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publié par arnaud le 04/01/06
Esmerine
- Aurora
Aurora

Crépusculaire

Deux ans après If Only A Sweet Surrender To The Nights To Come Be True, Esmerine est de retour avec Aurora. Le duo Bruce Cawdron (Godspeed You ! Black Emperor, Set Fire To Flames) et Beckie Foon (Silver Mt Zion, Set Fire To Flames, Fifths Of Seven), bien que ressemblant étrangement sur le papier à Hangedup, à ceci près qu’il s’agit ici de violoncelle et non de violon alto, aboutit finalement à un résultat tout à fait différent. Point de décharges sonores, ni de pluie de décibels, plutôt des atmosphères crépusculaires, aux contours angoissants, qui font de cet album, une pièce des plus riches et bien plus captivante que leur précédente production.

Mélopée

Une fois passée Quelques mots plein d’ombre, introduction de l’album, somme toute assez classique (violoncelle et cymbales jouées à l’archet, avant que n’entre une rythmique plus élaborée et la basse du fidèle Harris Newman), les deux musiciens, accompagnés par Jessie Carrot (JOMF) se lancent dans une longue mélopée instrumentale sur laquelle Beckie crée une espèce de drone avec son violoncelle avant de partir dans une approche plus mélodique une fois rejointe par les notes de marimba de Bruce. Histories Repeating As One Thousand Hearts Mend est une pièce qui, dans sa construction, n’est pas si éloignée de ce que sait faire Godspeed. On y sent la même maitrise dans la façon d’amener au climax, à ceci près que chez Esmerine, on suggère plus que l’on ne montre franchement, et même si parfois les percussions remplacent à merveille les distorsions des guitares du collectif montréalais, jamais elles ne cherchent à faire basculer les compositions dans quelque chose de trop épique, de trop démonstratif.

Beauté discrète

Aurora est un disque tout en retenu, presque désabusé, qui alterne évidences (le magnifique titre piano/violoncelle Why She Swallows Bullets And Stones) et plages plus abstraites (Ebb Tide, Spring Tide, Neap Tide, Flood constituée uniquement de notes de cloches), pour finalement mourir dans un élan de bravoure (Le Rire de l’ange) sans même succomber à la tentation de faire trop de bruit. Une beauté discrète, une mélancolie rampante, qui font d’Aurora une œuvre exigeante, à qui l’on doit prêter le temps de se révéler, comme une fleur exhaler son parfum dans une volupté vénéneuse.

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publié par le 04/01/06
Informations

Sortie : 2005
Label : Madrona