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publié par gab le 06/11/12
Amélie-les-crayons
- Jusqu'à la mer
Jusqu'à la mer

De prime abord, Amélie-les-crayons, c’est l’énergie et la couleur des concerts. Quel que soit l’âge, on tombe sans faillir sous les coups de butoir de ses personnages à la fois drôles et touchants, de la maigrelette à Elizabeth en passant par ses cours d’éducation à l’usage des toilettes (pour nos amis les hommes). On se doit d’ailleurs de commencer par vous conseiller fortement le DVD, A l’ouest (2009), sans doute la meilleure porte d’entrée dans son univers si joliment mis en scène. Dans un deuxième temps, sur album (La porte plume, 2007), et sans doute plus pour les grands, on tombe sous le charme d’une douce et prégnante mélancolie. Même les morceaux les plus dynamiques lui font une petite place et on ne vous parle même pas des balades piano-voix. Puis, inévitablement, on fond pour le morceau, celui qui fait mouche là-bas au fond, tout au fond. C’est "Chamelet", à la fois triste et gai, parfait. Vous vous demandez peut-être pourquoi une telle entrée en matière plutôt que d’attaquer bille en tête sur le nouveau disque comme il se doit. C’est qu’un univers tel que celui-ci, cela s’entretient, se découvre, s’attend. Et quand après quelques années arrive un nouveau disque, pour le savourer à sa juste mesure, on prend le temps … jusque dans sa chronique.

inattendu

Du temps il en faut d’ailleurs un minimum puisque ce nouvel album, Jusqu’à la mer, penche plus fortement encore qu’auparavant du côté de la mélancolie et de la douceur. Ça tombe plutôt bien, c’est de ce côté-là qu’on l’espérait. Ce qu’on n’avait pas vraiment prévu par contre c’est la tendance bretonnisante qui frappe aux premières écoutes et qui entraîne forcément quelques pensées impures. « Que vient-elle donc surfer sur la vague bretonno-nolwennesque de l’an passé ? » « Mais pourquoi une lyonnaise nous fait-elle une fixette sur ses vacances à Douarnenez ? ». On vous l’accorde c’est moche, d’autant que lorsqu’on a pris le temps de la découverte justement, ces petites réflexions en deviennent presque risibles. Oui, on peut faire un album sur la mer et son rapport à la Bretagne (ou l’inverse) sans pour autant tomber dans les clichés (en ce qui concerne nos pensées, c’est plus difficile). Et pour peu qu’on ait les qualités musicales et d’écriture d’Amélie-les-crayons, ça prend tout de suite un tour aussi poétique qu’inattendu. D’ailleurs parlant d’inattendu, il n’y a pas que l’auditif qui se régale, jetez ne serait-ce qu’un petit coup d’œil à l’intérieur du superbe coffret qui accompagne le disque, vos yeux aussi en prendront pour leur grade.

leçon

Pour les sceptiques (et les autres, il n’y a pas de raison), n’hésitez pas non plus à entrer en douce par la porte de sortie, commencez par écouter le morceau pour lequel on fond, fond, fond d’emblée, et pire à chaque nouvelle écoute, le dernier titre du disque "Tout de nous". On parlait plus haut de délicatesse, en voici un condensé, une leçon du genre. Toute la sensibilité d’Amélie-les-crayons à cueillir bien fraîche de l’arbre lui-même. Une fois bien détendu et réceptif, vous êtes prêt, vous pouvez reprendre au départ. Vous ne serez d’ailleurs pas trop dépaysé puisque l’album s’ouvre sur un "Voyager léger" lui aussi tout en douce contemplation. Le parti pris sera ensuite d’alterner une chanson sur deux entre morceau calme et morceau plus enlevé sans jamais se départir de ce fond de mélancolie, à l’image d’un "On n’est pas fatigués" affichant haut et fort un refrain guilleret tout en étant cerné de près par des couplets aux colorations vocales fend-le-cœur.

mantra

On devient ainsi rapidement accro à cet album qui s’en va titiller de très près nos émotions, assaillant sans relâche notre plutôt sensible palpitant. Amélie-les-crayons nous enveloppe de la beauté mélodique de "Marie Morgane", de la couverture chauffante de "Mon ami", du déchirant "Les vents de brume", quand elle ne relève pas des défis improbables du genre réaliser un melting-pot musical en clin d’œil à Barbara et Brassens ("Les saintes"). Entre le réjouissant mantra "Les filles des forges" et l’à-fleur-de-peau "La balançoire", Amélie-les-crayons nous berce haut et bas, suffisamment en douceur pour nous éviter le mal de mer et assez énergiquement pour ne jamais nous endormir. Du grand art.

frontières

Et parlant d’art, on va de notre côté s’essayer à celui de l’attente. Un art qu’on ne maîtrise que moyennement mais sur lequel il faudra bien travailler un minimum avant de pouvoir découvrir l’adaptation scénique de Jusqu’à la mer. A moins que ce ne soit, au contraire, le disque qui s’inspire du spectacle, on s’y perd un peu tellement Amélie-les-crayons s’affranchit naturellement des frontières. Ce n’est que justice, celle qui à la base vient de la scène inévitablement nous y ramène.

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publié par le 06/11/12
Informations

Sortie : 2012
Label : Neômme

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