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publié par arnaud le 10/03/06
Goldmund
- Corduroy Road
Corduroy Road

Merveille

Voilà un album de toute beauté. Keith Keniff, déjà remarqué sous le nom d’Helios, pseudo qu’il a utilisé à maintes reprises pour des sorties sur les labels Merck, U-Cover ou Type, nous avait plus habitués à une musique electro ou montré ses qualités de remixeur. Surprise de le voir débarquer chez Type toujours avec un disque assez éloigné des productions habituelles de la maison. Changement d’alias pour le coup, le Bostonien devient Goldmund et se fend d’une petite merveille au piano.

Ouaté

Les pièces sont courtes et majoritairement marquées par la mélancolie (Larrows Of The Field étant la seule des treize plages qui adopte un ton plus léger). Keniff y fait preuve de retenue, voire de pudeur dans sa manière d’attaquer les notes, donnant au disque un charme ouaté, une intimité troublante (on entend presque les doigts se poser sur l’instrument, ou les pédales grincer). Dans le son, on est plus proche de Sylvain Chauveau que d’Harold Budd, la production elle aussi étant minimale, le piano est ici des plus nus, sans aucun autre effet que la reverberation naturelle de la pièce.

Discrétion

Une guitare vient soutenir la fragilité des compositions bâties le long de Corduroy Road (sur My Neighborhood ou 25 Thousand Miles, l’une des meilleures pièces de l’album) mais discrétion reste le maître-mot, les cordes faisant leur entrée au plus juste, ne cherchant jamais à s’imposer dans le mix, suggérant timidement à l’auditeur d’autres chemins à emprunter pour appréhender l’apparente aridité de l’album. C’est cette même volonté qui parcourt Yamase sur lequel Goldmund s’autorise une cymbale (jouée à l’archet pour ne pas trop déranger !) et un semblant de rythmique, ou encore l’apparition d’une nappe de clavier sur le splendide final, Anomalie Loop (1960-1969) qui laisse le piano de Keniff reprendre son souffle, sans chercher pour autant à fuir les silences.

Silence

S’il fallait rapprocher ce disque de Goldmund d’un autre artiste, sans même chercher à évoquer Satie, on irait sans doute moins vers Max Richter que vers le second album d’Eluvium, le très acoustique An Accidental Memory In The Case Of Death. Mais il y a en plus chez Corduroy Road une indicible faculté à forcer le silence, un jeu savamment dosé qui suscite l’attente, et conduit immanquablement vers l’attention, voire la fascination.

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publié par le 10/03/06
Derniers commentaires
O’Reilly - le 27/06/07 à 00:09
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En fait detre un excellent pianiste a la formation plus que classique, mr.goldmund transpasse, transgresse, et sén rend fier, en quelque sorte...il donne acces, puis retire tout droit, comme pour eviter toute intrusion, mais continuer a jouer sur les paradoxes.
Sa musique est riche, mais sans fioriture, et apparemment il ne souhaite pas graver des songes en chacun de nous, pour nous laisser plus ample envergure a la creativite individuelle, et ca, en soit, est un cadeau des cieux, dont peu, trop peu, peuvent se targuer...
restez ou vous etes, pour broder un mond e magique, donc intemporel...

Informations

Sortie : 2005
Label : Type