accueil > articles > lives > VA

publié par Mickaël Adamadorassy le 07/03/05
48ème parallèle -- Glaz'art, Paris - 25/05/2004
48ème parallèle — Glaz'art, Paris

48ème parallèle est une compilation accompagnée d’un mini-festival qui fait se rencontrer des jeunes groupes français et canadiens oeuvrant dans des styles aussi différents du simplement rock aux variantes electro, post-rock ou encore hardcore. Le compte-rendu de la première soirée est par ailleurs disponible sur le cargo et je terminais l’article en regrettant le manque de public. Celui-ci n’a pas été vraiment au rendez-vous nous plus pour cette deuxième et dernière partie du festival, même si l’assistance était tout de même un peu plus dense. Cela dit, cela n’enlève rien à la qualité de la programmation de la soirée, comme nous allons le voir

Arman Méliès

Arman Méliès est le chanteur du groupe Enola, en (48ème :) parallèle duquel il a sorti un album solo. Sur scène, il est tout seul avec sa folk et ses pédales mais il fait souvent autant de bruit qu’un groupe entier étant donné qu’il pratique l’auto-sampling : en même temps qu’il joue, il enregistre des riffs et les passent ensuite en boucle, pour créer parfois une ambiance, parfois quelque chose d’assez énorme quand il commence à empiler une dizaine de boucles différentes. On pense tout de suite aux prestations solo de Dominique A et aucun des deux n’aurait à rougir de la comparaison car même si Arman n’a pas la même présence vocale, il a tout de même une très belle voix et surtout des textes bien écrits. Toutefois si le fait d’avoir des boucles en fond pour s’accompagner permet en théorie de se libérer, vu qu’on est plus obligé de tenir une rythmique, dans le cas d’Arman, je l’ai parfois ressenti comme une limite, parce qu’elle induit forcément une certaine répétitivité, parce qu’elle instaure un tempo parfait et qu’on y perd en feeling. Du coup, sur le set, j’ai en majorité préféré les chansons sans boucles, qui laissaient toute la place à la voix et à l’interprétation. Néanmoins il faut reconnaître que c’est assez impressionnant de le voir jouer tout en manipulant tout son assortiment de pédales et qu’il nous a offert avec son attirail un final apocalyptique, empilant de plus en plus de boucles avec la guitare pour construire un édifice sonore assourdissant qu’il fait ensuite s’effondrer dans un déluge de décibels à coup de manipulations stridentes.

Lust

Sur le flyer, à côté de Lust, il y avait marqué post-rock. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai pas mal hésité à me pointer tôt. Parce "post rock", ça veut pas dire grand chose, c’est juste une formule usée pour des morceaux longs et répétitifs avec un final qui se veut bruyant. Le début du set de Lust confirme mes craintes : un arpège de guitare un peu bancal qui amorce un long crescendo. Sur scène, il y a un chanteur-bassiste, deux guitaristes qui s’occupent aussi des claviers et une section rythmique bien en place. Heureusement le groupe va se révéler beaucoup plus intéressant que l’étiquette qui lui est accolée : là où Lust fait la différence, c’est dans la puissance sonore, la capacité à vous écraser littéralement avec des vrais riffs, là où d’autres rejouent simplement la même chose en appuyant sur une pédale de distorsion. On sent dans le son, dans l’occupation complète de la scène une certaine culture métal qui leur est vraiment salutaire car si leur utilisation des synthétiseurs ne va pas révolutionner leur genre, leur débauche d’énergie elle crée quelque chose de vraiment excitant. Point fort du set : On est (déjà) arrivé, qui figure d’ailleurs sur la compil 48ème parallèle : ça commence avec une voix samplée sur fond d’arpège mélancolique, portée par les variations et les contretemps de la batterie et tout d’un coup, sans qu’on s’y attende, ça explose : un riff de guitare énorme, ça larsen, ça bende à tout va et sur scène le groupe se lâche complètement. Une prestation énorme et un groupe à suivre.

Gameness

La changement de plateau de gameness donne déjà le ton : si le batteur passe un temps fou à fixer la grosse caisse au sol, on se dit que c’est pas pour jouer du jazz :). Effectivement ce que le groupe décrit comme screaming emo s’apparente pour moi plus à du hardcore voir du death : on ne peut pas vraiment parler de chant mais plutôt de hurlements et les musiciens ont un comportement assez violent sur scène, ils se rentrent dedans (mais gentiment hein) et s’agitent beaucoup, l’air assez énervé, l’un des deux guitaristes a d’ailleurs vraiment un regard de tueur. Le chanteur, lui, quand il ne vient pas chanter dans la fosse, est accroupi, la tête "dans" la batterie. J’espère pour lui qu’il avait des protections, parce qu’à dix centimètres d’une grosse caisse, la pression acoustique est énorme, de quoi se défoncer rapidement les tympans. Musicalement je n’ai pas vraiment apprécié le concert mais on peut au moins leur reconnaître une énergie certaine qui fait bouger la tête mais à son corps défendant. En fait, la seule chose qu’on pourrait le reprocher est une certaine agressivité envers le public, même si on peut comprendre que ça ne soit pas très agréable de jouer devant des gens qui ne sont visiblement pas dans le même état d’esprit : gameness sont des anciens habitués du squat alternation et on pourrait en gros les assimiler à la scène punk française alors que le public de ce soir n’est visiblement pas dans ce cas, à part la dizaine de personnes venus exprès voir le groupe.

Hopper

C’est le deuxième concert d’hopper de la journée et comme ce groupe est un des coups de coeur du moment d’ un certain nombre de matelots du cargo, on a préféré leur accorder un article rien que pour eux. Je me contenterai donc juste de rappeler que hopper sont les organisateurs du festival, ceux qui se sont bougés pour que ça ait lieu. Ils étaient là pendant tous les concerts à filmer, essayer de motiver le public pas toujours très chaud et parfois même à jouer les roadies. La chose qui m’a frappée est qu’au fond, en écoutant tous les groupes qui les ont précédés, tous ces groupes qu’ils aiment, on peut presque savoir qui sont hopper : les expérimentations sonores des misadventures of ou d’Arman Meliès, l’énergie brute d’issue 16 ou de Lust, la sensibilité mélodique d’exsonvaldes, Hopper c’est tout ça et beaucoup plus. Je vous invite donc à consulter les différents articles que le cargo va leur consacrer.

Disons juste pour finir qu’ils ont conclu de très belle manière ce festival 48ème parallèle dont on regrettera juste qu’il n’ait pas rencontré son public mais voyons les choses du bon côté : vous risquez de toute façon d’entendre parler très bientôt des groupes présents sur cette compilation.

Partager :

publié par le 07/03/05