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publié par gab le 26/11/07
that striped sunlight sound
- the go-betweens
the go-betweens

Une fois n’est pas coutume étendons si vous le voulez bien cette rubrique cinéma aux DVDs musicaux. On aurait tort de s’en priver d’autant que si en général les DVDs musicaux (comme les autres ceci dit) ont la fâcheuse tendance de n’être regardés qu’une fois à l’achat puis remisés dans une pile bancale pour le restant de leurs jours, celui-ci a la particularité notable de refaire surface assez régulièrement et toujours en procurant un grand bonheur. Et en effet pour That striped sunlight sound les Go-betweens n’ont pas fait les choses à moitié puisque s’y ébattent joyeusement un concert à Brisbane (enregistré en août 2005), un dialogue Grant-Robert avec guitares acoustiques autour de l’histoire du groupe et un CD audio du même concert pour la route. Ils ont pensé à tout et nous on s’installe ravi pour 2h30 de spectacle.

couleur

Regardons du côté du concert tout d’abord. L’ambiance est d’emblée posée en noir et blanc dans les loges avant le concert, l’image se figeant sur les membres du groupe un par un et des informations capitales s’inscrivant à l’écran (nom, couleur préférée, ambition dans la vie), les réponses valant encore plus le détour que les questions. Puis passage à la couleur avec l’arrivée crâne rasé et sourire aux lèvres de Grant McLennan pour interpréter seul sur scène une de ses compositions hors-Go-betweens, "Black mule". Robert Forster entre ensuite un verre de vin à la main, annoncé classieusement par Grant, pour une superbe version de "Clouds" à deux voix et une guitare acoustique (visible ici). Forster toujours très droit et pincé, McLennan plus coulant et feutré, deux styles si différents et si complémentaires. Notons au passage la transformation incroyablement heureuse à la scène de morceaux au son très marqué années ’80 sur disque. C’est tout bénéfice pour l’auditeur mais ne simplifie pas la réécoute des dits albums, loin de là. Ils sont rejoints sur "Boundary rider" par leur section rythmique, Glenn Thompson très détendu et tout en souplesse à la batterie, Adele Pickvance sautillante et pétillante à la basse. Ils alterneront ainsi les compositions mélodiques d’un Grant à la guitare acoustique principalement et le spectacle toujours surprenant d’un Robert à la guitare électrique, plus rêche, toujours à la limite de la justesse dans le chant (on a d’ailleurs rarement vu quelqu’un chanter aussi bien faux), tout le groupe étant mis à contribution très naturellement pour les chœurs.

plaisir

Ce qui transparaît dès les premiers morceaux c’est le grand plaisir qu’ils prennent visiblement à jouer ensemble. Et à voir Forster expliquer le pourquoi du comment du DVD de son humour légendaire avant de s’emparer d’un maracas et de l’agiter dans son style inimitable pour un "Streets of your town" parfaitement pesé, on se dit que ça valait décidément le coup de faire une pause de quelques années et de gros changements de musiciens, la nouvelle formule est franchement impeccable. Maintenant si le début est réjouissant, la suite est encore plus réussie puisqu’ils passent au niveau supérieur avec l’énergique et emballant "Here comes the city", l’ultra-mélodique "Finding you" et le théatral "Spring rain" sur lequel Robert Forster s’en donne à cœur joie et nous sort son jeu complet de postures et de grimaces. Un régal. On n’a pas eu le temps de flancher, un "Was there anything I could do ?" très enlevé puis l’impérial "Surfing magazine" et les Go-betweens s’en sont retournés en coulisses et déjà revenus sur scène pour le rappel. à l’image du début du concert, Grant et Robert nous interprètent à deux un limpide "The devil’s eye" avant d’être à nouveau rejoints par le reste du groupe pour l’épique ballade countrisante "Too much of one thing", un petit "People say" et surtout la composition qui restera sans doute avec "Cattle and cane" comme une des plus belles chansons « ever » de Grant McLennan : "The clock" (visible ici). Un morceau qui, bien que chanté légèrement faux sur cette version live, est tellement marquant qu’il réussit néanmoins à s’imposer de la plus belle des manières avec son excellent solo de basse au milieu. Et enfin, en deuxième rappel et cerise sur le gâteau, "Karen", leur plus ancien titre qu’on connaît par cœur tellement on l’a entendu repris par les Little Rabbits mais qu’on découvre, chose effarante, pour la première fois interprété par ses pères. Un dernier morceau à rallonge donc avec une chute limite punk qui nous aura enfin permis de comprendre la totalité des paroles et de finir ce concert en extase, prêts pour un autre genre de plaisir sur le second volet du DVD et ses acoustic stories.

douceur

C’est donc dans une pièce ensoleillée, un salon chaleureux, et dans une ambiance calme et sereine, qu’on retrouve Grant et Robert avec chacun une guitare acoustique pour nous raconter les petites histoires dans l’histoire, la trajectoire singulière du groupe depuis 1978, illustrant leurs propos de chansons ayant marqué chaque époque abordée. On est d’emblée touchés par la teneur de cette conversation détendue, par la simplicité des protagonistes, par leur sensibilité, et s’ils ont un peu de mal dans les aigus sur certains titres, cela ne fait que renforcer le côté « après-midi entre amis » et le plaisir de les écouter, natures. Vous l’aurez compris, cette séquence d’une heure et quart est une véritable perle d’autant que nombre de morceaux se trouvent transcendés par la formule acoustique que ce soit "Cattle and cane", "Bye bye pride" (visible ici) ou encore "Dive for your memory". Entre les morceaux, nos Go-betweens s’attardent en douceur sur la composition, sur leurs rapports avec leurs différentes maisons de disques, sur l’aspect très bénéfique de la coupure de dix ans. Et quand vient le moment de conclure, Robert laisse Grant nous fournir des indications quant à l’avenir du groupe. Une fois passés ses premiers mots qui sont quand même « gentleness » et « love », tout un état d’esprit, Grant nous laisse entrevoir un avenir radieux puisque la confiance est là et qu’ils sont très heureux de jouer ensemble avec la formation actuelle du groupe. ça a l’air évident dit comme ça mais il met là des mots sur ce que l’on ressent très nettement à chaque visionnage de ce DVD : le plaisir, la joie de jouer d’un groupe arrivé au faîte de son potentiel. Quant à nous on ne peut que les remercier pour ces instants de bonheur et se réjouir finalement qu’ils aient eu le temps de graver ainsi en héritage un si somptueux témoignage.

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publié par le 26/11/07