neutre

Vous reprendrez bien un peu de rabe du meilleur groupe de rock du monde ? Le qualificatif n’est certes ni neutre ni de moi puisqu’il émane de michael gira, accessoirement patron de young god, label d’akron family, et tout aussi accessoirement employeur de ce même groupe au sein d’angels of light. Mais, il est difficile de contredire ce bon sens. Après un fantastique premier album paru au printemps dernier et suite à une tournée mondiale, gira et les akron / family ont eu la bonne idée de faire un tour en studio, histoire de coucher d’autres perles pour un split album. Cet album partagé offre donc sept nouveaux titres d’akron / family et cinq d’angels of light.

norme

une fois de plus, akron / family prend nettement l’avantage par des morceaux génialement barrés. Ce n’est pas seulement un zeste de folie, mais bien une écriture riche et singulière, des sonorités inédites, une manière de construire des morceaux bien personnelle et surtout hors norme. Les akron / family mènent leur barque avec une maîtrise épatante pour une si jeune formation. Ils osent pousser leurs compositions dans l’extrême, avec des passages extrêmement bruyants, à la limite de la justesse et de l’audible pour mieux se raccrocher ensuite au délicieux passage d’une mélodie fine agrémenté d’harmoniques savantes. cet équilibre se fait et se défait sous nos oreilles, sans qu’il soit possible de le prédire, de le deviner. De quoi surprendre à chaque lecture.

mélange

justement, ce n’est pas le genre de groupes dont on retient les morceaux au bout de quelques écoutes. Si vous êtes plutôt du genre à consommer rapidement un album, akron / family va vous tenir en échec. les morceaux ont beau se mettre en place à l’identique, figés qu’ils sont sur ce petit bout de plastique, les enceintes contrediront le souvenir dont vous êtes empreint. De quoi éprouver de manière simple et efficace les petites faiblesses de notre mémoire sélective. quant à la musique, akron / family offre à nouveau son habile mélange de gospel, de rock, de slowcore. Une musique aux multiples facettes, comme un kaléidoscope en chute libre.

monter

Là, on croise les élégantes lenteurs d’un pinback sur “awake”, ailleurs l’électronique tortueuse de liars (le mouvementé “moment”), puis neil young armé d’une chorale sur l’excellent “dylan pt.2” ou le spectre d’un groupe rock psyché des années soixante sur le joyau de ce disque qu’est le dynamique “raising the sparks”. Et angels of light dans tout cela ? Michael gira, bien entouré, vient calmer le jeu et contient les débordements d’akron / family. Il assaisonne leurs jolis choeurs et autres élans soniques à son timbre grave et chaud. Ce mélange est reposant (notamment la reprise réussie de “i pity the poor immigrant” de bob dylan), quoiqu’un peu frustrant tant goûter le talent d’akron / family le temps d’un album ne serait pas déplaisant. Gira n’est certainement pas une figure autoritaire qui vient brider la créativité de ce groupe, mais leur potentiel se dévoile nettement lorsqu’ils sont affranchis. Il ressort de ce disque une certitude : akron / family est en passe de monter haut, très haut.