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publié par gab le 01/12/16
Agnes Obel
- Citizen of glass
Citizen of glass

La découverte d’un nouvel album d’Agnes Obel est une expérience. On se doute d’ailleurs au moment d’entamer la première écoute, tous les sens en alerte, que nous attendent caresses, navigation entre deux chants et décrochages éthérés. Et si tout se passe comme prévu, un plaisir intense, doux, charnel et flottant à la fois. Une expérience que peu d’artistes sont en mesure aujourd’hui de nous faire vivre. On anticipe donc, on attend sereinement et puis voilà, le jour dit arrive. On écoute Citizen of glass pour la première fois.

bras

Une première écoute est toujours une expérience. En général, c’est une poignée de mains, éventuellement une bise timide, la promesse esquissée de peut-être se revoir demain. Pour les plus impétueux, plus tard dans la journée. Beaucoup plus rarement la discussion démarre directement, on découvre qu’on a beaucoup de choses à se dire, de tout, de rien (cette année on a eu de longues discussions avec Lover, beloved de Suzanne Vega). Et puis il y a les albums qui ne disent rien du tout, qui vous prennent dans leurs bras, qui vous font sentir qu’ils sont là, qui laissent parler l’évidence. Ce troisième album d’Agnes Obel est de ceux-là. Un naturel. D’une étonnante rareté.

miel

Cet album d’Agnes Obel est une expérience. Nouvelle. Une rupture. Une déflagration. "Familiar", deuxième morceau, 1:21, on change de dimension. L’œil, l’oreille, la main, le corps tout entier réagit à l’arrivée de chants multiples, masculins, inattendus. Dès la première écoute, à froid comme ça. Une voix s’entremêle, chaleureuse, sensuelle, d’une beauté unique. Bien sur, les écoutes suivantes feront ressortir tout le miel de ce morceau exceptionnel, le chant obsédant et envoûtant des couplets, la délicatesse des cordes, mais c’est le souvenir de cette première écoute, cette rencontre, qui nous habite encore maintenant.

rond

Ce nouvel album n’est plus une expérience. Après quelques écoutes, il va, il vient. Il vit sa vie, s’invite plusieurs fois par jour, profondément apaisant. Car contrairement au premier disque sur lequel "Riverside" éclipsait le reste des morceaux, ce "Familiar" est une porte d’entrée sur un album magnifique. Il suffit d’écouter le premier titre, "Stretch your eyes", pour s’en convaincre. Tout Agnes Obel est là, petit rythme discret, rassurant, un chant rond et plein, les deuxièmes voix qui font leur apparition, les cordes aussi. Le morceau se construit de petites touches en petites touches, c’est beau, tout simplement. Obel n’a plus peur depuis Aventine de laisser parler les instruments, de leur relayer toute la finesse de ses morceaux. De leur laisser toute la place même, comme sur "Red virgin spoil" en stratégique troisième place.

fil

La suite du disque est un peu plus classique dans la forme. On retrouve Agnes Obel aux claviers, au chant aérien, en mode instrument-voix. Intime. Et ce qui frappe à chaque fois, c’est sa maîtrise impressionnante de la douceur. Toujours dans la retenue, sur le fil sans jamais perdre en intensité, la caresse à fleur de peau. Qui sait encore nous caresser l’oreille comme ça de nos jours ? Et comme si ça ne suffisait pas, elle se paie le luxe d’un deuxième morceau emblématique en seconde partie de disque. "Trojan horses", morceau mutant, funambule puis virevoltant. Captivant.

Rare, disait-on.

Cette chronique en elle-même est une expérience. Elle était censée s’arrêter là, sur cette conclusion on ne peut plus concise, mais voilà, comme souvent en fin d’écriture, on peaufine un peu, on prend le temps de vérifier deux-trois éléments pour ne pas laisser trop de coquilles. Direction le livret du disque donc et de constater que, par exemple, là où on entendait de la guitare ou du xylophone, se trouvent visiblement claviers exotiques (mellotron, spinet ou autre). S’il n’y avait que ça, c’est surprenant mais on corrige sans plus de considérations. Et voilà qu’on se met en tête de vérifier à qui appartient cette voix masculine qui nous a tant troublée. Notre intuition nous ayant même soufflée le nom de Nosfell à l’oreille. Et rien. Pas de nom masculin au chant. "Vocals, choirs : Agnes Obel". Notre première réaction est de nous dire qu’elle est quand même culottée et qu’à la place de ce monsieur, on l’aurait bien mauvaise. Direction internet donc, on va bien trouver qui est ce chanteur mystérieux. Ce sera telerama.fr qui nous ouvrira les yeux. Il semble donc bien que ce soit Agnes Obel elle-même qui assure les choeurs masculins. Et c’est bien la première fois qu’on sort d’une chronique encore plus confus qu’en y entrant.

 

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publié par le 01/12/16