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publié par Nausica Zaballos le 29/04/03
syd matters
- a whisper and a sigh
a whisper and a sigh

lauréat

syd matters a été qualifié de révélation française de l’année par les inrockuptibles. comparés à grandaddy, ils font figure d’objet non identifié musical au sein de la cohorte de groupes de rock pseudo indépendants et produits marketing camouflés qui fleurissent chaque jour sur la scène française. lauréat du prix cqfd organisé par les inrocks, ils sont maintenant distribués par le label 3rd side records basé 16 rue de la folie méricourt à paris. un de leur single, “black and white eyes” a attiré l’attention de certaines radios (merci néo, merci nova). ce titre n’est pourtant pas emblématique de leur album qui est composé avant tout de ballades atmosphériques avec une ligne mélodique se frayant un chemin parmi de nombreuses expérimentations électroniques qui vous invitent à un magnifique voyage onirique... la pochette de l’album joliment illustrée par jm tixier rappelle les univers écologiques-magiques de l’agence ghibli et constitue un préambule au dépaysement offert par les musiciens du groupe. “black and white eyes” (track 2) narre le quotidien d’une jeune femme un peu fantaisiste qui a du mal à garder les pieds sur terre « cause when she’s flying round she never wants to come back home » et exerce sans grande conviction mais également sans états d’âme le métier de danseuse topless. la voix mélancolique du lead-singer se fait l’écho de tranches de vie qui pourraient sembler inintéressantes, de petits riens transformés en moments magnifiés par la poésie et le rêve.

filigrane

“battle of olympus” (track 3) débute à l’heure où le soleil se couche et les fées pointent le bout de leurs nez dans les jardins. pourtant, syd matters met en garde le voyageur contre les mirages de l’illusion : "don’t believe my eyes, memory turns into lies". si les souvenirs permettent d’assumer et d’embellir le quotidien, la tentation est grande de se laisser séduire par une vision du passé mystifiée, une réécriture de l’histoire personnelle qui occulterait certains événements... si la jeune femme de “black and white eyes” s’évade, c’est peut-être parce qu’elle a perdu son sourire en 1995 lorsqu’elle s’est réveillée à l’arrière d’une voiture ; si le jeune homme demande au temps de s’arrêter et d’interrompre la course de ses larmes dans “battle of olympus”, c’est peut-être parce qu’il a oublié ce qu’il a vu "i forgot what i’ve seen when i was a teen". ainsi, se dessinent en filigrane des histoires réinventées, niées et transfigurées par la palette du magicien syd matters. la quête de l’être aimé résonne dans de nombreux morceaux : « where have you been ? what have you seen ? » puisque l’oubli est impossible et que la réinvention du passé n’empêche pas le suintement du secret et la réalité du présent, l’arme contre la souffrance reste l’indifférence feinte ou réalisée à travers le renoncement aux émotions.

apologétique

de nombreuses figures déshumanisées traversent l’album : la créature sans visage « without features » qui ressemble à un poisson dans “bones”, l’homme changé en pierre dans “stone man” (track 5). si cette citadelle de vauban comme aiment l’appeler les psychanalystes permet de se protéger, elle isole également. “tired young man” constitue la déclaration d’intention de syd matters. ce morceau est à mettre en relation avec “automatic”, premier titre de l’album : la boucle est bouclée. le ton apologétique et résigné résume à lui seul l’esprit de cet album : « see my life is just a mess, i’m just a tired young man, for love my life has got no space ». dans “automatic”, syd matters répète à l’infini « automatic stands for alive » : il faut se mettre en pilote automatique pour continuer à vivre. le morceau “dead machines” (track 7) est une variation électronique sur la mort de l’individu devenu automate. l’angoisse sourd des rythmes lancinants et des harmonies discordantes. cependant, si syd matters se défend d’un quelconque message « there’s no meaning to my words - no need to understand - i’m just whistling to the birds », s’il souhaite se préserver, il se révèle cependant et cela pour notre plus grand plaisir. a découvrir de toute urgence pour goûter à cet univers si particulier qui s’écoute et se voit, un univers musical qui n’est pas sans rappeler pink floyd, robert wyatt et parfois radiohead.

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publié par le 29/04/03