Elle nous avait laissés en avril avec un arrière-goût de reviens-y, présentant son let in the light à la maroquinerie dans un set court, dense, centré sur sa nouvelle production tout juste bourgeonnante. L’été passé, l’américaine revient boucler sa tournée d’un kaléidoscope de feuilles d’automne, embrassant plus largement sa discographie.

Magnifique anadiplose avec l’album fondateur maps of tacit. Un “Dirty facade” d’attaque en trompe l’ouïe au piano, un “fences of pales” en clôture explosive à la guitare. Un set en trois parties, la première au piano (“defy this love”, “idle hands”) , la seconde à la guitare (“with closed eyes”, “if only we could”...), puis un rappel étendu de quatre morceaux mi-piano mi-guitare, synthèse de nuances et crescendos d’émotions dont elle a le secret. Un enchaînement parfait du délicat “louise” (let in the light), du bouleversant “avalanche” (over the sun, sa précédente production), du “birds” (over the sun) tout en retenue, pendant lequel elle s’interrompra même pour faire cesser les clic-clac d’un photographe un peu trop zélé, pour finir sur le “fences of pales” (maps of tacit) valsé sans appel.

lumineuse

On a beau entendre les prouesses du bassiste et du batteur, on ne voit qu’elle. Shannon et son déhanché de plus en plus souple et chorégraphié (“with closed eyes”), shannon et sa tignasse lumineuse, shannon et sa wurlitzer cajolée et martyrisée.

Si au fil des années, l’américaine n’a rien perdu de sa nervosité, ses accès sont plus matures, moins brutaux... en avril encore, on sortait terrassés de la prestation de la maroquinerie. Au nouveau casino, shannon wright a su mêler les influx, arrondir les excès sans pour autant tromper ce qu’elle a jadis montré. Elle brasse avec bonheur ses albums, cueillant les grains nobles. Un bel été indien.