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publié par tairanteuh le 03/04/02
ttc
- ceci n'est pas un disque
ceci n'est pas un disque

clichés

ttc attendu, mauvais présage ? le groupe se pose la question, mais d’entrée on sait que notre attente ne sera pas transformée en déception. il y a quelques mois on découvrait leguman/subway leur premier single sur big dada, une véritable perle transgénique, entre hip hop et électro, devant plus à la scène indé américaine qu’à celle de son pays d’origine. On se prenait une claque identique avec la parution de elementaire ep et la découverte de leur premier single game over 99. loin des clichés du genre, la musique du trio parisien ne se résume pas à une succession de beats sauvages comme simple fond musical pour servir quelques grossières lignes vociférées sur des thèmes usés et étroits.

warpienne

ceci n’est pas un disque n’est en effet pas un ouvrage linéaire. on s’y confronte à de riches et nobles influences allant de l’electro warpienne (autechre ou antipop consortium) à quelques parfums funk en passant par des sonorités proches de company flow ou un son aussi créatif que chez kool keith. beaucoup de reliefs dans la production (dj vadim pour "de pauvres riches" en tête), des mélodies touchantes sous haute influence pop moderne, des featuring impressionnants (les timbres de doseone et teki latex se marient à merveille), beaucoup d’humour et une imagination débordante (festival hilarant sur "teste ta compréhension" pour expliquer leur patronyme), leur cocktail étonnant (pas tant que ça quand on s’appelle teki latex ou cuizinier) est terriblement séducteur.

lynchienne

et ttc n’a pas seulement signé un disque drôle et inventif. leur discours s’avère également des plus interessants en n’étant pas comme à l’accoutumée d’une simplicité navrante. fins observateurs, ouverts et conscients, ils narrent notre société sous différents angles : le bobo qui rêve de ghetto, les pollutions sonores comme mentales, une réflexion sincère et intelligente sur leur action et leur difficultés ainsi que sur la scène hip hop actuelle. et quand ils reviennent à des thèmes plus communs comme la violence urbaine c’est pour épouser une démarche lynchienne ("reconstitution", transposition musicale de lost highway). bref, leur discours intelligent s’avère le remède le plus efficace à la stérilité ambiante. on émettait des doutes sur la france comme l’autre pays du hip hop, mais si ttc réveille avec cet album d’autres créateurs aussi éclairés, on reverra sûrement nos positions. ceci n’est pas un disque est à consommer sans modération. (ps : chapeau à kid acne pour leur très bel artwork)

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publié par le 03/04/02
Informations

Sortie : 2002
Label : big dada