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publié par gab le 13/11/13
Agnes Obel
- Aventine
Aventine

Agnes Obel ou la sereine mélancolie > Le plus captivant chez Agnes Obel ne réside ni dans le doux détachement de son chant, ni dans la nostalgie tiersenesque de sa musique mais bien dans l’alliance surprenante des deux, dans cette assurance teintée de tristesse qui calme les nerfs et retient les âmes.

Nous étions assez étonnamment restés sur notre faim lors de la sortie de Philharmonics, le premier album d’Agnes Obel. Tandis que l’Europe entière se pâmait, nous conservions discrètement une petite laine malgré l’incontestable et éblouissant "Riverside" ... ou peut-être à cause de ce magnifique/insurpassable morceau finalement. Celui-là même qui, tirant toute la couverture à lui, laissait ses petits camarades de jeu dans une pénombre inconfortable. De ce point de vue, le nouvel album d’Agnes Obel, Aventine, est une réussite complète puisqu’il place d’emblée tous les morceaux à la même hauteur et, mieux encore, fait évoluer l’univers d’Obel vers une douceur et une sensibilité entraperçues seulement sur son précédent disque, pour saisir au plus juste cette fois une émotion qui ne demandait visiblement qu’à éclore.

Agnes Obel ou la douceur conquérante > Le plus surprenant chez Agnes Obel est de voir à quel point douceur et retenue peuvent être accrocheuses sans jamais être bouleversantes, ni même poignantes. C’est comme si elle parvenait à laisser ses émotions personnelles au vestiaire et malgré tout se frayer un chemin jusqu’à nos recoins les mieux gardés pour n’y apposer qu’une caresse avant de s’effacer.

Il semble donc que ce soit cette unité (et cette retenue) dans l’émotion, dans la beauté musicale et la limpidité mélodique qui fasse toute la différence. Un savoir-faire palpable dès le superbe "Fuel to fire" et qui trouve son paroxysme sur le morceau "Aventine" lui-même, les choses sont bien faites. Agnes Obel met en place sur ce disque un certain lâcher-prise qui manquait à son prédécesseur, une délicatesse aboutie, pressentie, attendue. Et de dérouler la pelote, comme à l’entraînement, sans y prêter garde, d’un naturel confondant. Si ce n’est pas l’état de grâce, cela y ressemble fortement. D’autant qu’elle n’oublie pas au passage de nous glisser de petites perles légèrement plus envoûtantes que les autres ("The curse") histoire d’asseoir un peu plus encore la portée de sa percée émotionnelle.

Agnes Obel ou l’autre rive > On ne peut s’empêcher aux toutes premières écoutes de regretter l’absence d’un morceau à la magie renversante, un nouveau "Riverside". Puis à midi, en bord de Seine, petite révélation, l’album nous soulève légèrement et s’impose paisiblement. Depuis cette douce épiphanie, on remercie un peu plus à chaque écoute Agnes Obel d’avoir résisté à l’appel de l’efficacité singlesque pour privilégier l’intimité d’un voyage au long cours.

La conquête, puisque conquête il y eut, n’aura donc pas été bien longue, ni particulièrement difficile. C’est sans doute décevant pour l’assaillant mais voilà, nous avons rendu les armes, les clefs de la ville et le cœur du sacristain après deux ou trois écoutes seulement. Il est vrai qu’on résiste assez difficilement à ce genre d’attaque mélancolico-musicale. Maintenant, en attendant de faire mieux la prochaine fois et pour réhabiliter quelque peu notre piètre performance, on attend de voir comment vont résister les autres bastions auxquels s’attaquera désormais Aventine. Un défenseur, euh … auditeur, prévenu en vaut deux.

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publié par le 13/11/13