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publié par Emmanuelle Nemoz le 20/03/19
André Manoukian Quartet feat. Audrey Kessedjian - Espace Le Bois aux Dames, Samoëns - 17/03/2019

Depuis la sortie de son dernier album, Apatride, André Manoukian continue de remonter la piste des origines de la musique en direction de l’Orient, celui de ses grand-parents arméniens bien sûr, mais également celui de l’Inde des vedas qui, comme il l’explique au public du festival Samoëns en Récital, a créé il y a quelques 8000 ans un langage sonore issus des fréquences de vibration de l’univers.

Le ton est donné.

André Manoukian s’est en effet entouré d’un quartet "ethno-jazz" avec son violoncelliste Guillaume Latil, le percussionniste indien Mosin Kawa aux tablâ et Rostom Khachikian au doudouk (le hautbois arménien), avec en invitée la mezzo-soprano Audrey Kessedjian, qui prête sa voix envoûtante aux chants traditionnels arméniens revus en mode jazz qui clôturent le set.

Au fil des morceaux, issus d’Apatride et du précédent album d’André Manoukian, Melanchology, les tablâ indiens et les riffs jazzy du piano se répondent, le violoncelle épouse les sonorités orientales et le doudouk vient poser la touche finale d’un pont entre Orient et Occident qui démontre avec brio que la musique est un langage universel qui se joue des catégories, des lieux et des époques.

L’improvisation est présente, chaque musicien laissant à son tour libre cours à son inspiration - ce qui permet notamment à Mosin Kawa de montrer tout son talent seul sur scène dans un solo endiablé, et à André Manoukian de rendre hommage à Charles Aznavour en glissant délicatement quelques notes de "La Bohème" dans une de ses mélodies.

Entre deux morceaux, André Manoukian raconte, avec la verve qui fait son succès sur les ondes : les origines du jazz, les retrouvailles avec ses origines arméniennes longtemps mises de côté...Et pour illustrer ses explications sur la complexité et la richesse des gammes chromatiques et des rythmes de la musique orientale, il esquisse au piano un "Blue Rondo à la Turque" de Dave Brubeck ou un "Misirlou", morceau traditionnel grec popularisé par Dick Dale puis par Pulp Fiction, et fait pratiquer au public les rythmes impairs ultra syncopés sur lesquels le quartet lance un "Electrik Derviche" survolté.

Enfin, comme il se doit, c’est avec le traditionnel arménien du VIIème siècle, "Dele Yaman" ("coeur brisé") en rappel que se termine le voyage, entre les pleurs du doudouk de Rostom Khachikian (qui a joué ce morceau lors de l’hommage national rendu à Charles Aznavour aux Invalides en octobre dernier) et l’émotion de la voix d’Audrey Kessedjian comme venue du fond des âges.

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