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publié par Mickaël Adamadorassy le 01/12/05
Anabel's Poppy Day
- Small Songs For Small People
Small Songs For Small People

Anabel’s Poppy Day pose au chroniqueur que je suis un problème aussi épineux qu’inédit : commet rendre compte d’un CD de 45 pistes, dont la plupart durent entre 30 secondes et 1 minute 30 ? C’était couru d’avance, à artiste hors-normes, il faut une approche hors-normes, seul moyen de donner une idée du trip barré et plutôt réjouissant que représente ce small songs for small people.

The Lochness Monster

Imaginez un instant que Jason Lytle de Grandaddy soit une fille pas très grande avec une voix de gamine, le genre mignon et un peu flippant façon happy tree friends. Imaginez qu’il ait décidé de virer son batteur pour le remplacer des percussions jouées au clavier de manière aussi bourrine que peu orthodoxe. Qu’il ait mis des cordes en alliage de barbe à papa sur sa jazzmaster, que celles de la basse soient en guimauve inoxydable. Et surtout que les sonorités de synthé vintage délicieusement trafiquées qui sont le piment des sucreries pop de Grandaddy constituent désormais la trame des morceaux. Et que bizarrement elles transportent autant d’émotions, dépouillées de la formule du groupe rock. Avec peut-être une petite part de nostalgie qui ramènent aux bandes-son de nos vieilles consoles 8 bits, aux heures passées à sauter sur la tête de monstres bizarres en se gavant de champignons.

Vous imaginez ? félicitations, vous avez maintenant une idée du niveau le plus basique de perception des small songs.

Lerne

Parce que décrire tout la diversité de ce disque relève presque des travaux d’Hercule, c’est une sorte d’hydre musicale, à chaque écoute on lui découvre une nouvelle tête, une sonorité loufoque, une progression rythmique bizarre ou simplement une pointe d’émotion bien sentie dans la voix, voir un morceau dans un style assez différent, qu’on avait pas remarqué à l’écoute précédente, perdu au milieu des quarante-quatres autres morceaux du disque.

Ariane

C’est la seule chose qu’on pourra regretter dans ce disque, c’est qu’il y a beaucoup de choses et c’est aussi ce qui en fait l’intérêt mais je trouve qu’il y en a un peu trop, qu’un format alternant des pièces courtes avec un peu plus de pièces longues aurait mieux servi la musique en laissant le temps à celui qui écoute, de digérer, de s’imprégner.La variété des morceaux est très grande, on peut passer d’un instrumental basé sur quelques sonorités mélancoliques à une chanson speed avec des paroles rigolottes et la batterie qui tabasse pour se finir dans une sorte de chaos sonore. Malgré ou à cause de cela, il faut avouer que c’est pas évident d’arriver au bout du CD.

New Media For New People

Mais peut-être qu’au fond ce n’est pas le but, peut-être qu’au fond Anabel a tout compris aux nouveaux modes d’écoute de la musique apparus avec Internet, où la notion d’album n’a plus vraiment cours. Sur son très joli site en Flash, dont le graphisme cartoon fait partie intégrante de l’univers musical qu’elle a créé, on peut écouter à l’envie les morceaux dans le jukebox. Je vous conseille d’aller y faire un petit tour, histoire de découvrir Cheese Feet, un tube énorme qu’on regretterait presque qu’il ne dure que 47 secondes, si on le gardait pas après très longtemps dans la tête.

Les small songs d’Anabel ne sont pas pour tout le monde, d’ailleurs c’est dans le titre : c’est pour les "small people", je vois déjà plein de grands méchants qui vont être pas drôles, dire que la batterie c’est un peu n’importe quoi (et des fois on se demande...), qu’on peut pas faire de disques comme ça. Parce que c’est des grands et qu’ils sont chiants. Moi je suis un petit d’1m80 qui adhère totalement à cet univers loufoque au premier abord mais qui livre aussi une certaine mélancolie si on lui en laisse le temps. Bref soyez petits dans votre tête et chantons tous cheese feet en choeur en prenant une petite voix suraigue.

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publié par le 01/12/05
Informations

Sortie : 2004
Label : autoproduit