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publié par gab le 28/05/19
Anna Tivel
- The question
The question

Si l’on ne devait se hasarder qu’à un seul mot, la pochette du disque aidant, on serait tenté de qualifier cet album de renversant. Ce serait un peu facile et qui plus est totalement faux. Si vous cherchez les sensations fortes, tête à l’envers et débordements scéniques, vous pouvez passer votre chemin. Mais si, comme nous, une chanson douce peut vous émouvoir au plus haut point voire vous faire décoller, restez dans le coin, faites voguer vos vibrations du côté du quatrième album d’Anna Tivel, The question, et mettons-nous en quête du mot juste.

rassuré

On fait genre « c’est le quatrième album d’Anna Tivel », on la connait sur le bout des doigts, mais rien n’est plus faux (décidément). Il se trouve que l’américaine est notre découverte personnello-coup-de-cœur de ce début d’année et qu’on n’est sous le charme de cette session magnifique d’Audiotree Live que depuis quelques mois. Ceci dit les choses sont bien faites, bien qu’ayant été tournée il y a un an, cette session est composée pour moitié des morceaux de ce nouvel album. C’est donc tout naturellement que l’album démarre sur "The question" (le morceau) et on doit dire qu’on avait un peu peur avant la première écoute que le passage au disque ne fasse disparaitre la magie d’une performance dépouillée guitare-chant dans une surproduction elle aussi américaine. On avait dit le mot juste, le premier dans notre besace sera rassuré.

douceur

Cet album est, à l’image de la session, un refuge de douceur. A n’en pas douter, la voix même d’Anna Tivel est un remède existentiel à la brutalité du monde extérieur. On se laisse porter par un massage vocal qui apaise en profondeur. Une voix qui nous rappelle d’une certaine façon celle de Suzanne Vega. Elle est de cette famille-là en tout cas, celle qui cherche la chanson juste et s’impose dans le calme. Et même lorsque les envolées vocales de "Minneapolis" viennent faire chavirer nos petits cœurs, c’est encore la douceur qui prédomine.

beauté

Oui, cet album est à l’image de la session, un refuge de beauté. Loin de se contenter d’une base chant-guitare comme la facilité lui permettrait, certains morceaux s’habillent d’instrumentations sophistiquées (les violons de "Fenceline"), d’autres s’équipent d’une deuxième guitare virevoltante ("Figure it out"), tous (ou presque) gardent la délicate luminosité qui sied à notre troisième mot du jour, la beauté.

surprise

Pour ne rien gâcher, ce disque possède aussi le morceau à part ("Worthless"), le morceau surprise qui vous réveille et vous fait réaliser d’un coup qu’Anna Tivel pourrait aussi être ça. Et ce serait même super bien. De la tension, un morceau basé sur la rythmique plutôt que sur la guitare, une porte s’ouvre sur un possible univers parallèle qui n’aurait rien à envier à celui-ci. Une parenthèse qu’on referme presque à regret en attendant un éventuel développement futur.

mélancolie

Nous voici au bout du disque avec de bien jolis mots dans notre sacoche. Des mots qui feraient presque oublier que derrière la douceur et la beauté, les chansons d’Anna Tivel coulent dans une rivière de mélancolie, comme il se doit. C’est ce qui les rend universelles et nous touche au plus haut point. Des mots qui feraient aussi presque oublier que les chansons d’Anna Tivel sont des histoires à part entière, des histoires parfois engagées, bien que toujours poétiques, qui abordent aussi bien le cheminement d’une identification transgenre ("The question") que l’immigration clandestine ("Fenceline"). Des histoires à hauteur d’homme ou de femme surtout, d’une infinie délicatesse.

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publié par le 28/05/19
Informations

Sortie : 2019
Label : Fluff and Gravy Records

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