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publié par Mathilde Vohy, Mickaël Adamadorassy le 10/02/20
Alice et Moi - La Cigale, Paris - 28/01/2020

Depuis qu’elle a quitté ses études de journalisme pour se consacrer à la musique, Alice et Moi n’en finit plus de nous séduire. En 2017, son premier EP Filme moi avait attisé notre curiosité. Puis, en 2019, Frénésie nous avait complètement convaincus et entraînés dans le fan club de la douce voix d’Alice. Sur scène, nous l’avions alors vue à la Boule Noire puis au MaMA festival. Mais cette fois-ci c’est une première Cigale, un cap dans une carrière d’artiste, c’est un rendez-vous qu’on ne pouvait pas louper Alice et nous.

Arrivés sur place bien en avance, nous observons la salle se remplir lentement. Mais fausse alerte les spectateurs arrivent finalement en masse à quelques minutes du lancement de la première partie. Et à ce sujet, c’est KLON qui a pour mission d’ouvrir la soirée.

KLON sans torts

Leur nom ne vous dit rien ? Nous non plus et cela semble assez normal quand on apprend que c’est seulement leur deuxième concert. Nous découvrons cinq jeunes gens, tous parés d’un pantalon velours bleu et d’une chemise blanche. Cheveux longs, moustache, tatouages, vernis noir et bagues en argent, le groupe semble tout droit sorti de l’avant-seventies. Pourtant, Woodstock, ils ne l’ont jamais connu. Ils ont 25 ans à tout casser. Et plus qu’un style vestimentaire commun, un étrange air de famille.

Bingo, KLON, en réalité, c’est une bande de jeunes rêveurs qui vivent sous le même toit, des frères et sœurs liés par le sang, l’amitié et la musique. C’est en 2015, en banlieue parisienne, que le groupe se forme et commence à produire une musique hybride, entre chanson française et bande son électro new wave. Sur fond de drums machines délurées, de nappes de synthé hypnotiques, et de riffs entêtants, ils scandent, le temps de cinq chansons, la liberté et la révolte. Lors de leur dernier morceau, c’est l’amour qui est au centre des préoccupations. Bras dessus-bras dessous, la fratrie chante “au revoir les copains” en acoustique et finit par un joyeux “bye bye” avant de s’échapper vers les coulisses.

Alice et les garçons

Une petite pause, un changement de plateau et c’est au tour d’Alice et Moi. Enfin, ce sont ses trois musiciens qui arrivent d’abord sur cette scène ornée de néons. On reconnaît directement Antonin Boisadan alias Dani Terreur, son compagnon de toujours à la guitare. A ses côtés, Adrien Perier à la batterie électronique et aux percus, et Noé Beaucardet alias Amarillo, aux claviers. Un crew entièrement masculin donc, qui ne tarde pas à se mettre en route tandis que le public réclame Alice.

Envoûtés

La chanteuse arrive alors tout en décontraction sur les planches de La Cigale et entame le premier couplet de « C’est Toi Qu’elle Préfère ». La chanson, extraite de son premier EP Filme moi est immédiatement reprise en chœur par le public. La première chose qui nous saute aux yeux, c’est la large place laissée au groupe, à l’instrumentation, dans le mix comme dans les arrangements live des morceaux. La chanteuse elle-même est mise à contribution : elle délaisse parfois le centre de la scène pour jouer quelques parties sur son mini-clavier, un Yamaha Reface CS placé à droite de la scène. On est totalement à l’opposé de ces shows électro avec juste un playback et une voix. C’était déjà le cas dans les concerts précédents d’Alice mais on sent qu’un travail collectif a été fait à ce niveau et cela valait le coup car le show y gagne énormément en dynamique et spontanéité.

De plus, alors qu’Alice aurait pu laisser ses acolytes dans l’ombre, elle leur accorde au contraire, une place importante tout au long du show. A plusieurs reprises, la chanteuse se met en retrait pour laisser Dani, Adrien et Noé s’exprimer. Lors de la présentation d’une de ses nouvelles chansons intitulée « Drama », Alice quitte même la scène et nous laisse seuls avec Dani Terreur et son solo de guitare électrique.

Quant à la voix d’Alice, les moments de grâce qu’elle tisse, son timbre envoûtant qui nous avaient rendu accros sans le moindre espoir de rémission, elle est au rendez-vous, aussi belle que sur disque avec en plus cette énergie, cette intensité que procure l’adrénaline du live. Alice et Moi c’est de la pop sensuelle et percutante, lascive et délicieusement provocante. Pour quelqu’un qui, il y a 4 ans, n’avait pas de réseau ni la moindre expérience musicale, le chemin parcouru est assez impressionnant. Aujourd’hui, Alice crée, compose et se produit sur scène mais surtout elle sait partager et s’exprimer à travers sa voix et ses chansons.

Touchés

En parlant de la scène, l’autre constat est qu’Alice y est toujours aussi à l’aise. Cette aisance nous avait surpris dès ses premiers concerts et se confirme aujourd’hui, même dans des salles plus grandes et plus remplies. Dans ses interviews, la chanteuse avoue que quelques années plus tôt, monter sur scène était son pire cauchemar, qu’elle était terrorisée. On a encore du mal à y croire quand on la voit danser et occuper l’espace de cette manière. Le concert a tout d’un concert vrai show de pop.

Rien qu’en terme d’apparence, Alice colle parfaitement à l’image qu’on se fait des chanteuses pop du moment. Comme premier look pour la soirée, la chanteuse a en effet choisi une combi aux teintes violettes assortie de sa célèbre casquette blanche. Entre « Drama » et « Filme moi », Alice change de tenue et opte pour un ensemble pailleté complété par un bob rose.

Des rituels se sont également mis en place avec le public : brandir sa main tatouée d’un œil, emblème de la chanteuse, sur « T’es Fait Pour Me Plaire », chanter « Derrière les montagnes » en acoustique, dégainer son téléphone pour filmer le tube « Filme Moi ». Lors du rappel et des titres « Je suis all about you » et « J’en ai rien à faire », Alice et Moi se fait même plaisir et lance des pogos et un dead wall. Le public n’attendait que ça et s’y donne à cœur joie.

Les seuls signes qui trahissent sa jeunesse et sa candeur sont ses émotions. La parisienne a parfois du mal à les contenir, et ce dès la deuxième chanson, quand les lumières s’allument et dévoilent la fosse bondée de La Cigale. Rebelote à chaque inter-chansons. Alice est hésitante et reprend sa respiration avant de répéter qu’elle a la sensation d’être quelqu’un d’autre qu’elle et que c’est le plus beau jour de sa vie. A plusieurs reprises, elle se retourne vers son groupe et semble leur demander si tout cela est bien réel.

Climax

Alice n’est pas blasée des concerts et de la foule qui scande son nom, au contraire, elle affiche un grand sourire et profite de chaque seconde. Enfin, la bonne nouvelle de ce concert, c’est aussi l’annonce (attendue) de la sortie imminente d’un nouvel opus. Après ses deux EP, Filme moi et Frénésie, en 2017 et 2019, on peut largement espérer un premier album en 2020. Plusieurs chansons nous sont présentées lors du concert à l’image de « Tout Nu » ou de « Les Mots », que nous apprenons d’ores et déjà à chanter.

Le show se termine dans une ambiance électrique sur le titre « J’en ai rien à faire » que le public n’a cessé de réclamer. Alice invite KLON à venir danser. La foule se déchaîne et essaye également de s’immiscer sur scène avant d’être rattrapée par la sécurité. On repart de ce concert la tête plein de beaux souvenirs. On aura vu une ambiance monter crescendo, une Alice émue aux larmes et entendu des instrus de plus en plus percutantes et une voix toujours aussi envoûtante.

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