Nous suivons les Girls In Hawaii depuis quasiment deux décennies mais cette aventure solo de l’un de leurs deux chanteurs, Antoine Wielemans, on a failli la louper, en lisant en diagonale un mail promo comme on en reçoit des dizaines tous les jours, on passe dessus et alors que les yeux ont déjà poursuivi leur route, le cerveau établit les connexions et eureka ! oui on connait ce nom et oui on veut absolument écouter son premier album solo, Vattetot . Vattetot ? ça doit encore être une expression belge ou alors un patelin du plat pays.
... Et en fait non, c’est un petit village normand au bord de la mer, là où la majeure partie de ce premier disque a écrit. Et ce n’est que le début des surprises pour celui qui s’attendrait à y voir un prolongement des aventures des Girls : déjà, évidemment, il y a le français : les neuf chansons qui composent le disque sont uniquement dans la langue de Molière, là où toute la discographie des Girls est en anglais (Antoine explique en interview qu’il a d’abord essayé en anglais mais que le résultat ressemblait trop à des chansons des Girls, écrire en français oblige à une autre approche). En dehors de quelques titres dont ceux qu’il va nous jouer en session, la guitare est très peu présente sur ce disque minimaliste, construit autour du piano, acoustique ou électrique et d’une boite à rythme très simple : Antoine a fini d’écrire juste avant le confinement, il a enregistré et mixé tout le disque lui-même.
Le résultat est un disque élégant, serein, qui n’est ni vraiment de la folk, ni de la chanson française, ni de la pop mais un peu de tout ça, un recueil de chansons à l’écriture soignée, arrangées avec parcimonie, délicatesse, traversées souvent d’une mélancolie touchante, saillante dans la voix, ses fragilités, littéralement à nu, tellement elle est exempte des effets habituels du studio.
Pour cette session qui se déroule quelques heures avant le concert d’Antoine à La Maroquinerie, on se retrouve dans la cour de la salle alors que le groupe vient d’arriver : Antoine est accompagné en live par David Picard aux claviers et à la trompette (et ici au mélodica) et Leticia Collet (Condore). On s’installe rapidement dans une petite zone ombragée qui échappe au soleil écrasant de ce début d’après-midi et c’est parti pour une session acoustique tout en douceur avec deux spectateurs aussi inattendus que distingués : JP Nataf et Clou qui répétaient à côté.
