voilà qui s’annonçait bien pour la suite du festival.

stars

les deux jours suivants, les après midi se déroulèrent de la même manière, les artistes collaborent tour à tour, toujours disponibles, souriants et très inspirés (beaucoup de bons morceaux écrits en 10 minutes, répétés en moins de temps et joués sans difficulté aucune le soir même). je retiens surtout david-ivar herman düne qui jonglera avec tout le monde au ukulélé, ou l’impressionnant et très jeune guitariste david tattersall des wave pictures, duo anglais présenté à juste titre par les frères düne comme les stars du festival. ce jeune homme de 19 ans a une aisance folle sur le manche de sa guitare, un toucher incroyable et est adorable, drôle... bref une valeur sûre à suivre.

labolduc

et enfin labolduc, un des personnages les plus attachants que j’ai pu croisé ces derniers temps. labolduc est un artiste touche à tout, et toujours avec bonheur, que ce soit dans la sculpture, les comics (il en a d’ailleurs fait un, hilarant, avec jeff lewis), le baseball (sa véritable passion qu’il entretient au sein de la major league brochette, champion d’ile de france depuis la fin juin), ou la musique (il a sorti 3 albums autoproduits, disponibles sur son site, dont un excellent slobold song). une jolie bande d’artistes doués qu’il fallait evidemment voir à l’oeuvre.

25 juin 2003, rachel lipson

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ouverture du festival effectuée par miss rachel lipson, l’amie de jeffrey lewis. habituée des débuts de soirée après une tournée européenne de plusieurs semaines en ouverture d’herman düne et jeffrey lewis, elle pose petit à petit son univers fait de folk songs lancinantes et sensibles qui rappellent le cat power appaisé du dernier album par exemple. si la scène n’est peut être pas le meilleur endroit pour goûter son univers, on est tout de même sous le charme de ses petites histoires livrées comme des comptines. elle a pour le moment sorti deux albums dont un this way que j’ai acheté et qui est une jolie réussite (avec notamment un très beau morceau où est conviée leah hayes).

satan’s fingers

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satan’s fingers (en référence à un morceau de john darnielle / moutain goats comme l’indiquera david-ivar) est un groupe mené par david-ivar herman düne et la troublante leah hayes (quelle voix...). david-ivar écrivait dans son diary qu’il avait sûrement composé ses meilleurs morceaux pour ce projet, et au sortir de cette prestation assez courte, on ne le contredira pas. un premier morceau hallucinant, "old new england concept" avec q et ses sonorités incroyables au saxophone, jack lewis à la basse, chris de refrigerator et dave des wave pictures (qui fera de très jolies choses avec mon bottleneck... bottleneck qui déprime en ma main depuis, d’être aussi moins gracieusement utilisé). trois autres très bons morceaux, soit un petit quart d’heure en tout, et leah hayes se retire pour laisser place à lesser lewis (subtile changement).

lesser lewis

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le groupe de jack lewis, qui s’est également appelé guitar situations fait du rock qui ressemble aux morceaux plus agités de jeffrey lewis (comme "no lsd tonite" ou "texas" sur son dernier album). jack lewis, bassiste très cool d’apparence, se mue en véritable bête de scène déchaînée, complètement absorbé par sa musique jusqu’à en oublier parfois la justesse au chant. qu’importe, le spectateur est emporté par la prestation très énergique et les bons morceaux du bonhomme. quatre morceaux dont un seul se retrouve sur la cassette de lesser lewis, l’vov’s lament qui regroupe les divers périples musicaux de jack de ces quelques dernières années. "november" en guise d’ouverture, morceau plutôt calme avec david-ivar au ukulélé, dave tattersall à la guitare, neman (d’herman düne) à la batterie qui mènent à un excellent "where’s the god dawn youth" très rock. "i call myself a grafiti artist" et la rythmique démentielle de david-ivar.. avant de conclure par le très punk rock "angel" extrait de la première cassette de jack donc. un très bon moment.

red

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le dernier album du monsieur, 33, est une véritable petite perle de folk rock habité. des retours sur ses concerts indiquaient que red ne décevait pas sur scène, capable de restituer ces atmosphères empreintes de l’amérique profonde sans difficulté. ce soir là, au mofo, il ne sera pas question de 33. red, seul, sans la formation habituelle qui l’accompagne, vient faire un set de reprises uniquement. neman et son fidèle pote q accompagnaient sa voix de crooner et sa guitare sèche. peut être pas aussi envoutant que quand red revisite ses compositions, mais le concert reste touchant.

bundles

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les bundles sont une sorte de supergroupe antifolk dont piwu parle très bien : j’ai découvert ce groupe en 2002, lors du festival antifolk #2. Même si je n’ai que d’eux qu’une k7, c’est l’un des meilleurs groupes que j’ai découvert en 2002. les bundles c’est jeffrey lewis à la gratte, kimya dawson (ex-moldy peaches) au synthé, anders griffin à la batterie et cette fois ci, jack lewis à la basse. Ils commencent par un morceau pas connu, tout lent, petite comptine, pour mettre les gens dans le bain. ils sont un peu timides, se présentent à peine. jeffrey à fait 3 trous dans un t-shirts noir et l’a mis sur sa tête. les trous lui servent à nous montrer ses jolis yeux bleus et à chanter... le second morceau "pirates declare war" annonce tout de suite la couleur : du rock lo-fi entrainant sur lequel on bouge la tête comme le petit chien qu’il y a à l’arriere des voitures. jeffrey fait n’importe quoi à la fin, des accords n’importe comment finissant par un capharnaüm... c’est absolument magique. ensuite, ils nous font un petit "shamrock glamrock" version rapide puis un nouveau morceau sur lequel jack chante. ils jouent "ishalicious (ish find his family)", superbe titre. kimya se marre pendant l’intro et c’est partit ! ding ding ding donh ding ding !! yeah !!! ça chante vite, ça joue vite, le public est assez réceptif et certains crieront le refrain parfois. c’est mon titre préféré du groupe (o : ils font "be yourself" puis un nouveau morceau bizarre avant de finir en beauté avec deux tubes : "klutter" et "a common chorus". jeffrey lewis a retiré son t-shirt de sa tête depuis 3 ou 4 titres déjà car mains d’oeuvres est d’une chaleur étouffante... le public crie pour les revoir mais c’est terminé. 30 minutes de concert, c’est déjà pas mal. les bundles d’après piwu donc. interrogée sur le futur du groupe, kimya dawson nous a expliqué plus tard qu’ils allaient vraisemblablement enregistrer quelquechose sous peu (esperons qu’ils inclueront le morceau qualifié de bizarre par piwu, car il est vraiment génial - le morceau hein ! :).

daniel johnston

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daniel johnston a ramené beaucoup de monde à mains d’oeuvres, des curieux venus voir celui appellé dieu par toute la clique antifolk. aperçu aux balances plus tôt dans l’après-midi, j’ai été très déçu, tant le personnage m’a fait pitié. johnston s’installe, cherche péniblement ce qu’il va jouer en tremblant de tout son corps avant de massacrer ses morceaux de sa voix encore plus vrillante que sur disque et de son toucher de guitare ou de piano très hasardeux. le soir, la chaleur et la salle pleine à craquer m’ont fait renoncer à assister au concert que j’écoute d’une oreille distraite dans la pièce jouxtant la salle de concert, un salon / bar. piwu a eu le courage de rester : daniel s’installe à la guitare sèche non amplifiée, avec son classeur de paroles. il parle peu et commence par jouer des titres du dernier album, fear yourself. sa façon de jouer est assez spéciale... j’ai l’impression que ce n’est pas compliqué de jouer de la guitare comme le gros dany à première vue, mais il doit y avoir quelques chose qui se cache quelque part. dès le second titre, il arrive à me faire ressentir de jolies emotions. après quelques titres à la gratte, il s’installe au piano. sa facon de jouer est, là aussi, très spéciale. il tape sur les touches du piano, une main après l’autre. ça rend beaucoup moins bien que sur l’album. la production de linkous doit y être pour quelque chose je pense... il joue moins d’une heure, et même si je m’attendais à un peu mieux, j’ai bien aimé. daniel avait l’air un peu perdu parfois dans son classeur et un jeune homme au torse nu dans le public s’amusait à se foutre de sa gueule. dany lui disait "ok..yeah..ok..yeah..ok..ok..yé...", c’etait assez marrant sa façon d’occuper l’espace sonore pendant qu’il cherchait ses paroles...

26 juin 2003, li-lund

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la charmante soeur des düne s’est énervée quelques instants avant le début de la soirée et froissée avec benoît de mains d’oeuvres, ce qui compromettait son passage... heureusement les choses sont rentrées dans l’ordre et li-lund a ouvert la soirée. j’étais un peu curieux de l’entendre sur scène tant les commentaires quant à ses concerts étaient contrastés. beaucoup de négatif par rapport à son passage 3 jours avant ce jeudi à la guinguette pirate en ouverture de monade et pedro the lion. il est vrai que son morceau sur la compilation intercontinental, performance #1 n’était pas spécialement renversant. pourtant en concert, il en est autrement, li-lund a une voix magnifique qu’elle pose sur des morceaux délicats (hormis quand elle s’empare de son petit clavier très cheap), bien accompagnée par les düne et consort, ses compositions ensorcellent.

labolduc

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le très sympathique labolduc se présente comme un *ancien* joueur de baseball (alors qu’il jouera la finale d’ile de france trois jours plus tard avec la major league brochette) et sculpteur à la tronçonneuse (véridique, cf son site), parle de la musique comme le meilleur moyen d’expression avant de montrer qu’il s’en tire en effet à merveille par ce biais. il fait notamment une reprise des herman düne, amis de 20 ans comme il dit, "black dog", morceau qu’il a repris avec franic de wave pictures dans l’après midi pour le hermandune website à la demande de tom et eric. une version très personnelle en solo guitare acoustique sur laquelle il chante avec cette énergie contagieuse qui lui est propre. s’ensuivent des morceaux de son cru, avec ses thèmes amusants, entre tronçonneuse, alcool, moto, baseball. il est rejoint par dave wave pictures à la batterie et toby goodshank, ainsi que leah hayes sur un titre. une très belle performance qu’il est conseillé d’essayer la prochaine fois que le monsieur jouera.

starz at my desk

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the starz at my desk, artiste français, passe difficilement après labolduc. morceaux pas vraiment excitants, répétitifs, le concert s’avère vite lassant. l’impression est la même pour piwu qui arrive au mofo alors que the starz at my desk est en train de jouer : « stars fait quelques morceaux dont le magnifique "you will want me dead" qui sera le seul titre assez sympa à écouter. il fait quasiment la même setlist que lors de son concert du 26 mai, au même endroit, en première partie d’adam green. » pour l’instant la musique du bonhomme est plus interessante sur ses busted tapes dont quelques titres valent le détour.

toby goodshank

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personnage curieux et attachant que ce toby goodshank, l’air un peu perdu, dans son monde, assistant à la majorité des concerts du festival avec son encombrant étui à guitare posé devant lui (un peu comme piwu et son skate...), et d’une gentillesse rare. sur scène, sous de douces apparences (une voix toute posée, une guitare sèche bien calme), le propos de toby se fait incisif, paroles crues mais amusantes. un set étonnant durant lequel on est pendu aux lèvres ensorcelantes du jeune homme, à boire ses histoires bien écrites et captivantes.

married monk

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comme l’explique piwu, marriek monk est à cette édition de l’antifolk festival, ce que calc était à la précédente : un groupe qui n’a rien à faire ici. (ce qui est également vrai pour mendelson). artiste en résidence à mains d’oeuvres, il est quelquepart logique que marriek monk participe à la fête même s’ils n’ont que très peu à voir avec les autres artistes présents. qu’importe, christian quermalet amène son rock et présente apparemment les morceaux de leur prochain album à paraître (aucune certitude sur ce sujet). ils sont rejoints sur quelques titres par l’ingé son du mofo au saxo. une prestation qui a l’air de plaire à certains, mais je ne suis pas tellement friand des morceaux du groupe.

mendelson

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entendu en répétitions, derrière une porte fermée, j’avais été soufflé par le son de mendelson, plus épais et mordant que sur quelque part, leur réussi deuxième album de 2000. une guitare très en avant, de jolis effets et des phrasés très forts mélodiquement. la formule mendelson ne change pas de trop pour autant, des histoires à l’humour décalé, récitées par pascal bouaziz au dessus de structures instables, variables, loin du format classique d’un morceau ordinaire. l’arrivée sur scène vaut à elle seule le détour : « bonsoir... sèche tes larmes, ami, mendelson est de retour... mendelson est content... mendelson ne va jouer que des nouveaux morceaux ce soir, pour vous.... mendelson a un tout nouveau batteur qui s’appelle sylvain, il est magnifique ». le concert ne déçoit pas, des morceaux très impressionnants, très alambiqués mais qui restent très accrocheurs même si le volume de la lead guitare a été diminué par rapport aux répétitions. l’album seuls au sommet qui doit paraître le 16 octobre devrait mériter le détour.

jeffrey lewis band

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tête d’affiche de la soirée, le jeune jeff lewis et son groupe sans nom (leur appellation est devenue une quête de concert en concert comme en atteste le rejected band names imprimé sur le dernier album de lewis, l’excellent it’s the ones who’ve cracked that the light shines through : j.lewis & weapons of mass construction, j.l. & the tali band, j.l & the very very strong words...). ce groupe est formé de jack lewis (frère de jeffrey), anders griffen (l’antifolk drummer qui a joué avec tout le monde sur ces 3 jours, de manière royale et improvisée) et sera rejoint au cours du concert par david-ivar au melodica et à l’ukulele (evidemment), el boy die à l’harmonica, q et andré herman düne aux saxophones et toby goodshank au chant. le concert commence par un concept génial. jeffrey lewis saisit un cahier grand format sur lequel il a dessiné une histoire qu’il raconte en rythme avec la musique tandis qu’il tourne les pages et nous montre ses illustrations. « music video » comme il appelle cela. le concert est vraiment excellent bien qu’un peu court, jeff lewis fait ses quelques classiques, "chelsea hotel oral sex song", ou "the man with the golden arms" par exemple, il se déchaine jusqu’à en casser une corde.

eugene chadbourne

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présenté comme l’ancêtre de l’antifolk par le programme du festival, eugene chadbourne est une figure incroyable de l’underground... à 49 ans ce guitariste a une centaine d’albums à son actif, sans compter ses participations à droite à gauche.. ceux qui trouvent jim o’rourke prolifique peuvent relativiser le rythme de celui ci. je découvre le personnage dans le studio des herman düne à mains d’oeuvres en compagnie de q le saxophoniste alors qu’ils enregistrent un « morceau », longue improvisation très impressionnante qui sera gravée à 10 exemplaires et vendue le soir même. eugene a un toucher incroyable c’est sûr, difficile de suivre le nombre de notes qui s’échappent de son instrument... mais cette démonstration technique lasse assez rapidement, ce qu’il fait est surprenant mais ne charme pas trop, les sens sont émoustillés mais rien qui n’aille plus profondément, c’est relativment pauvre en émotions, parfois même vide. je m’éloigne donc assez rapidement de la scène, pas séduit. vraisemblablement son oeuvre colossale doit comporter plusieurs facettes qui doivent être interessantes à parcourir mais difficile de savoir par où commencer en ne se fiant qu’aux titres (à la limite tucson, arizona ?).

27 juin 2003, et l’insécurité...

heureuse surprise en voulant se garer devant mains d’oeuvres dans l’après midi à saint ouen dans le 93 que de se faire couper le créneau par une petite voiture dont s’extraient cinq costaud personnages apparemment en civil, équipés de flashballs et qui viennent encercler la voiture dans laquelle grandaddy passe à un volume élevé. tom et eric sortent et les individus les somment de vider leur poche et expliquent qu’ils vont fouiller la voiture, l’un d’eux nous ordonne de lui remettre sur le champ tout produit illicite, stupéfiant pour ne pas aggraver les choses. je tente de sortir de la voiture et me fait remettre dans le droit chemin de suite : « j’t’ai pas dit de sortir, tu te rassois et tu poses les mains sur l’appui tête devant toi ». après avoir attendu une petite minute dans cette position, le gens me dit de sortir et me demande de bien vouloir vider mes poches, chose que je fais de manière conciliante. on passe au sac, dont je sors mon bottleneck, petit tube en métal qui permet de sortir des sonorités agréables à la guitare comme l’a montré deux soirs plus tôt dave tattersall de wave pictures lors du concert de satan’s fingers. surpris, le monsieur me demande ce que c’est, si c’est une arme de poing... je lui fais brièvement une démonstration d’air slide guitar, tandis que deux autres gens entament la fouille de la voiture qu’ils arrêtent après avoir soulevé les sièges et trouvé nada. visiblement mécontents de n’avoir rien trouvé, ils regagnent leur voiture et l’un glisse : « je suis surpris qu’on ait rien trouvé... ». étonnant en effet, trois jeunes dans le 93 sans rien sur eux, cela paraît louche. m’enfin, pour la présomption d’innocence, on repassera. petite parenthèse affligeante dans le mofo.

brian piltin

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il avait peur de jouer devant 10 personnes, finalement il y a un peu de monde. sa prestation est sympathique, un peu comme celle de toby goodshank, seul à la guitare, à chanter ses amusants petits textes. brian piltin est bien raide plus tard, eric et moi l’interrompons (alors qu’il est en pleine déclaration d’amour à david, le guitariste de wave pictures) pour en savoir un peu plus sur ses projets et il est tellement dépité de n’avoir vendu aucun cd de the pilltones, son groupe, qu’il donne d’office un exemplaire (et d’après ce que j’ai compris les 9 autres ont été distribué dans la soirée). après écoute c’est un projet assez interessant, au son pas du tout lofi, des bons morceaux rock légèrement différents de son set du soir.

larval organs

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groupe mené par cockroach, larval organs m’a déçu. je ne connaissais pas et leur noisy rock est mal passé. un set violent à base de grosses guitares bien lourdes, avec chant rageur. ça va le temps d’un morceau mais dans la fournaise qu’était cette salle, la prestation s’est vite avérée insupportable et a été plus ou moins suivie de loin. pas grand chose à redire, larval organs est juste une formation assez classique, très stéréotypée, un genre de sous-dinosaur jr, comme les comparait (mais de manière positive) eric.

wilfried*

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wilfried* est aidé ce soir de gtm (des énormes temple temple) à la basse, d’andré herman düne à la guitare et de david-ivar à la batterie. on sent le personnage un peu mal à l’aise sur scène, légèrement intimidé, hésitant. il commet certes quelques petites erreurs au cours de ses morceaux, mais rien dont il faille rougir. au contraire, sa folk pop rock est très agréable. entamant par un réussi "daddy is the devil", un des meilleurs morceaux de son premier album, songs for mum & dad, il rend ensuite hommage au sieur johnston avec une reprise de l’excellent "i did acid with caroline". après un entrainant "i don’t want to go out", léger raté amusant sur le début de "my imaginary friend". wilfried* est rejoint par la suite par rachel lipson pour un joli "pure gold" puis franic de wave pictures pour un dernier morceau. un réjouissant concert qui touche par ses imperfections.

refrigerator

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groupe des deux frères callaci (chanteur et guitariste) qui dirigent le très bon label shrimper (qui sort mash concrete metal mushroom de herman düne mais aussi une compilation de sentridoh, groupe de lou barlow), refrigerator délivre une musique somme toute assez classique, pas très originale mais avec beaucoup d’énergie et d’humour, un vrai moment de rock’n’roll. le chanteur a du coffre et vient chanter sans micro au milieu des premiers rangs assis au sol, complètement emporté par son morceau, un moment intense (peut-être moins que le strip tease avorté en fin de concert, c’est vrai). de même le guitariste effectue de superbes danses très marrantes. un vrai spectacle auquel on prend vite goût (à l’image de john darnielle des mountain goats, dedans du début à la fin).

herman düne

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herman düne est un groupe génial, il faut le préciser. david-ivar, andré et neman disposent d’un joli répertoire avec une poignée de morceaux folk / rock au charme instantanné. cools, inventifs et drôles, ces gens sont un vrai régal sur scène. néanmoins cette prestation au mofo m’a déçue. rien à reprocher aux morceaux piochés dans mas cambios et mash concrete metal mushroom, les deux respectivement très bon et bon albums parus cet été, ni même à leur reprise de james brown si ce n’est qu’ils les avaient déjà joué récemment au pulp. la déception se situe plus au niveau de l’ambiance, alors que les düne sont déchainés en compagnie des autres artistes, à intervenir brillamment ci et là, leur set est très calme et posé, on a l’impression que c’était une formalité avant qu’ils ne puissent partir s’amuser avec les wave pictures et consort. un peu frusutrant de ne pas les voir décoller plus que ça. peut être sont ils fatigués après cette semaine éprouvante et se réservent ils pour le concert des wave pictures. un concert en demi teinte donc, d’excellents morceaux mais une performance un peu molle.

kimya dawson

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pour son premier morceau, kimya dawson est accompagnée de toutes les filles du mofo, soit rachel lipson, li-lund à la guitare, leah hayes et une inconnue. une interprétation un peu approximative mais assez touchante (et kimya dawson souvent hilare). elle reste cependant seule sur scène ensuite pour présenter ses troublants morceaux : les écrits sont très personnels, l’ambiance intimiste, un ensemble limite dérangeant par moment mais qui a beaucoup de charme. un constraste saisissant avec le personnage dont on connaissait les tenues excentriques et la douce folie au sein des moldy peaches. bref, une très agréable surprise alors même que son album knock knock who ? n’avait pas plus impressionné que cela.

mountain goats

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tête d’affiche de la soirée, les mountain goats (soit john darnielle en solo, accompagné pour l’occasion de daniel bordow des refrigerator à la basse) dont je ne suis vraiment pas fan. certes le personnage de john darnielle est hilarant, ses textes sont très forts, il déploie une saine énergie sur scène et est très généreux mais je n’accroche pas. seul un morceau avec li-lund retiendra mon attention (et malheureusement labolduc n’aura pas réussi à faire un morceau sur le baseball avec darnielle comme il le souhaitait avant le mofo). apparemment les fans du john étaient comblés. tant mieux.

wave pictures

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le concert tant attendu pour finir le mofo. les wave pictures firent assurément la meilleure prestation du festival. dès le mercredi, nous avions repéré dave tatersall, jeune et surdoué guitariste qui participait avec brio à plusieurs projets. puis avec tom et eric, nous avons interviewé franic rozycki et dave, un excellent moment avec deux gens fort sympathiques. enfin ce concert qui commence par une époustouflante reprise de "karen" des go betweens (un de leurs premiers morceaux, de 78-79 disponible sur le lost album qui est paru en 2000) sur laquelle jack lewis, déchainé, fait monter du monde pour danser sur scène (il me semble que c’était ce morceau), puis ils echainent sur des morceaux de leur très bon premier album démo, more street, less tv, devant un public conquis qui obtient un rappel. un deuxième est exigé mais benoit de mains d’oeuvres ne peut l’autoriser du fait du couvre feu imposé. qu’importe, aussi court fut-il, ce concert reste une pure claque. david le guitariste nous avait défini en interview une bonne chanson comme comportant un solo, et l’a montré lors de leur set en donnant à chaque morceau un solo à la sonorité différente et particulièrement bien senti. une clôture vraiment impressionnante.

the end

ceux qui ne connaissent pas mains d’oeuvres doivent impérativement se rendre dans cette salle à la programmation audacieuse donc exemplaire. un cadre très agréable, une équipe très sympathique et passionnée que je remercie pour son accueil. merci également aux différents artistes, tous très disponibles, gentils et généreux, qui m’ont fait découvrir beaucoup de choses en les partageant aussi simplement et aisément. merci enfin à tom et eric de m’avoir embarqué là dedans... vous trouverez sur le herman dune website tenu par tom diverses choses liées au mofo, le compte rendu en anglais d’eric par exemple que j’ai bien evidemment intégralement repompé pour faire le mien, de très belles photos que j’ai également piqué pour illustrer ce compte rendu, les impressions de certains artistes présents au terme de cette semaine à main d’oeuvres et des mp3 extraits des concerts. bref un espace à visiter de toute urgence.

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publié par le 04/07/03