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publié par gab le 03/07/07
ane brun - Café de la Danse, Paris - 29/06/2007
Café de la Danse, Paris

bafouille

On en a eu la confirmation vendredi dernier au Café de la danse à Paris, il y a incontestablement de l’intemporel chez Ane Brun. A tel point qu’il n’est pas inconcevable, loin de là, d’attaquer cette petite bafouille avec un album de Brassens dans le casque comme on le fait actuellement (un album on a dit, pas une compile, merci bien). Hautement concevable même tellement ce qui frappe chez Ane Brun c’est la voix et le jeu de guitare. Et quoi de mieux qu’un concert dépouillé, deux voix, une guitare, pour se reprendre de plein fouet cette évidence, cette grande claque reçue il y a deux ans environ à la découverte d’A temporary dive, l’album, et plus précisément d’"A temporary dive", la chanson.

mains

Et ce qui frappe justement au départ c’est cette voix sans âge ou plutôt si, d’un autre âge, légèrement anachronique donc pour notre époque bassement matérielle et puérile. On pense aux grandes chanteuses contestataires des années 60 alors qu’on connaît très mal cette époque et que ça n’a peut-être rien à voir mais c’est cette impression diffuse de distance et de proximité à la fois, et de grandeur surtout. Une voix incroyablement riche qui fera qu’on s’empressera d’ailleurs de l’offrir à ceux-là même qui nous auront fait découvrir et redécouvrir le dit Brassens à différentes périodes de notre vie.

Ce qui frappe ensuite c’est la sensibilité, l’émotion et la force, particulièrement palpables en concert (mais paradoxalement un peu en retrait sur l’album Live in Scandinavia), qui font qu’on est captivé en un demi-morceau et qu’on s’ébrouera en fin de concert d’un "quoi c’est déjà fini" incrédule. Sensibilité exacerbée vendredi par la présence de Nina Kinert pour des chœurs somptueux, tout en finesse, contrepoints parfaits au chant d’Ane. Discrétion assurée et beauté vocale éclatant au grand jour sur cette magnifique (et vocalement égalitaire) version de "Lift me" de Madrugada.

Dernière frappe enfin et non des moindres, un jeu de guitare magistral malgré (ou de par) sa sobriété affichée. Il suffit de la voir jouer "To let myself go" et sa partie de guitare complexe mais tellement naturelle entre ses mains pour être fortement impressionné et transcendé. Mais voila, On a dû traîner trop longtemps dans les petites salles de concerts miteuses à voir des groupes qu’on aime justement pour leur façon de compenser leur technique inexistante par un supplément d’âme, à moins qu’on n’ait trop écouté la scène française actuelle pour essayer de comprendre les engouements, d’y trouver les tenants et aboutissants. En raccourci on a dû trop se laisser aller ou devenir moins exigeants qui sait. Or que voulez-vous faire quand la technique et le professionnalisme (dans le bon sens du terme) rencontrent ainsi une voix exceptionnelle et un feeling hors norme ? à part se prendre pour André Manoukian ou mieux, s’incliner bien bas ou encore pleurer en enchaînant péniblement deux accords pathétiques, franchement on ne voit pas trop.

étendard

En même temps nous voila rassurés, à une époque décadente comme la notre où tout un chacun peut, ego en étendard, enregistrer ses trois gratouillis (on a testé pour vous) et se rêver rock-star, ce n’est pas un mythe, la cour des grands existe, on le sait, on en a vu un de ses membres éminents vendredi soir ...

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publié par le 03/07/07