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publié par Mickaël Adamadorassy le 08/06/23
Alvvays - Le Trabendo, Paris - 04/06/2023

On avait découvert les canadiens d’Alvvays avec leur deuxième album Antisocialites mais on n’avait pas eu l’occasion de voir en concert Molly Rankin (chant-guitare) et ses compères. Il faut dire qu’entre Antisocialites et Blue Rev, le nouvel album sorti l’année dernière, il s’est écoulé quatre années où le groupe s’est fait très très discret, au point qu’on l’avait un peu oublié et que des rumeurs de split avaient circulé, surtout avec le départ du bassiste Brian Murphy qui était là depuis les débuts en 2011. Et donc revoilà Alvvays, avec un disque d’indie-pop jouissive qui affiche plutôt fièrement ses influences (un titre s’appelle "Tom Verlaine" et un autre "Belinda Says", la ligne de chant de "Pharmacist" qui fait immédiatement penser à Rachel Goswell). Et en même temps Alvvays a largement un style qui lui est propre, une générosité et un côté auberge espagnole qui nous rendait très très curieux de voir ce que cela pouvait donner en live.

Pour cela, il fallait aller de bonne heure au Trabendo un dimanche en fin d’après-midi, car la date affiche complet depuis un moment déjà. Dans la file d’attente, le public vingtenaire/trentenaire typique des concerts indé mais aussi beaucoup de jeunes, parfois sous supervision parentale. Un public enthousiaste, qui connait les paroles de beaucoup de chansons et fait monter rapidement la température dans la salle parisienne, on n’en arrive pas au pogo mais on en est pas loin quand le groupe dégaine ses titres les plus connus.

Alors que le disque a une production plutôt clean et bien léchée, le son live d’Alvvays est tout de suite plus crade, plus rock ce qui n’est pas du tout pour nous déplaire et en même temps la voix de Molly n’a aucun mal à percer le mix, ou plutôt elle occupe un large espace dans le medium, laissant le bas à la basse et la batterie,où il faut absolument souligner le boulot génial de Sheridan Riley pour "porter" la maison avec un jeu souvent sobre mais puissant, ultra-précis dans les roulements et autre fills, qui contribue pour beaucoup à l’impression d’énergie que le groupe dégage, à donner un côté péchu, sautillant, presque dansant à la musique.

Les aigus eux sont sans trop de surprises principalement réservés à un duo de Fender, Jaguar et Mustang, en alternance pour Molly et Alec . Le gros son est là avec quand même ce côté incisif qu’on connait à ces guitares mais peut-être un peu blindé d’aigus, si vous n’avez pas de protections auditives. Alvvays a une claviériste à plein temps dans le groupe mais on a un peu de mal à distinguer ce qu’elle joue sauf quand les guitares font une petite pause. Un poil dommage mais on est un peu dans le pinaillage car le son global est quand même bon, et... "fun", comme le set du groupe en fait : avec Alvvays il n’y a pas de prise de tête, ils ne parlent pas beaucoup entre les morceaux mais on sent qu’ils prennent du plaisir à jouer, dans les sourires de Molly, les regards qui se croisent et ils maitrisent très bien leur sujet.

Alors on a tout de suite envie de hocher la tête, de fredonner les airs connus et on prend beaucoup de plaisir à voir le groupe dérouler son set, il y a beaucoup de simplicité dans l’attitude des musiciens mais cela n’enlève en rien à l’impact et la puissance du set avec des morceaux très pop, très aériens et des titres plus nerveux, plus noisy, un vingtaine de titres tirés principalement du dernier album et de son prédécesseur qui s’enchainent pendant une bonne heure et quart, où on ne voit pas le temps passer et dont on sort content, avec la voix de Molly qui résonne encore un peu de nos oreilles. Les disques laissaient présager une performance a minima intéressante, on a découvert ce soir qu’Alvvays est un vrai bon groupe de scène.

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