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publié par benoît le 13/10/08
Ane Brun
- Sketches
Sketches

La norvégienne Ane Brun est décidément la marchande idéale de douceurs saisonnières. Elle qui a sacré le printemps avec Changing of the seasons revient saluer le dénuement de l’automne avec une délicate déclinaison déshabillée de l’album, soit les versions démo de ces mêmes chansons, agrémentées de deux inédits et regroupées sous le titre Sketches (« esquisses »)

les patrons de la patronne

L’occasion d’observer les compositions par le trou de la serrure, avant qu’elles ne soient vêtues de soie par le couturier islandais Valgeir Sigurðsson (arrangeur dont la renommée doit beaucoup à une collaboration avec Björk). Où l’on découvre, blotties sous l’étoffe, des chansons de crépon, patrons au millimètre, à la fragilité héréditaire depuis le frugal Spending time with Morgan.

Ainsi déparées de leurs plumes de paon, elles bravent leur pudeur à l’approche de l’hiver pour livrer leur essence en tous petits flacons. 10 seconds se révèle gospel, les vieux amants y sont implorés, Gillian est déjà belle à pleurer. La voix dit les tourments de l’âme en proie au désenchantement amoureux, soumise au changement des saisons. « it’s the changing of the seasons / (...) I need them / I guess I’m too Scandinavian / the relief of spring / intoxication of summer rain / the clearness of fall / how winter makes me reconsider it all »

Sans jérémiades déplacées, sans jamais tirer sur la mélodie, empruntant des tangentes soul, blues, country, elle hâte son débit avec l’urgence des sentiments, de contrées givrées en réconfort enfin trouvé.

démo des mots

Une poignée de ces ballades avaient déjà trouvé au stade de la démo leur configuration quasi-définitive (les optimistes Changing of the seasons, My star ou Gillian), les autres nous mettent en face de notre propre spleen et confirment la musicalité des mots et l’intelligence du phrasé, sur un simple canevas d’arpèges essaimées.

On pourra au coin du feu se blottir en Sketches à mesure que la saison avance, le craindre comme catalyseur de tendances suicidaires, ou tout simplement le considérer comme une œuvre documentaire, témoignant du remarquable travail d’arrangement ayant su muer la délicatesse d’esquisses en élégance déployée sur Changing of the seasons.

A réserver aux amoureux transis de la belle norvégienne, ou aux curieux qui veulent la voir réellement à nu.

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publié par le 13/10/08