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publié par Renaud de Foville le 22/08/99
La Route du Rock  1999 - 14/08/1999
La Route du Rock , 1999 — Fort du Saint Père, Saint Malo

samedi 14 août 1999

ce qui est incroyable avec les festivals en plein air c’est l’ambiance. c’est la première fois que je vais à la route du rock et même si nous n’avons assisté qu’aux concerts du samedi cela reste une expérience. on retrouve un peu l’excitation des premiers concerts, c’est compliqué, c’est loin, il faut camper... comme il y a maintenant plus de 10 ans on ressent une véritable excitation autour de ce petit événement. déjà plusieurs jours avant on y pense, on s’arrange, on se dépêtre des petits problèmes, cela faisait longtemps qu’un concert nous avait pas donné tant de mal. cela faisait longtemps qu’un concert ne s’était pas fait autant désirer ! cette année il y a eu entre 5000 et 7000 personnes par soir. une petite baisse par rapport à l’année dernière, peut être due à une affiche moins rock - plus électronique, plus risquée dirons certains. a voir ! chaque soir donc, il n’y a pas plus qu’un zénith, en plein air dans un vieux fort, l’ambiance est vraiment exceptionnelle, un feeling comme lors des grands rassemblements à la torhout ou à la u2.

ambiance

c’était encore plus vrai le 3° jour, celui de la vraie fatigue et de la pluie. je suis juste passé voir les experimental pop band et il régnait une ambiance assez surréaliste. c’est promis l’année prochaine, pour les 10 ans du festival on se fait les trois jours. dernier truc à noter, l’ambiance général, l’organisation. je veux surtout pas cirer de pompes mais alors là tous les festivals et toutes les salles de concerts feraient bien de prendre des leçons. en 13 ans de concert c’est un des endroits les plus conviviaux, les plus simples et les plus sympas que j’aie pu voir. et croyez moi c’est franchement important. même le service de sécurité était très sympa, surtout aux abords de la scène, peu nombreux (c’est agréable), détendu et efficace.

catalogue

mais bon rentrons dans le vif du sujet, la programmation de ce samedi 14 août 99 : c’est vrai que nous avons raté les curiosités de la veille (houellebeck et tricatel - plutôt curieux mais intéressant à l’écoute sur la compile du festival - les anglais freestylers et surtout l’un des grands sucés du festival dj shadow). bon d’accord, mais on en quand même vu nous des trucs. tout d’abord le groupe jeté en pâture, l’ouverture de la journée. les pauvres mecs qui passent en premier alors que la moitié du public n’est pas là, que l’autre moitié s’installe, fait le tour des stands. pourtant il fallait écouter les parisiens de sporto kantes, complètement inconnus pour nous et pourtant une vraie révélation. accompagné par une collègue de leur label (catalogue) la chanteuse jazzy avia, ils nous ont donné un vrai set de musique électronique intelligente, dansante, prenante. une approche des samples mélodique et raffinée. on en reparle très vite en essayant de choper un interview. juste après sporto kantes, sous un soleil éclatant, tout aussi éclatant que la chemise orange du chanteur guitariste - la même qu’à reading pour les accrocs des détails sans importance, venait muse.

muse

après l’excellentissime concert du new morning qui nous avait permis de les découvrir en se prenant un mini claque dans la tête, on les attendait avec impatience. ce groupe nous arrive d’angleterre précédé d’une incroyable réputation (ils n’ont sorti qu’un mini l.p par correspondance et c’est déjà la folie, faut voir les sites qu’il sont déjà pour eux sur le net). on avait écouté leur album - showbiz - sortie le 7 septembre - dans la voiture tout le long du trajet. on voulait savoir s’ils allaient confirmer l’impression que l’on avait eue à paris ou non. je ne sais pas si muse tiendra la route très longtemps, à vrai dire ce n’est pas encore leur préoccupation, mais c’est pour l’instant un incroyable groupe de scène. jouant d’un charme naturel surdéveloppé, d’une vraie présence des trois membres - malgré leur très jeune âge on sent qu’il maîtrise tout ce qu’il arrive avec une intelligence redoutable - il nous assène 45 minutes d’un set efficace, incroyablement puissant. a tel point que l’on se dit qu’ils détiennent plusieurs hits en puissance - il y a aussi plusieurs morceaux qui autant sur l’album que sur scène ne tiennent pas trop la route - et qu’ils peuvent très vite - à l’image d’un placebo - devenir enormes.

regular fries

la comparaison avec radiohead pour la musique - violence et énergie contenues - et jeff buckley pour la voix - et quelle voix c’est surréaliste - est inévitable même si parfois un peu facile. en tout cas nous on est très impatient de revoir muse au festival des inrocks et au mcm café, ne les rater surtout pas pour leurs derniers passages à paris pour l’instant. vous ne pourrez pas résister à "muscle museum", "fillip" ou à l’incroyable final de "showbiz", des vraies pépites. en attendant vous trouverez sur le site des très nombreuses photos, des interviews et d’autres revues de concerts de muse. pas facile de passer après le set puissant et chaleureux de muse - quoi que chaleureux n’est peut être pas le mot, il leur manque peut être cela enfin bon... passons au collectif des regular fries, déjà passés à paris avec les absents de ce week-end les mogwaï. signé sur un label techno, pas vraiment électronique, ni 100% rock, complètement allumés, enfin surtout bien bourrés, les regular fries savent soigner leur entrée.

feu aux câbles

un décor recouvert de camouflage militaire, des hurlements de dingues, un chanteur qui brandit un feu de détresse en feu, un autre qui joue de la cage à oiseau - oui oui ! - et un clavier, comment dire... non voyez plutôt les photos. vous comprendrez pourquoi ce mec un peu déchiré a eu du mal à atteindre le bar après son set. mais le plus étonnant avec ce groupe assez déjanté - drôle 5 minutes mais on se lasse un peu - c’est qu’en fait leur musique n’est pas tout à fait à leur image. on s’attend à quelque chose de dingue, de bizarre, partant dans tous les sens. non on est avec un vrai groupe de pop anglaise, assez proche des happy mondays ou de black grape en moins bien, rien de fulgurant, à vrai dire un peu décevant. pour être honnête on s’attendait à quelque chose de beaucoup plus original. mais reste un groupe sympa, qui nous a servi parfois de bons morceaux et qui a quand même mis le feu aux câbles au pied de la scène, c’est toujours sympa, non ? la suite, la suite....

archive

archive. c’est peu dire aussi qu’on les attendait aussi ceux là. un nouvel album passionnant, une réputation incroyable : libé et le monde ne parlait que d’eux sur les trois jours du festival. the big thing à voir... désolé, on aurait vraiment aimé avoir quelque chose d’exceptionnel, retrouver la même émotion, la même magie que lors d’un concert de portishead par exemple. mais non, archive nous a un peu déçu. est-ce que nous sommes tombés un mauvais jour, ou bien y avait il un peu trop de monde... je ne sais pas la chanteuse est adorable, faisant beaucoup d’effort pour parler français, avec une gestuelle sur scène assez incroyable.

feux de bengale

il y a de vrais bons morceaux, mais il n’y a pas d’atmosphère, pas d’émotion ? rien ne passe. juste une anecdote marrant, c’est la première qu’en plein concert je vois toutes le lumière s’éteindre pendant une chanson jusqu’au milieu de la suivante pour se rallumer pendant le suivant laissant pendant plusieurs minutes le groupe jouer dans le noir quasi complet - mulder et scully se demandent encore si ce sont les extra-terrestres regular fries et leurs feux de bengale qui sont responsables de tout cela. sinon on a entendu un bon groupe, joué de bons morceaux mais c’est tout, on attendait peut être un peu trop. le groupe est prévu pour le festival des inrocks comme muse. on verra bien si en salle on retrouvera la tension et l’émotion qui nous manquait ce soir là au fort du saint père. on arrive aux deux grosses têtes d’affiche. la nuit est tombé sur le fort, la fatigue sur nous.

arno

j’attends avec impatience arno. un peu bizarre au milieu de l’affiche du festival, un peu décalé. comme sa musique, comme lui. mais quelle puissance, quelle voix joe cocker c’est une diva à coté. et surtout il en joue parfois sur certains morceaux comme d’un instrument, rauque et éraillé à souhait. arno on l’avait vu a bord de la scène pour regarder archive, mais il n’avait pas à s’inquiéter pour son set. c’est lui qui a mis le feu, lui qui a fait danser le public de la route du rock. c’est vrai qu’il n’a pas lésiné sur les tubes, mais c’était la première fois que je le voyais comme une bonne partie du public et on est bien content d’entendre le dansant "les filles du bord de mer", le très émouvant "les yeux de ma mère" ou le déjanté "putain, putain". a coté de cela il sait aussi nous servir certains morceaux fulgurants aux guitares aiguisées comme des rasoirs, joyeusement bordélique et déjanté. un grand bonhomme qui sait aussi jouait les monsieur loyal haranguant le public de "mademoiselle monsieur, encore un autre chanson" avec sa voix ou se mêle la cigarette ("un poulet belge, en dioxine c’est comme fumer 10 paquets c’est bon... !"), l’alcool et l’accent belge. on reste sous le charme, les oreilles bourdonnantes. drôle de mélange.

tindersticks

on y retournera en octobre pour écouter son nouvel album qui vient de sortir. et enfin, la tête d’affiche de la soirée. un peu étonnante c’est vrai. on avait pas franchement beaucoup de nouvelles d’eux : les très mélancoliques tindersticks. responsable d’un superbe album en 1993 : tindersticks. ils nous reviennent avec un nouveau cd. mais franchement il était plus de minuit... la journée avait commencé pour nous à 6 heures du mat... je ne suis pas sûr que les tindersticks furent vraiment à leur place. il fallait en avoir vraiment envie pour tenir jusqu’à plus d’une heure du matin pour les écouter. mais c’est vrai que cela en valait la chandelle. même si le chanteur avait troqué son costume habituelle pour une tenue juste un peu plus décontractée sa voix unique et sublime était toujours là. envoûtant, hypnotisant. parfois un peu trop car une amie qui était là et qui venait principalement pour eux s’est quand même endormie.

experimental pop band

quand à nous si nous avons tenu leur set, il faut dire que nous sommes parti nous couché avant que ne commence breakbeat era, ce n’est pas l’envie qui nous manquait de découvrir le nouveau collectif de roni size, mais franchement on ne tenait plus debout. juste un mot, le lendemain avant de repartir - a part les fabuleusement fabuleutissime deus, on n’avait pas très envie de voir blur - j’ai eu le temps de voir le experimental pop band. que dire, que dire. c’est un peu comme regular fries, non il ne joue pas de la cage à oiseaux, ils ont même un look particulièrement sage. mais leur nom laissait présager des sons bizarres, étranges, des mélanges, des innovations... bah non, encore une fois on se retrouve avec un groupe plutôt pop - j’ai toujours du mal à trouver des catégories pour ranger les groupes - sympa, mais pas nouveau. sympa, c’est le mot. agréable. sans plus, mais pas moins. bon c’est vrai qu’on se mord un peu les doigts de ne pas avoir vu nos amis belges de deus - qui rejouent une dernière fois à paris en octobre - le 18 - au bataclan - mais selon ceux qui étaient là le dimanche la révélation de ce jour c’est l’anglais d’origine indienne nitin sawhney, qui mélange des musiques traditionnelles et de l’électronique. il est paraît-il assez exceptionnel. a suivre donc surtout qu’il sera en octobre au batofar à paris. la nouvelle tendance de la route du rock c’est et les organisateurs le revendiquent à fond l’électronique. c’est peut être pour cela qu’ils ont repris la programmation en main. avant c’était bernard lenoir qui programmait avec hilda et il a toujours dit qu’il ne voyait pas trop l’intérêt d’un groupe d’électronique sur scène. laissons encore le temps de quelques festivals pour savoir qui a raisons... a l’année prochaine...

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publié par le 22/08/99