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publié par gab le 27/09/13
Alela Diane
- About farewell
About farewell

Si on s’était discrètement fait porter pâle à la sortie de son précédent album, le décidément bien trop produit Alela Diane & Wild Divine, c’est qu’on peinait à reconnaitre sous ces orchestrations tendance country-pop l’Alela Diane qui nous avait tant émus sur ses deux premiers disques. Pas de risques que cela arrive avec son nouvel album About farewell puisqu’elle renoue ici avec ce dépouillement qui l’habille si bien et nous va droit au cœur. Du coup, comme on a du mal à faire les choses à moitié, on s’est resservi trois fois ce midi. En même temps ce n’est pas bien grave, le disque est court (30 minutes tout au plus) et si la folk mélancolique faisait grossir ça se saurait.

guide

Evidemment ce n’est pas qu’une question de dépouillement. On aime certes la délicatesse de ses arpèges et ces orchestrations intimes qui se mettent au service du chant, mais on succombe surtout à l’afflux de sentiments et de sensations qui suintent du chant d’Alela Diane. D’ailleurs son chant à lui seul suffirait sûrement à notre bonheur. Comment arrive-t-elle à suggérer ainsi autant de mélancolie dans tant de douceur et d’assise vocale ? Mystère. La boule de gomme étant qu’on peut aisément avoir plusieurs niveaux d’écoute d’un tel disque. Le premier, bien fatigué après notre métro-boulot-prédodo, va nous détendre délicatement tel un massage à peine effleuré. Petits exercices de relaxation en plus et nous sommes prêts à nous jeter dans les bras de Morphée. Le deuxième niveau, le plus beau forcément, c’est lorsqu’à fleur de peau nous laissons pénétrer cette crème sonore par tous nos pores. Alela Diane se diffuse alors, se répand ; nous infusons et sommes la voix. Pas The Voice comprenons-nous bien, c’est bien plus subtil que ça vous vous en doutez. Cette voix est à la fois le guide et le moyen de transport, l’air que nous respirons et l’élan qui nous transporte. La voix.

aube

Pas qu’une histoire de dépouillement mais quand même, ça joue, indéniablement. La communication officielle autour de la sortie du disque met principalement en avant le fait qu’il s’agit d’un album de rupture amoureuse. Si on ne doute pas un instant de l’élément déclencheur et de l’état d’esprit d’Alela Diane lors de l’écriture des morceaux, on y voit quant à nous le disque d’une renaissance, un nouveau départ, douloureux certes, mais lumineux aussi. About farewell commence aux petites heures de la nuit en mode introspectif. Les trois premiers morceaux sont la tristesse même, on se recueille sur "Colorado blue", on pleure en silence dans la beauté tragique d’ "About farewell", on se tourne vers l’Est sur "The way we fall" et on entrevoit en toute fin de morceau les premières lueurs de l’aube. Alela Diane autorise les rayons lumineux à pénétrer ses morceaux, les couleurs s’éveillent, l’espoir renait sur les magnifiques "Nothing I can do" et "Lost land". Rarement avait-on vu un tel lever de soleil. La tristesse est bien sur toujours là mais elle se teinte, elle se transforme. Elle nous transforme.

élan

Plus on avance dans le disque, plus les chansons s’ouvrent sur l’extérieur. La matinée s’annonce belle sur le presque sautillant "I thought I knew" ainsi que la délicate mélodie de "Before the leaving". Alela Diane lève les yeux et chante clairement pour nous, ses yeux et sa voix nous enrobent, on ne voit plus rien ni personne d’autre. Et ce n’est pas le petit contrecoup de onze heures, "Hazel Street", qui pourra changer quoi que ce soit. Sur ce disque la mélancolie n’est de toutes façons jamais bien loin, elle refait surface au détour d’une intonation ou pour une chanson entière. Elle est chez elle. Midi, l’heure du nouveau départ a sonné, "Black sheep" est là. C’est chanson la plus évidente du disque, la plus volontaire. On savoure pleinement ces « rusted blue » de fin de morceau et l’élan même de cette renaissance. Ne reste au final que la nostalgie à la fois diffuse et prégnante, "Rose & thorn", qui accompagnera encore longtemps les pas d’Alela Diane. Car, dépouillement ou non, une chose est sûre, la route sera longue et tristement lumineuse.

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publié par le 27/09/13