Vendredi 13 septembre. On cumule jour de superstition et surtout, jour de la grève géante de la RATP. A vrai dire il nous en faut plus pour nous empêcher d’aller en festival. Et nous avons bien eu raison puisque les transports reliant le centre de Paris et la Courneuve ne sont quasiment pas affectés. Nous arrivons presque plus rapidement que les autres années dans l’enceinte du festival, la Fête de l’Humanité peut commencer.
LOFOFORA
© Marc Duvollet
Au Cargo !, on ne fait pas les choses à moitié alors on s’est dit que commencer un festival par une scène métal ça pouvait être une chouette idée.
Et y’a pas à dire, Lofofora à la Fête de l’Huma, ça déménage. Depuis des années qu’ils tournent, ils sont toujours au taquet. Et le public aussi. Les guitares saturées font vibrer la P’tite scène. La dernière fois que Lofofora a joué à l’Huma, « c’était boueux, ça sentait l’herbe et ça dansait partout » comme nous dit Reuno entre deux chansons. Cette année, les choses étaient plus sages, mais n’ont pas empêché le groupe de nous balancer un set explosif avec ses textes bien ciselés, taillés pour l’ironie, extraits de leur nouvel album, Vanités - le dixième - qui sort le 8 novembre prochain. Et après un petit tour en acoustique, ils reviennent avec un son plus électrique. Attention les oreilles !
LES FATALS PICARDS
© Marc Duvollet
Quelques minutes pour changer le plateau et c’est au tour des Fatals Picards de faire leur entrée sur scène. Eux aussi sont des habitués de la Fête de l’Huma. La dernière fois, c’était il y a tout juste 4 ans. Cette fois les Français viennent défendre leur dernier album, Espèces Menacées, sorti en avril 2019. Dans une ambiance survoltée, les garçons jouent les titres les plus engagés de ce neuvième opus. Notamment « Béton Armé », clin d’oeil aux activités de Lafarge, puis « Turlututu », « en hommage aux suprématisme blanc ». Entre deux chansons les spectateurs scandent "Balkany en prison !” et les Fatals Picards prennent un malin plaisir à faire durer ces interludes. Les grands classiques ne sont pas oubliés. Entre les nouvelles chansons, le groupe interprète « L’amour à la française », « Le retour à la terre », et « La sécurité de l’emploi », leurs titres phares. Enfin, en guise de conclusion « Mon père était tellement de gauche » résonne comme un hymne que tout le public reprend à tue-tête.
PAUL KALKBRENNER
© Maël Le Gaillard
On change d’ambiance pour se diriger vers la Grande scène où en tête d’affiche du vendredi soir se produit le nouveau chantre de la techno berlinoise, Paul Kalkbrenner. Ici, tout est calibré, l’artiste en tournée depuis quelques mois. Malgré un set un peu court – c’est la fête de l’Huma, pas un festival électro – on sent Paul Kalkbrenner heureux d’être là (ou toujours heureux derrière ses platines ?). Quoiqu’il en soit, sa musique est vibrante, pleine d’énergie et incite à danser dans une communion universelle. Et, ô joie, bonheur, le set se termine par la track « Feed your Head », dans laquelle on y retrouve la voix de Grace Slick, ancienne chanteuse du groupe de rock psychédélique, Jefferson Airplane.
© Ben Gaston
Il est à peine 23h et les concerts de cette première journée sont déjà terminés. Pas décidés à rentrer dormir maintenant on se dirige vers les multiples stands qui font le charme de la Fête de l’Huma. On se faufile dans les allées encore bondées et on parcoure les régions du monde en s’arrêtant un peu partout. Un pao de queijo accompagné d’une caipirinha nous font voyager jusqu’au Brésil avant d’atterrir dans le sud de la France avec les chants basques du PCF de Bayonne. Il reigne ici une humeur bonne enfant et festive. Certains sont juste venus pour la programmation musicale, d’autres parce qu’ils sont encartés au Parti communiste et d’autres encore pour défendre le journal l’Humanité, en redressement judiciaire depuis février 2019. Toujours est-il que les identités se mélangent et tout le monde se rencontre, discute et danse. C’est ça la Fête de l’Huma.