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publié par Sfar le 06/07/07
Arnaud Michniak
- Poing Perdu
Poing Perdu

On dit rien, on attend

Il y a des choses comme cela que l’on espère depuis longtemps et lorsque cela arrive enfin on a d’abord du mal à y croire. Depuis la mise en suspension de Programme, l’attente était là, le manque aussi. Trois années après Bogue on ne comprenait pas trop où en était Arnaud Michniak dans ses différents projets : un journal collectif Le Brouillon qui n’a jamais dépassé le stade d’une page internet avortée, la production de l’album de NonStop, l’intégration de l’ESAV (école supérieur audiovisuelle de Toulouse)... Arnaud se lançant dans l’aventure audio-vidéo rien ne laissait supposer un retour à la musique, à la composition de nouveaux morceaux et encore moins à un retour sur scène. Il faut croire que l’envie et le besoin de s’exprimer de nouveau sous cette forme sont devenus nécessaires. C’est tout seul que Arnaud Michniak revient vers son public, avec un album très personnel écrit dans sa retraite pyrénéenne. Programme est en suspension encore quelques mois ce qui nous permet de découvrir les tourments intérieurs plus solitaires du toulousain.

Je cherche au fond de moi

Dès la première écoute de Poing Perdu c’est une évidence qu’il ne s’agit pas d’un album de Programme. Même si on peut sentir ça et là quelques similitudes : sur les trois morceaux éponymes ou “Je suis le peuple sans visage” on devine un peu de “Bogue”, ; de même “Mourir idiot”, “mille voix” pourraient se rapprocher d’un morceau comme “boomerang”. Et pourtant ce n’est pas Programme mais bel et bien le projet de Arnaud Michniak tout seul. Le Ep est construit en 8 morceaux avec comme fil conducteur “Poing perdu I II et III”. les différents titres mêlent des samples de voix, d’orgues ou autres sons inquiétants, mais l’ensemble a une teinte beaucoup plus rock avec des guitares énervées sur lesquelles se pose le flow de Arnaud. Trois morceaux sont beaucoup plus accessibles musicalement : “Mille voix”, “Mourir idiot” ou “A travers les gens comme au fond de moi”. Si bien que des personnes complètement réfractaires au travail plus expérimental de Programme apprécieront ce EP (si si j’ai des exemples). L’écrit ne se pose plus dans les mêmes revendications non plus, il s’agit là de traiter de thèmes plus personnels mais plus ouverts sur la société également. En fait le moi et sa place dans la communauté des nous et des vous. Les propos sont beaucoup plus directs Les revendications semblent avoir mûries avec Arnaud. On navigue moins dans le nihilisme ou dans un pessimisme généralisé. ça ne va pas mieux pour autant dans la tête de arnaud mais je décèle ça et là des pistes ou du moins une envie, un désir que tout aille mieux. Il y a dans les textes ces formules si particulières qui percutent immédiatement puisqu’elles nous touchent au plus profond de soi : « ma vie est un film qui ne démarre pas », « je cherche à travers les gens et je cherche au fond de moi.... », « personne ne m’arrêtera puisque je ne vais nulle part... » « j’ai cherché un regard humain qui me ressemble... » C’est quand même beaucoup mieux formulé qu’un facile « ma vie c’est de la merde » « personne en s’intéresse à moi... », « merde j’existe ! »... C’est plus poétique , presque plus poli comme manière d’exprimer toutes ces choses l’on ressent. Les trois morceaux “Poing Perdu” sont beaucoup plus sombres , les guitares sont plus discrètes, les samples vraiment flippants (des bruits pouvant ressembler à des tirs de mitraillettes, des orgues inquiétants, des aboiements, des phrases qui n’arrivent pas à débuter ....), Arnaud est beaucoup plus grave dans son interprétation des textes... pour faire simple ces morceaux filent carrément la pétoche. c’est sans doute pour cela qu’entre chacun des trois poing perdu il y a eu cette idée d’intercaler des morceaux plus péchus donnant un joli rythme à l’ensemble du EP. L’album s’écoute vraiment dans sa continuité pour en apprécier les nuances de styles et d’atmosphères. La pochette comme un clin d’œil à l’ensemble montre un squelette, assis sur les épaules d’un monsieur, portant un long nez rouge pointu. Un peu comme pour se dire qu’on n’est pas encore tout à fait mort.

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publié par le 06/07/07