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publié par gab le 26/01/05
les 5 ans du cargo ! - la Guinguette Pirate, Paris
les 5 ans du cargo ! — -- la Guinguette Pirate, Paris

"oh how time flies" comme dirait Chan Marshall ... l’opération 909 est terminée depuis des lustres et même pas l’ébauche d’un petit compte-rendu de mission à se mettre sous la main. si l’on n’y prend garde, la soirée estivale d’anniversaire cargotien (puisque c’est d’elle dont il s’agit) risque de prendre pour tous les atours délicats d’un mythe. le genre d’histoire transmise aux générations futures par voie orale lors des soirées au coin du feu pour faire peur aux petits enfants (avec ce qu’il faut de bandits masqués et de princes ténébreux). ainsi, si on ne veut pas perdre le contrôle complet sur les faits, rien que les faits, il va nous falloir prendre la plume et raconter à tous comment nous nous fîmes pirates d’un soir en prenant d’assaut la guinguette du même nom, ce 9 septembre 2004. et prise d’assaut il y eût car vous fûtes nombreux à répondre à notre appel pour une affiche de qualité : scrape, exsonvaldes, experience. or quand on est nombreux à la guinguette pirate, le mot clé est en général le "placement", celui-ci pouvant parfois s’avérer délicat. et par placement j’entends bien sur l’emplacement géographique mais aussi la station corporelle (debout, couché ...) voire l’action corporelle ("hochage" de tête, air-drumming ...), le tout pour une réceptivité maximale. j’ai donc le plaisir immense de vous annoncer que votre soirée fût un succès retentissant si vous avez suivi au plus près les quelques indications suivantes ("with crystal-clear eyes") ...

la phase d’approche

mais j’entends déjà les râleurs en tout genre cherchant la petite bête au son de "oui, mais moi j’étais au bar !". notons donc dès à présent que le placement "bar", bien que non traité dans ce manuel, est toléré, à défaut d’être entériné, en tant qu’espace de transit neutre et terre d’accueil de nos compatriotes les plus désespérés. ce cas épineux hors de portée, voyons tout d’abord le lancement de la soirée, communément appelé phase d’approche. comme toujours, un temps certain s’écoule entre le début officiel et celui bien réel des hostilités, temps mis à profit par un positionnement idyllique, vu la météo splendide, à l’extérieur de la guinguette. quoi de mieux en effet que de flâner de cabanon en cabanon pour admirer l’expo photo du cargo, nos cinq photographes ayant sélectionné et agrandi leurs plus beaux clichés. il fallait donc opter pour une station verticale avec mouvements transversaux et rotatifs, entrecoupés de plages d’immobilité agrémentées de "oooh"s et de "aaah"s. une manoeuvre plutôt complexe donc, mais dont tout le monde semble s’être sorti haut la main, aucun égarement "seinique" n’étant à déplorer.

la phase expérimentale

par contre les égarements scéniques étaient bien au rendez-vous, à commencer par scrape, premier groupe à se lancer ce soir là. et ça commence fort avec ce duo guitare-batterie qui nous livre un morceau unique et bruitiste d’une quarantaine de minutes découpé en chapitres bien utiles pour ne pas perdre le fil du récit. pour ma part, n’étant pas forcément un adepte des musiques expérimentales, grande fût ma surprise de non seulement suivre sans problème cette histoire hors normes mais qui plus est d’être totalement happé par ses différents mouvements. une guitare, une batterie, 40 000 possibilités semblerait-il. surtout lorsqu’une baguette tombe entre les mains du guitariste ou que ce dernier empoigne une chaîne ou encore que le batteur sort ses accessoires, s’assied, se lève pour mieux semer ses cymbales aux quatre vents. une prestation tendue à souhait, du calme à la tempête, sans le moindre temps mort mais qu’il faut mieux suivre assis (ce sera notre conseil pour la phase expérimentale) et recueilli (voire envahi) pour vivre dans les meilleures conditions ce mystérieux conte auquel on verrait bien se greffer un spectacle complet avec comédiens et tout le tralala (avis aux protagonistes). une prestation à observer de préférence de l’intérieur de la guinguette, la phrase du jour restant : "dis-donc, ils avaient l’air de bien s’éclater pendant les balances", à l’actif d’un spectateur entrant après le set de scrape.

la phase pop

et en effet, à l’arrivée sur scène d’exsonvaldes, la guinguette se remplit comme par enchantement pour un set court, très pro et plutôt pop du groupe qui monte. mais à quoi reconnaît-on un groupe pop qui monte me direz-vous ? pour le côté pop, rien de plus simple, si vous avez du mal à vous retenir de sautiller sur place en écoutant, vous y êtes. pour ce qui est de l’aspect ascensionnel, ça se voit principalement à la qualité du "merchandizing", si vous avez des pin’s ou autre gâterie à livrer à la horde de vos fans (présents à chacune de vos sorties), vous êtes sans conteste un groupe qui monte. maintenant pour goûter au maximum un concert pop, quoi de tel qu’un fond de salle obscur avec beaucoup de têtes devant soi, cette impression de foule bien compacte et à travers cette masse sombre tenter d’apercevoir les visages éclairés des musiciens. ça vous rend nostalgique et vous rappelle que ça fait bien longtemps que vous n’avez pas été voir un groupe qui ramène du monde ! c’est assez incongru de quitter ainsi l’ambiance intimiste habituelle de la guinguette et cela sied plutôt bien à la musique d’exsonvaldes d’ailleurs. on en est que plus surpris lorsqu’on reprend connaissance à l’ annonce du dernier morceau ...

la phase contestataire

n’ayant pas pour ma part revu michel cloup sur scène depuis diabologum, j’attendais la prestation d’experience avec une certaine impatience. une seule position s’imposait alors, un troisième rang avec vue imprenable sur l’espace scénique (nous sommes toujours à la guinguette). d’autant qu’une rumeur persistante annonçait du grabuge pour la fin de soirée, mieux valait s’assurer de ne rien louper. l’inconvénient en ce qui concerne l’impatience est qu’elle est souvent accompagnée de dame déception et de sa longue robe noire ... une toute petite dame cette fois puisque le set est énergique, la tension est là, avec notamment les aller-retours incessants de m. cloup. heureusement d’ailleurs que sa forte personnalité booste bien les morceaux car on a comme une petite impression de roue-libre ou de détachement par moments, comme s’ils n’étaient pas tout à fait à l’aise dans cette petite salle à jouer au milieu du public. ou alors c’est peut-être le peu de réactivité du public justement qui donne cette impression et qui contraint michel à demander qu’on l’insulte un peu, pour voir. un bon concert dans l’ensemble donc qui se voit brutalement interrompre par ...

la phase finale

... quatre figures masquées (bandelettes et chemises rayées) prennent d’assaut les instruments d’experience, michel beuglant "aah c’est stupeflip" avant de se faire virer. détail plutôt amusant de prime abord mais qui m’a valu de subir une discussion passionnante sur ma gauche pendant une bonne partie du set d’oslo telescopic (puisqu’il s’agissait d’eux) sur le thème de :
« - comment tu dis qu’ils s’appellent ?
- stupeflip
- ah ouais c’est pas mal hein ... ça s’écrit comment ? »
continuons en mode fine bouche puisque l’entame de cette dernière phase de la soirée ne fût pas sans accros ... une fois la prise de pouvoir effectuée, un bon moment de flottement s’installe pour cause de guitare récalcitrante, puis, et c’est peut-être lié, les oslo peinent un peu sur les premiers morceaux à entrer complètement dans leurs rôles déjantés. heureusement une montée en puissance progressive de nos héros masqués nous permettra de nous féliciter grandement de notre position avancée et d’admirer, à l’occasion d’un morceau joué avec experience, le très beau climax atteint au sol dans un enchevêtrement de jambes, de bras et de pieds de micros. une joyeuse mêlée qui voit ensuite oslo telescopic abandonner la scène à experience pour un dernier titre.

les 10 ans

ainsi s’achève les cinq ans du cargo et, comme on dit dans ces cas là, il nous reste plus qu’à vous donner rendez-vous dans cinq ans pour un nouveau tour de piste. promis, on essayera de s’y prendre un peu plus en avance pour sortir le manuel du parfait placement, avant la soirée même, si possible. le spectacle sera donc aussi dans la salle avec la réalisation surprenante d’empilements de spectateurs (façon fourmilière). le plus beau tas se verra récompenser par le prix telescopien d’honneur ... entraînement tous les mardis, inscrivez-vous dès maintenant ...

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publié par le 26/01/05