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publié par arnaud le 26/03/06
Serena Maneesh
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My Bloody qui ?

En 2005, qui espère encore un retour de Kevin Shields, ressuscitant son My Bloody Valentine ? Il est difficile de savoir si l’aura du groupe rayonne encore auprès de la jeune génération. Pourtant les shoegazers n’ont jamais été aussi présents que depuis 2 ou 3 ans, pas tant dans l’attitude que dans le son d’ailleurs.

Débarqués de leur Norvège natale, balancés sur le devant de la scène indie branchée par on ne sait quelle miracle, Serena Maneesh, frappe un grand coup avec un album éponyme (le premier à être exporté) qui semble revisiter le Loveless du groupe de Shields. Il suffit d’attendre le second morceau, Selina’s Melodie Fountain, pour en être convaincu. La voix diaphane de Lina Holström, transformée par divers filtres, devient reminiscence de celle de Bilinda Butcher (guitariste de My Bloody), façon Loomer d’il y a presque 15 ans. Alors que la rythmique se fait bien plus marquée que chez les Irlandais, et les guitares moins vaporeuses, ce sont les nappes synthétiques dissonantes enveloppant la voix qui évoquent chez Serena Maneesh, de suite, les trainées roses fuschia de la pochette de l’album culte.

Fuzz

Néanmoins les Scandinaves ont aussi su injecter à leur son une savante dose de psychédélisme furieux qui fait la part belle aux soli de wah wah et aux pédales fuzz des groupes grunge. On pense aux Smashing Pumpkins, qui mariaient à merveille l’héritage 70’s et le son noisy des groupes anglais de la fin des 80’s (Ride et MBV donc, en tête) ou, sur le très pop et enlevé, Un-deux, à leurs amis chicagoans, Catherine. Lorsque les Norvégiens passent le turbo (Beehiver II ou le déchaîné Chorale Lick) et font hurler les guitares, on lorgne plus du côté des Jesus & Mary Chain (à la manière de ce qu’ambitionnaient les Suédois des Raveonettes sur leur premier EP).

Krautrock vs Psychédélisme

Mais, alors que l’on aborde Candlelighted et ses presque sept minutes hallucinées, il faut absolumment relever les influences kraut du groupe. A chercher du côté de Neu ! (le curieux Simplicity, interlude aux beats synthétiques laissant aux feedbacks tout le loisir de s’exprimer, ou l’époustoufflante odyssée Your Blood In Mine avec ses saxos foutraques) ou en remontant plus loin à chercher dans les expérimentations soniques du Velvet Underground, période Sister Ray. Il faut accepter les relents seventies (Emil Nikolaisen, cerveau du groupe, cache difficilement une obsession pour Hendrix), ne pas prendre peur devant les mélanges parfois curieux, aux allures indigestes (les flûtes, comme jouées au mellotron sur fond acide de wah, pour servir de tapis à des voix hyper travaillées, passées à l’envers etc...). On verrait volontiers cette bande là traîner avec les Warlocks à l’écoute d’un Chorale Lick (qui se permet même un harmonica au milieu des torrents électriques) ou d’un Sapphire Eyes, rock song sale et méchante qui se mue soudainement en pop song acidulée (à la Sleepy Jackson, groupe australien à la pop très branchée...psyché encore une fois !) avant de disparaître dans un brouillard de parasites et de larsens lointains.

Gargantuesque

Ce premier album fait preuve d’une grande maîtrise et place la barre assez haute. Serena Maneesh s’y autorise pas mal de folies (un final gargantuesque de près de 12 minutes avec les dernières notes jouées sur un piano mélancolique), faisant souvent fi des formats usuels. Entouré de pointures à la production, ayant travaillé avec les Swans ou Sonic Youth, ou d’amis renommés (Sufjan Stevens ou certains membres de la Danielson Famile), et en dépit de sessions d’enregistrements fragmentées et dispersées au quatre coins du monde, le groupe bénéficie d’une homogénéité sonore qui lui permet d’affirmer sa personnalité et de montrer une identité très forte, malgré ses influences parfois très marquées. Les Dandy Warhols les ont conviés à tourner en leur compagnie et on devrait très vite entendre parler de cette Serena qu’on imagine des plus bruyantes sur scène... En attendant de vérifier par nous-mêmes.

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publié par le 26/03/06
Derniers commentaires
Gab - le 27/03/06 à 16:40

bien bien bien ... ça fait envie tout ça ...

Informations

Sortie : 2005
Label : honeymilk

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