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publié par Mickaël Adamadorassy le 11/05/22
Warpaint - La Cigale, Paris - 09/05/2022

Trois jours après la sortie de leur nouvel album Radiate Like this, on retrouve Warpaint sur la scène de la Cigale pour un des tous premiers concerts de la tournée. On a donc pas vraiment eu le temps de "digérer" le disque mais les premières écoutes étaient partagées : des choses intéressantes en particulier dans les voix, mais en contrepartie on a l’impression que tout le reste est en retrait, guitares comme section rythmique, ce qui donne une sorte d’ "ambiant pop" sympathique, quelques titres ressortent rapidement ( Stevie, Trouble, Champions) mais pas de tube évident. Mais l’évidence ce n’est pas vraiment ce qui définirait la musique de Warpaint. Au contraire, avec leurs albums il nous a toujours fallu un peu de temps pour que le puzzle se mette en place, qu’on apprécie comment chaque chose trouve sa place dans l’édifice musical. On n’était donc pas spécialement inquiet, même si la dernière fois en 2017 à l’Elysée Montmartre on avait été un peu déçus.

Mais cette fois-ci dès que le concert commence, on est rassuré, on a un très bon son, même pour un premier rang et les filles semblent à l’aise sur scène. Elles entament "Stars", dans le noir quasi-total (pas vraiment surprenant pour Warpaint), où on devine juste les silhouettes d’Emily et Theresa au premier plan, tandis que Jenny Lee est un un peu en retrait près de son ampli, même si son micro est sur le devant de scène au même niveau que ceux des deux chanteuses "principales". Les plus fidèles se rappelleront que le groupe jouait déjà ce morceau de leur premier l’EP Exquisite Corpse en 2010 sur la même scène pour le festival des Inrocks.

Douze ans et une pandémie plus tard, Warpaint a pris de la bouteille mais l’énergie est toujours intacte, de même que cette complicité qui fait plaisir à voir et même si on n’est qu’en début de tournée et qu’on imagine qu’elles n’ont pas du beaucoup jouer ensemble pendant les deux dernières années, tout est parfaitement en place. On retrouve la qualité de jeu qu’on leur connait, toutes les subtilités dans les interactions entre les deux guitares (toujours 100% Fender mais cette fois-ci deux Jaguars), le groove impeccable de la section rythmique que constitue la batteuse Stella et Jenny Lee à la basse, qui est la plupart du temps en train de danser en fond de scène... quelque chose qu’elle partage avec Emily qui a choisi ce soir une jupe gitane multicolore dont on sent qu’elle a envie de la faire virevolter. ( et après tout c’est dans le texte de "Stevie" : "You make me wanna dance" ) Comme d’habitude elle joue plus ou moins le rôle de "front woman" : elle occupe la place centrale sur scène et c’est elle qui a la gestuelle et le plus de regards vers le public. Mais sur tout le concert, le partage du "lead" entre elle et Theresa est plutôt équitable.

On constate d’ailleurs rapidement que celle-ci n’est pas en reste, un peu plus extravertie que ce qu’on a pu voir par le passé, les gestes sont plus amples, on voit un peu plus les yeux, les sourires. Et même la tenue : plus de jean et de manches longues, cette fois-ci c’est jupe et petit haut ajusté. C’est le genre de considération qui peut paraitre futile ou faire jaser sur les parisiens qui se sentiraient obligés de faire des remarques sur le style vestimentaire. Mais ce qui nous intéresse ici c’est ce que cela dit sur les musiciens et ce qu’ils communiquent vers le public : en l’occurrence si Warpaint joue toujours en majorité dans la pénombre, que le groupe est toujours très concentré, on a quand même l’impression que les quatre musiciennes "projettent" plus vers nous.

Ce qui est cohérent avec Radiate Like This qui laisse plus de place aux voix et s’appuient un peu moins sur la technique instrumentale. Les chansons de ce nouvel album sont distillées dans la setlist entre des valeurs "sûres" : "Champions", le single qui précédait le disque en début de concert suivi d’Intro/ "Keep It Healthy", toujours aussi bons, toujours aussi percutants puis deux nouvelles puis "Krimson" puis à nouveau deux nouvelles dont "Melting", très belle chantée à quatre voix autour de la guitare d’Emily, avec Stella qui lâche sa batterie pour rejoindre les trois autres sur le devant de la scène.

Jusque là le concert se déroulait bien, on se régale sur les anciens titres, l’interprétation live des nouveaux nous aide dans ce fameux processus de "digestion" mais ensuite on a l’impression que l’intensité monte d’un coup, que tout le groupe fait bloc et s’est mis dans une intention un peu différente, un peu plus "hargneuse" et on a donc droit à un final complété de trois titres en rappel qui sera vraiment intense et nous laissera au bout d’une heure vingt de concert environ avec l’impression d’avoir assisté à de nos meilleurs concerts depuis une début d’année qui a été plutôt riche et qui nous aura donné envie de retourner nous frotter à ce nouvel album.

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