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publié par gab le 17/02/09
alela diane
- to be still
to be still

Délestons-nous, si vous le permettez, du suspense d’entrée de jeu : To be still, le nouvel album d’Alela Diane, est magnifique, c’est un fait, mais c’est surtout le disque qu’on attendait d’elle sans vraiment le savoir. Il s’agit là d’une évidence qui s’installe à la première écoute, au fur et à mesure qu’on découvre les morceaux, une évidence ressentie sur chacun d’entre eux autant que sur le déroulement général de l’album, une évidence qui nous poursuit malgré quelques menues tentatives de rationalisation. Oui, cela crève les yeux et nos oreilles, ce disque ne pouvait qu’être ainsi, une pièce maîtresse, un classique instantané.

émergée

Et pourtant on n’aurait pas forcément parié sur cet album a priori car s’il est un retour de hype que l’on redoutait particulièrement, c’est bien celui-ci : Alela Diane, révélation 2007, régulièrement mise en avant en 2008 que ce soit dans les journaux ou en magasin avec son premier album The pirate’s gospel. Album certes prometteur mais qui nous laissait au final un peu sur notre faim, décontenancé par un je-ne-sais-quoi indéfinissable à l’époque. Or à l’écoute de To be still, on se rend rapidement compte que nos inquiétudes concernant ce deuxième album étaient totalement infondées. Mieux, on comprend enfin cette gêne perçue sur son premier disque, gêne dont on avait bien du mal à se débarrasser. Principal instrument du trouble sur The pirate’s gospel donc : ce chant un peu forcé, à la limite du naturel, à la fois attirant et déstabilisant, donnant une certaine froideur à l’ensemble. Métamorphosé sur To be still, le voici désormais clair, limpide, rayonnant. Mais ce blocage sur le chant, partie émergée de l’iceberg, cachait surtout, on le découvre a posteriori, une sensation d’incomplétude persistante, le pressentiment sans doute de ce que pourrait/devrait être la musique d’Alela Diane. Cela semble un peu mystique dit comme ça mais de là vient cette évidence, cette reconnaissance, ce soulagement à l’écoute du nouvel album. Les tensions s’évaporent, des saveurs s’installent, une plénitude délicieuse nous envahit, tout ça à la première écoute, ce n’est pas rien. Et ce n’est pas tout.

maintient

Il va sans dire que les écoutes suivantes ne font que confirmer ces impressions, que ce soit sur le chant, qui parvient enfin à pénétrer nos défenses et s’infiltrer en profondeur, mais aussi sur les orchestrations, légèrement plus étoffées que sur l’album précédent (violons, slide-guitars ...) et surtout moins rêches mêmes dans de simples guitares-voix. C’est la douceur générale qui prédomine, celle-là même qui, on en est les premiers surpris, sied si bien à Alela Diane. Douceur ("Tatted lace", "My brambles") qui n’empêche pas force d’interprétation ("Dry grass & shadows", "To be still", "The ocean") et présence surnaturelle ("White as diamonds", "Take us back", "Every path"), loin de là. Alela réussit ici le dosage parfait entre tous ces éléments et maintient celui-ci sur l’album entier, aucun relâchement ne venant rompre le charme.

embuscade

Enfin, pour couronner le tout (comme si cela ne suffisait pas), cet album contient le morceau, celui en embuscade, prêt à nous achever, celui dont on ne se remettra pas, le point de non retour : "Age old blue", sa mélodie intemporelle et sa deuxième voix masculine. On retrouve un peu les mêmes sensations que lorsqu’on est tombé sur "Piazza New York catcher" de Belle and sebastian, dans un autre genre bien sur, mais il a ce même côté universel, donnant cette impression d’avoir toujours fait partie de notre vie, d’être intrinsèquement là, attendant juste le bon moment et le bon interprète pour se révéler. Ces morceaux là sont rarissimes, à savourer évidemment ; ils vous tombent dessus alors que vous vous y attendez le moins, remplissant les creux par vagues successives, catharsis salutaire à l’image de ce disque exceptionnel.

jeu

Maintenant c’est bien joli tout ça, on encense à tout va, on s’incline bien bas mais à vrai dire on plaint sincèrement Alela Diane ... ce n’est pas un album classique qui comblera nos attentes démesurées pour la suite, il nous faudra un chef d’oeuvre ni plus ni moins.

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publié par le 17/02/09