killers
C’est avec le soleil et chaleur que nous finissons nos trois jours de festival, les jambes et le dos en compote, et avec dans la ligne de mire, une rencontre arrangée en catastrophe avec Aaron Turner, le leader d’Isis.
Arrivée sur le site au son des insupportables Killers, qui vous feraient presque regretter Duran Duran. Les américains ouvrent avec “Somebody Told Me”, hit kitschissime qu’ils se plaisent à massacrer : chant complètement à côté, semblant de chorégraphie ridicule, et look pathétique (oh ! le bassiste !!!). Il est effrayant de constater que le public de jeunes qui se dandinent sur cette soupe y prend vraiment du plaisir...
Nous nous esquivons, direction l’espace pro pour y rencontrer Aaron Turner donc. Il se montrera des plus charmants pendant les 30 minutes de l’entretien et peu avare de détails sur son groupe et son label Hydra Head Records. Interview à découvrir dans la presse (Versus Magazine 4 à paraître le 15 septembre).
le tigre
Ensuite direction le Chapiteau pour voir la prestation de Kathleen Hannah et ses tigresses. Sur scène, parées de rose du meilleur goût, les trois demoiselles s’en donnent à cœur joie pour un set énergique au volume sonore impressionnant. Elles se relaient derrière le micro ou les instruments, JD Mason nous fait encore admirer sa magnifique moustache (et le public de s’interroger « Mais c’est un mec ça, non ???!!! ») Le Tigre passe en revue son répertoire pour le bonheur des fans qui groovent comme un seul homme sur ce cocktail détonnant de punk et d’electroclash, avec en plus leur reprise du “I’m So Excited” des Pointer Sisters. Un très bon moment.
isis
Même si le groupe était passé récemment par la Suisse et la France, il nous tardait de revoir Isis, tant les atmosphères qu’il développe sur albums sont sublimées par la scène. On sent Turner et sa bande un peu tendus sur « So Did We » (morceau introductif de leur dernier album en date, Panopticon), peut-être l’idée de jouer devant un public festivalier dont la plupart ne connaît pas le groupe. Le son est à peu près correct et le concert part sur les mêmes bases que leur récent et très réussi set genevois. On entend certains murmurer dans les rangs, la comparaison avec Neurosis collent aux baskets des Bostoniens (n’allez surtout pas leur en parler !), mais les noms de Mogwai et Tool reviennent aussi de-ci de-là. Malheureusement la joie de profiter de leur univers enveloppant sera de courte durée puisque un petit lot d’imbéciles se met à pogoter (quand on connaît les tempi développés par Turner & co., on a du mal à saisir l’intérêt de la chose...) Encore une fois, l’impression tenace du week-end, celle d’avoir affaire à des animaux guidés par leurs instincts les plus sauvages, prévaut. Certains ne sont là que pour faire mal, il n’y a qu’à sonder la haine dans les regards. Nous irons donc suivre la fin de la prestation au milieu de la Loggia. Le groupe s’autorisera un rappel avec “The Beginning And The End” issu d’Oceanic mais nous regretterons amèrement l’absence d’“Altered Course”, l’un des meilleurs morceaux (instrumental) de Panopticon qui clôturait habituellement les débats pendant la tournée printanière. Nous laissons le groupe, un poil déçus et surtout frustrés par l’attitude stupide de certains festivaliers avinés.
Car il faut bien en parler aussi... Les Eurockéennes, sous prétexte de 3 jours passés au camping sans avoir à conduire, est un sacré repaire de poivrots et d’épaves en tous genres ! Parfois il faut faire preuve de ruse pour ne pas marcher sur les dépouilles comateuses qui jonchent le sol. Sans même parler des bouts de conversations surréalistes glanés au fil des déplacements, concernant la revente de divers neuroleptiques frelatés en provenance de Suisse, en les faisant passer pour des X... Mais attention « surtout pas à des trentenaires parce qu’eux ils vont tout de suite capter ». Dommage que les fouilles à l’entrée ne se concentrent pas un peu plus sur ce problème et que la présence de l’alcool sur le site prenne une telle proportion. Passons puisqu’il paraît que c’est le lot habituel de chaque Festival...
sonic youth
Sur la grande scène on attendait de pied ferme les vétérans new-yorkais de Sonic Youth. Encore une fois ils ont démontré qu’ils sont les garants ultimes d’un rock qui ne fait aucune concession, déstructurant les pop-songs en les drapant de noise expérimentale. Ils n’auront de cesse d’alterner le côté expérimental abstrait et les chansons plus directes (ils débutent d’ailleurs avec “Pattern Recognition” issu de leur récent Sonic Nurse). Thurston Moore et Lee Ranaldo se lancent dans un duel au sommet dès le début du concert en descendant armes au poing dans le crash sous les yeux effarés des équipes de sécurité. Les guitares rugissent alors que sur scène Kim Gordon, Steve Shelley et Jim O’Rourke tiennent la baraque. Même si Kim derrière le micro, fera les frais de problèmes techniques (plus du tout de son en façade alors que sur scène les musiciens jouent) chapeau bas à un groupe qui force le respect. Final avec “Teenage Riot” suivi par un larsen de près de dix minutes qui voit Thurston se battre contre sa Fender Jazzmaster, avant de lui asséner un coup fatal, la laissant pour morte au pied de l’ampli, retourné lui aussi, et de se saisir d’un petit micro dans lequel il hurlera pendant un bon moment afin de créer une autre couche sonore posée sur ce magma vrombissant. Grand moment du festival.
kraftwerk
Après telle expérience difficile pour nous de courir en direction du Chapiteau pour voir Kraftwerk mettre en scène son futur antérieur. Le site est plein à craquer et c’est à l’écart que nous suivrons le concert. Impossible pour nous d’assister aux projections gigantesques, ni au ballet des quatre Allemands statiques et robotiques derrière leurs laptops. Le son est excellent et la performance, au delà de son petit côté rétro kitschouille, fleure bon le best-of : “We Are The Robots”, “Radioactivity”, ou encore “Tour de France” seront salués par le public au son des acclamations. Pas la peine d’oser la critique ou de chercher un sens à ce concert, il faut juste fermer les yeux et se laisser porter par les ambiances synthétiques et définitivement nostalgiques, tellement elles sont ancrées dans la fin des années 70. Kraftwerk réussit son pari de tenir en haleine les spectateurs des Eurockéennes pendant près d’1h30. On en ressort plutôt enchanté.
industrielle
Impossible pour nous de continuer plus loin... épuisés par trois jours de marches intensives sur le site, nous commençons à accuser le coup. Pas très motivés par la perspective du concert des Louise Attaque sur la Grande Scène, nous rendons les armes, pas assez patients pour attendre les Norvégiens de Röyksopp... Ce sera pour une autre fois. Et même si tout ne nous a pas plu (nous avons quand même passé une bonne demi-heure à chercher notre voiture car les projecteurs des parkings ne sont pas tous éclairés entre les grandes vagues de départ du site...) et que l’ambiance parfois était un peu trop « industrielle » (fabrique de bouffe à la chaîne, consommateur-mouton indiscipliné, et aucun respect du lieu), nous sommes presque déjà partants pour l’an prochain ! Tant que la programmation est d’aussi bonne qualité !!!
(n’oubliez pas de jeter un oeil aux photos du Cargo ainsi qu’à la galerie personnelle de Gérald ICI)