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publié par Mickaël Adamadorassy le 15/12/11
Susanne Sundfør
- The Brothel
The Brothel

Susanne Sundfør c’est un nom qui ne doit pas vous être familier et vous auriez certainement du mal à taper correctement son "ø" sur vos claviers français. Pourtant j’ai bien peur qu’il ne vous faille apprendre la combinaison de touches alt + 0248 par cœur, parce qu’une fois qu’on a écouté le dernier album de la norvégienne, on a la furieuse envie d’en chanter les louanges.

Gloire nationale

Si Susanne n’est pas encore très connue en France, ce n’est pas le cas, chez elle en Norvège où avant de sortir le moindre album, ses prestations live lui avaient déjà valu les louanges de la critique ; la sortie de l’album en question ne faisant que renforcer sa popularité. Et avec The Brothel, son deuxième disque, sorti en Norvège en 2010 (mais disponible seulement maintenant chez nous), on peut carrément parler de consécration, aboutissant à l’équivalent d’une victoire de le musique de meilleure interprète féminine... qu’elle a d’ailleurs refusé au motif que le fait d’avoir des prix séparés pour hommes et femmes est contraire à ses convictions.

En 2011, elle a aussi sorti un mini-album instrumental intitulé "a Night At Salle Pleyel", car inspiré d’un concert vu dans cette salle. Le résultat est une pièce en 6 mouvements d’inspiration classique mais entièrement interprétée par des synthétiseurs qui utilisent des sonorités typiquement analogiques et non des imitations de sons acoustiques.

Electrique

Mais revenons à nos oignons, ou plutôt notre « bordel ». Dès la première piste, on est carrément sous le charme, il y a d’abord la douceur et la beauté de l’accompagnement joué au Fender Rhodes et puis la voix de Susanne, puissante et en même temps capable de garder de la fragilité, de montrer les cassures et les nuances sur la mélodie poignante et nostalgique qui constitue la trame du morceau. Et peu à peu les arrangements se déploient, les cordes arrivent, jouées non pas comme une nappe pour densifier le son comme c’est si souvent le cas mais de manière orchestrale pour amener vers un crescendo où c’est la voix ou plutôt les voix qui gardent la main. Le tout donne un sentiment de plénitude, de folle beauté et on en est à cet orgasme musical alors que c’est seulement la moitié du premier morceau.

Précoce

Je ne vous cacherai pas que j’ai eu beaucoup de mal à me remettre de ce morceau (et soit dit en passant joué en live sans tous les arrangements, avec juste le Rhodes et la voix, il reste impressionnant de puissance) et il a été un peu le magnifique arbre qui cache une forêt riche en essences diverses mais qui méritent tout autant qu’on s’y intéresse.

The Brothel est un disque qui est un peu à l’image du foisonnement que j’évoquais au début au sujet de sa créatrice : Susanne Sundfør mélange avec bonheur des sonorités de synthé analogiques,des boites à rythmes, des arpégiateurs très électro avec des arrangements d’instruments "réels" inspirés du classique, joue autant des ambiances intimistes que du gros son, s’adonne à de la pop presque dansante ("it’s all gone tomorrow" typiquement, qui commence uniquement avec un ensemble de cordes et s’offre pourtant un énorme refrain façon tube dance) aussi bien qu’à des choses plus barrées. (les lignes de chant démultipliées au début de « Black Widow » par exemple)

Imprévisible

Chaque morceau pose une atmosphère différente, expérimente un mélange un peu différent de tous les genres précédemment cités, on sent à la fois la culture musicale et une sorte de volonté hédoniste de toucher un peu à tout, qui au tout début rend peut être un peu difficile de appréhender le disque dans son intégralité surtout face à la puissance et la limpidité du titre d’ouverture mais si on prend le temps de découvrir les autres morceaux, on tombe aussi sous le charme de ces compositions dont le début ne vous dit pas du tout où la fin pourra vous emmener.

Métamorphoses

Il y a quand même une constante dans « The Brothel »  : c’est un très bon travail sur la voix, qui est souvent doublée, triplée ou plus, exploitée sur toute sa tessiture, triturée avec des vibratos improbables mais sans jamais perdre de vue la mélodie, le côté humain alors même qu’elle est utilisée comme un instrument, et parfois volontairement poussée dans ses derniers retranchements pour se fondre dans le son d’un autre instrument ( « O Master »).

La maison des plaisirs

Il était temps de conclure ce long article et comme toujours avec les très bons disques, j’ai ce doute terrible de ne pas avoir été à la hauteur du talent de l’artiste, j’espère néanmoins que cette avalanche de louanges vous aura donné envie et que vous vous régalerez autant que moi avec « The Brothel », que vous découvrirez les surprises de chaque pièce en ouvrant vos sens.

Mais j’arrête là les double sens foireux, tout est dit, il faut absolument acheter ce disque et aller voir Susanne en concert la prochaine fois qu’elle repasse en France !

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publié par le 15/12/11
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- le 16/12/11 à 23:01
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Mille merci pour tous ces beaux partages