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publié par tairanteuh le 17/10/05
arizona amp and alternator
- arizona amp and alternator
arizona amp and alternator

constellation

Derrière cette appellation farfelue quoique que pertinente se dissimule un quasi non-groupe (« this band has no members ») puisqu’il s’agit d’howe gelb (le « head mechanic » proclamé du disque) et de ses amis. Lesquels me direz-vous tant tucson, arizona s’apparente de plus en plus à une galaxie qu’à une constellation ? En grande partie ceux qui l’épaulaient déjà sur le dernier giant sand, is all over the map paru en 2004. Vraisemblablement issus de certaines sessions partagées, les morceaux d’arizona amp and alternator convoquent une frange très fréquentable de l’élite indie, jugez plutôt : m. ward, scout niblett, john parish, pratiquement quatre grandaddy (fairchild, lytle, burtch, leur énigmatique producteur lucky lew... ainsi que le non moins énigmatique todd zilla !), jeremy gara batteur d’arcade fire, les chanteuses danoises Henriette Sennenvalt (under byen) et Marie Lorette Friis (plus connue sous le nom de marie frank)...

réunion

une réunion de famille qui tient toutes ses promesses. L’album est bien plus cohérent que son prédécesseur tout en étant délicatement empreint de la patte de ses invités. Ainsi les morceaux ne disent pas qui ils abritent, mais l’on discerne là le jeu de guitare si caractéristique de m. ward, la furie de scout niblett sur “the leaving you”, la voix gracile de Henriette Sennenvalt et le doigté de john parish sur le sommet qu’est “man on a string” (un morceau de band of blacky ranchette vieux de vingt ans !), les claviers de grandaddy sur la reprise de traffic “Low Spark of High Heeled Boys” et le déjanté “bottom of the barrel”... Il est à supposer que derrière la volonté de dissimuler les protagonistes de l’album, howe gelb cherche à nous attarder sur sa musique et nous faire oublier l’identité de ses invités de choc.

cimes

Pour une fois, ce type d’album à visage masqué se prête parfaitement au jeu tant il est finement mené. is all over the map atteignait des cimes en empruntant des chemins tortueux et malheureusement parfois trop décousus. À l’inverse sans progresser de manière monotone, Arizona amp and alternator emprunte une direction mieux balisée, la présence du même titre éponyme rejoué quatre fois différemment en atteste. Une construction assez classique mais qui, à l’instar de bien des albums s’y essayant, fonctionne ici à merveille. Il faut dire qu’elle est servie par des compositions de qualité, howe gelb s’y faisant un narrateur plus convaincant que jamais.

ressac

Arizona amp and alternator est douceur, les sonorités y sont chaleureuses comme le sud ouest, les voix se font fondantes, le rythme en sac et ressac. Comme un vieux jazz (“baby it’s cold outside”, hallucinante reprise du tube pop de vanessa williams par marie frank). Le mariage du chant féminin avec l’instrumentation folk évoque d’ailleurs l’album slush d’op8 (sur lequel howe gelb rencontrait lisa germano assisté des calexico, joey burns et john convertino) soit le même écrin de délicatesse qui abritait les vents chauds de l’arizona. Cela fait également penser à l’album de nina persson des cardigans, a camp, produit par sparklehorse, l’amérique y rencontrait déjà la voix nordique...

renfermé

pour autant quand howe gelb en vient à chanter qu’il n’y a rien de neuf sous le soleil, l’album dans son ensemble le fait mentir. Certes, il ressert le même titre quatre fois, en reprend deux autres et ressort ses antiquités (“loretta and the insect world”, déjà présent sur center of the universe de giant sand en 1992, ou “man on a string” en 1985). Mais en fin parfumeur, howe gelb a encore ajouté d’agréables senteurs à son flacon, s’entourant avec un nez subtil pour distiller, exposant à ses amis des morceaux qu’il a laissé macérer des années pour leur donner une expression nouvelle et inédite. Au final, son arizona amp and alternator ne sent pas le renfermé de l’artiste qui tourne en rond et s’avère au contraire être l’un des albums les plus honorables de cette rentrée.

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publié par le 17/10/05
Informations

Sortie : 2005
Label : thrill jockey