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publié par tairanteuh le 04/03/05
antony and the johnsons
- i am a bird now
i am a bird now

mutilé

brian de palma, phantom of the paradise. winslow leach, jeune compositeur talentueux, hors norme, marginal. un personnage décalé, intouchable, mystérieux, inquiétant. à la marge des courants musicaux de l’époque, des grosses machines rock sans saveur - the juicy fruits, récupérées par un système capitaliste étouffant, vicié et corrompu. blessé, mutilé par celui-ci, leach se mue en une créature d’opéra, un fantôme de cabaret et compose, interprète dans l’ombre. antony sur i am a bird now semble l’incarnation parfaite de ce personnage fantasme. la même allure fantomatique, androgyne, marginale. qui évolue dans une sphère sombre, enfumée, de cabaret, loin de toutes les modes.

versant

l’autre versant du style si singulier d’antony est une soul blanche. comme si bryan ferry plutôt que de faire une relecture en crooner de quelques standards du jazz des années 30 et 40, se penchait sur le style cabaret et chantait sur la musique de kurt weill. i am a bird now se pose ainsi comme l’album derrière lequel stuart staples des tindersticks courre sans parvenir à ne serait-ce que l’effleurer...

propos

mais s’il faut parler d’un personnage de roxy music pour comparer antony, l’attention se portera plutôt sur brian eno, qui à l’époque arborait déjà ce style androgyne. certaines intonations de voix d’antony rappellent d’ailleurs le phrasé d’eno sur son premier album solo, le génial here comes the warm jets. la conjonction des deux univers est séduisante. mais séduisant au même titre que l’univers glauque et poisseux de lou reed peut l’être. le propos chez antony est néanmoins plus léger, moins tourmenté sans être lisse pour autant. l’artiste trouve le parfait compromis entre la pop souvent mièvre de rufus wainwright (ce qui est agréable par moment cependant) et la violence acide de reed.

excès

deux personnalités conviées sur i am a bird now, au même titre que devendra banhart (avec lequel il partage le goût des excès vocaux), et boy george (idole d’antony à tel point qu’il a façonné de l’aveu de l’artiste cette sensibilité si délectable). quant aux johnsons, ils viennent broder sur les puissantes trames d’antony, de véritables merveilles aux arrangements délicats et langoureux. pour vous en convaincre, jetez juste une oreille à “fistful of love”, sommet de cet album : la guitare rugueuse de reed se confronte à la chaleur de cuivres dont un affolant saxophone, choc des genres à l’intensité bouleversante.

conteste

dommage qu’une relecture des classiques de kurt weill soit déjà parue, antony and the johnsons auraient trouvé sans difficulté sa place aux côtés de pj harvey, elvis costello, nick cave et lou reed sur september songs. ce deuxième album place le jeune antony sans conteste au niveau de ces références. il faut en tout cas le prendre au mot : ce drôle d’oiseau, qu’il est dorénavant, est à mettre en cage jusqu’au printemps.

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publié par le 04/03/05
Informations

Sortie : 2005
Label : secretly canadian

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