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publié par Renaud de Foville le 02/10/01
vincent gallo
- when
when

polyvalence

en france on aime rarement qu’un artiste change de catégorie. faut dire que les transfuges qui nous intéressent aujourd’hui ne font pas toujours de très bons exemples : si bruel et pagny sont quand même légèrement meilleurs acteurs que chanteurs, ce qui n’est pas très dur, sophie marceau est aussi mauvaise dans les deux cas, veronique jeannot se bat avec sim et patrick topaloff dans les limbes de chaque catégorie. le ridicule ne tue pas et on oubliera très vite les tentatives musicales de depardieu avec barbara, les essais de gainsbourg faisant chanter charlotte - bien meilleure actrice que chanteuse - ou pire encore isabelle adjani toujours avec le même gaisnbourg ou les délires rigolos-gonflants de luchini chanteur en transe... reste que yves montand se débrouillait plutôt pas mal dans les deux cas, que si dutronc ne vient pas chanter souvent il est un acteur absolument époustouflant. aux etats unis le cas est différent. les écoles d’art dramatique apprennent très souvent aussi bien à jouer, qu’a chanter ou à danser à ses élèves. pour eux il n’y pas de frontière entre les différentes catégories et si cela ne donne pas toujours des choses à tomber par terre - bruce willis ferait mieux de mieux choisir ses films, jennifer lopez ferait mieux de ne rien faire du tout ou madonna devrait comprendre qu’en dehors d’abel ferrara personne ne saura la diriger - il y a des très nombreux exemples de carrières multiples aussi réussis qu’époustouflantes... il n’y a qu’aux etats-unis qu’un type comme woody allen peut faire une comédie musicale avec des stars sans tomber dans le pathétique, loin de là. on ne trouvera pas d’équivalent en europe à christopher walken pour sublimer de quelques pas de danse un clip comme le dernier spike jonze pour fat boy slim et il n’y a qu’aux etats-unis que l’on pourra trouver des personnages comme vincent gallo.

sans faute

révélé par une scène hallucinante d’arizona dream, ce type a tout pour énerver. un ego sans pareil, une présence et une belle gueule, du talent dans tout ce qu’il fait, un bon goût presque sans faute un parcours atypique et impressionnant - tout le monde ne peut pas se vanter d’avoir créer un groupe avec jean michel basquiat -, un carnet d’adresses international sans erreur ou presque et maintenant ce premier album solo. bien que sorti chez warp vous ne trouverez que très peu d’électronique sur when - un petit clavier sur "my beautiful white dog". entièrement conçu par gallo - les textes, mélodies, chaque instrument, le livret, la photo de la pochette, la couleur des chiottes du studio, tout, tout est du pur gallo. enregistrés avec une production minimaliste les 10 morceaux de when sont calmes, reposants, touchants, souvent très beaux parfois sublimes. sans être un grand musicien gallo sait aussi bien utiliser son talent - une jolie voix, sur "when" et le très beau "honey bunny" par exemple - que ses défauts - la batterie plus que minimaliste mais parfaitement intégré à l’atmosphère de "a picture of her".

jazz minimaliste

toujours au service d’une mélodie aussi dépouillée que souvent émouvante, on se dit que pour une fois vincent gallo - acteur souvent un peu poseur, prise de tête, limite prétentieux - s’est entièrement mis au service de ses chansons. au point même de ne pas chanter quand il ne jugeait pas cela utile au morceau. il n’y a jamais rien de trop dans ses chansons. la production est réduite au plus simple, le son parfois, volontairement, approximatif - sauf pour la voix, claire et limpide, le jeu pas toujours très sûr, mais toujours nécessaire. très influencé par un jazz minimaliste, on est jamais loin de chet baker. when est une petite merveille, une réussite aussi bluffante qu’énervante - je vous rappelle qu’en france on aime pas les mecs qui non seulement changent de boulot mais le font avec talent. when c’est une collection de chansons calmes, reposantes et sûrement plus importantes qu’elles n’en ont l’air au premier abord. une pure merveille.

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publié par le 02/10/01
Informations

Sortie : 2001
Label : warp/source