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publié par tairanteuh le 09/06/06
absentee
- schmotime
schmotime

De l’art de contredire. S’il fallait s’en tenir à la musique pour les rattacher à un territoire, les absentee seraient placés sans l’ombre d’un doute de l’autre côté de l’atlantique. Les sonorités évoquent une joyeuse bande de slackers accompagnée d’un timbre forgé au whisky et à la feuille de virginie. pourtant ils sont anglais et ont le bon goût de convoquer en trois petites minutes la finesse mélodique d’un pavement, la voix gutturale d’un leornard cohen et la noirceur des textes de smog. Il n’est que le foisonnement des arrangements digne des super furry animals pour rectifier la géographie.

insolente

Énumérés de la sorte, ces traits font redouter le choc des genres quelque peu indigeste. néanmoins ces différents éléments s’agencent avec une insolente justesse sur schmotime, le premier long format de ce quintet londonien. La formule tient du miracle alors qu’à la production se retrouve le très côté james ford, croisé (fuit ?) sur les bien moins recommandables albums des test icicles ou des mystery jets. Aux antipodes du rock basique de ces formations de seconde zone, schmotime propose de jolies chansons gorgées d’un drôle de désespoir et brodées d’instrumentations guillerettes. La volonté de contraster en permanence s’avère être le coeur de leurs morceaux. Ainsi le chant grave et erraillé de dan michaelson est tempéré par les choeurs fondants de melinda bronstein.

pourceaux

Un autre contraste saisissant est celui entre le son propre des instruments comme le mélodica ou la guitare acoustique qui viennent régulièrement se faire bousculer par des riffs emballés de guitare fuzz dignes d’un spiralstairs (en particulier sur l’épatant exercice country de “trush is stranger than fishing”). dernière illustration, sur le merveilleux “we sould never have children”, michaelson explique le plus sérieusement du monde qu’il ne voudrait concevoir alors que son enfant ne serait qu’un de plus parmi ces affreux pourceaux ! s’ensuit une adorable chorale d’enfants qui vient s’époumoner sur le refrain. Compositeur lettré, michaelson narre ses histoires métaphoriques autour de vie gâchées, d’amours perdus, d’occasions manquées, de destins brisés et prend soin de leur adjoindre un bel accompagnement enjoué.

potaches

Les textes seuls se satisferaient certainement, pour peu qu’une heure au gré d’histoires cadencées par le nihilisme, le désespoir et le doute ne rebute pas. La force de ce schmotime est d’offrir plusieurs niveaux de lecture, de ne pas se contenter d’être un recueil désabusé, mais de dissimuler ce sombre fond derrière une musique pop classique. Cette formule permet à absentee d’éviter la routine, celle d’une pop anglaise nombriliste et sentimentalo-juvénile ou celle des groupes alternatifs américains potaches mais creux. schmotime réussit par cette tournure aussi périlleuse que jouissive à nous accrocher d’un bout à l’autre.

désertion

Il leur reste pour ravir entièrement à développer un jeu un peu plus personnel à l’instar de ce “treacle” en bout de piste, une envolée décontractée moins rompue aux carcans habituels de la pop. Pour autant, ce premier album est tout bonnement délicieux. Espérerons que leur sens du contradictoire les fera démentir ce patronyme et qu’à l’inverse d’une désertion, ils nous tiennent régulièrement informés de leurs prometteuses avancées.

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publié par le 09/06/06
Informations

Sortie : 2006
Label : memphis industries