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publié par arnaud le 24/03/06
Sybris
- s/t
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Bijou

En provenance de Chicago, signé sur un petit label local, Flameshovel (dont le seul fait d’arme est d’avoir sorti le très sous estimé premier album de Chin Up Chin Up), on se demande franchement quelle était la probabilité pour que le premier album de Sybris parvienne à se faire une place confortable dans nos foyers... Et pourtant ! Une fois ce petit bijou installé sur la platine, dur dur de s’en séparer ! A l’écoute de ce premier effort éponyme, on est frappé par la prépondérance de la voix d’Angela Mullenhour, qui semble focaliser toute l’attention. Si certaines de ses intonations rappellent Karen O des Yeah Yeah Yeahs (dans la veine la plus posée du groupe new-yorkais : se reporter à l’écoute du single Maps donc, plutôt que celle de leur Tick furieux), la chanteuse s’en détache en affichant une profondeur singulière, comme sur Neon, naviguant entre une Björk période Sugarcubes et les roucoulements de Juliette Lewis lorsqu’elle est accompagnée de ses Licks.

déflagration sonore

Musicalement on lorgne vers les 90’s, tantôt côté 4AD (The Clowns Were Hilarious et ses guitares réverbérées évoquant les Cocteau Twins ou la pop virevoltante de Breathe Like You’re Dancing qui sonne comme du Lush), tantôt Creation avec les guitares distordues et brouillonnes de The Best Day In History Ever. L’interêt de Sybris réside dans la manière qu’a le groupe d’agrémenter sa musique, somme toute assez pop et classique, d’effets dimensionnels (reverbs de cathédrale, delays démesurés) qui sont plus souvent l’adage de groupe post-rock : le très réussi Hobo Detail Shop qui part comme une popsong efficace à la Placebo (époque You Don’t Care About Us) pour finir dans une déflagration sonore de guitares que ne renieraient pas les Texans de Lift To Experience. Le tout consacrant Angela comme grande pretresse de cette célébration rock’n’roll, emportée dans une transe, éructant des " you were born with it " dans tous les sens. Même si par moments on aurait aimé que la dynamique de la section rythmique ressorte un peu plus dans le mix, on ne peut que saluer la démarche du groupe de tenter ce mélange des plus réussis. Ainsi sur le plus calme Good Internal Clock, on pense croiser un peu d’ Explosions In The Sky qui jammerait sur la pop des anglais de Saloon.

Polaroid d’une vie

Il y a chez Sybris cette constante ambivalence, cette gravité et cette tendance à flirter avec l’épique, qui s’entrechoquent avec la légèreté et l’insouciance que revêt parfois le propos. Un premier disque, dont on regrettera la courte durée, mais qui laisse présager du meilleur. Le groupe y apparaît étincelant, à l’image de sa ballade éthérée, Blame It On The Baseball, sur laquelle la chanteuse confie ses angoisses de décevoir son père en ratant sa vie amoureuse : on y flotte au fil des paroles, comme si l’on passait de Mazzy Star à My Bloody Valentine en moins de 6 minutes, un spectre d’émotion tout entier traversé, comme le polaroid d’une vie.

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publié par le 24/03/06
Informations

Sortie : 2005
Label : flameshovel