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publié par Mélanie Fazi le 01/12/07
Tom Brosseau - Flèche d'Or, Paris - 26/11/2007
Flèche d'Or, Paris

Passeur

En découvrant sur le tard Tom Brosseau avec son sixième album Cavalier, on songe que John Parish, qui a produit ce disque et ne tarit pas d’éloges sur son auteur, est décidément un passeur de talents au goût très sûr. Sous le charme de son folk attachant, c’est avec une curiosité certaine qu’on vient assister à ce concert de la Flèche d’or. Dans des conditions pas franchement idéales, puisqu’il faut subir les bavardages d’une bonne moitié de la salle venue davantage pour le bar que pour la musique. Lorsqu’on voit monter sur scène ce type un peu débraillé coiffé d’une tignasse blonde, avec de faux airs de David Bowie (dans le regard peut-être), venu défendre ses chansons fragiles entre deux groupes nettement plus énergiques, on le prendrait presque en pitié. Presque... Car dès qu’il se lance, il se produit quelque chose qui ne peut laisser indifférent.

Manière

Tom Brosseau est de ces artistes qui peuvent s’avancer seuls sur scène avec une guitare en main et créer aussitôt une ambiance. Il a sa voix, ses chansons et besoin de rien d’autre. Inutile de connaître le répertoire pour être captivé. Même si c’est avec quelques frissons qu’on retrouve les titres de Cavalier qui commencent à nous devenir familiers : un très joli “My Peggy Dear”, un splendide “Amory”. Il s’agit là de folk dans ce qu’il a de plus intemporel, mais les chansons sont belles et le bonhomme a de la présence. Il a la voix, la manière et les tripes. Une façon charmante, après avoir interprété un titre demandé par le public, de gratifier d’un grand sourire la personne qui l’a choisi. Une conviction qui force le respect lorsqu’il conclut son set sur “Darling Cora”, a cappella, agrippant le micro à deux mains sans perdre un instant l’attention des spectateurs.

Patine

Pour parler de cette musique sans âge, on retombe forcément dans les qualificatifs les plus classiques. Mais on s’en veut de ne pas réussir à décrire plus précisément ces chansons et cette voix. On cherche en vain des correspondances. M. Ward ? Will Oldham peut-être ? On les balaie aussitôt : Tom Brosseau a la voix moins marquée, le timbre un peu plus délicat. Elle pare ses balades d’une patine légèrement surannée et donne à ses paroles un relief immédiat. A l’écoute des premières notes d’“Amory”, qui ouvre Cavalier, on s’attend presque à entendre les craquements d’un vieux 33 tours. On trouve là l’essence même du folk, incarnée par un type qui a cette musique chevillée au corps.

Conditions

D’autres l’ont fait avant lui, et il ne sera pas le dernier. Mais on ne peut qu’être séduit par la sincérité de son approche et par son habileté à tisser des mélodies. On découvre ses chansons comme de nouvelles amies, on s’émerveille ensuite de le voir leur donner corps sur scène. On espère, surtout, le revoir bientôt dans des conditions plus adéquates (set moins court, salle moins bruyante). Cette soirée à la Flèche d’or laisse un arrière-goût de trop peu qui en dit long sur la beauté du spectacle.

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publié par le 01/12/07