Retour sur une soirée de la Saison Jazz à Vienne 2022-2023 à l’Auditorium de Lyon, où ce quartet franco-malien, union de deux prodigieux duos, celui de Ballaké Sissoko (kora), complice de Vincent Ségal (violoncelle), et celui d’Émile Parisien (saxophone soprano) et de son fidèle acolyte Vincent Peirani (accordéon), nous a livré un concert remarquable fin avril.
Il y a comme une évidence à ce que ces quatre artistes se produisent sur les terres lyonnaises, puisque cette collaboration est née en 2019, à l’initiative de Vincent Ségal, sur la scène de l’Odéon dans le cadre des Nuits de Fourvière. Ce moment éphémère s’est concrétisé quelques années plus tard par une gourmandise, l’album Les Egarés, sorti fin mars chez Nø Format.
Les premières notes de "Ta Nyé" résonnent sous l’archet de Vincent et les doigts de Ballaké, avant que le chant du saxophone, puis de l’accordéon, nous embarquent pour un superbe voyage.
Une onctueuse virtuosité parcourt les mélodies et nous transporte de rives en rives tant le dialogue entre les quatre artistes est limpide et sincère. Les musiques tissent des espaces de liberté où il est agréable de se perdre en leur compagnie. Le quartet déroule avec aisance et complicité les morceaux, tout en sachant mettre en lumière le talent de chacun.
Leur union nous prouve l’existence de mondes musicaux à mélanger pour créer une poésie ébouriffante et universelle. Comment ne pas frissonner au son d’"Izao", avec la passion captivante de Vincent à l’accordéon, mêlée au souffle lyrique d’Émile, puis avec les rythmes aériens de Ballaké et Vincent sur "Nomad’s Sky". Un métissage qui abolit les frontières avec respect et raffinement.
Sur ce répertoire aux confins du jazz et des musiques du monde, le quartet offre un live intimiste et dialogue avec le public. Le concert se conclue avec une reprise d’"Esperanza", thème composé par l’accordéoniste Marc Perrone : hommage diablement entraînant et dansant.
L’auditorium ovationne les quatre musiciens, car il est difficile d’accepter la fin de ce voyage musical. Il faut alors toute la générosité de ce quartet, pour prolonger encore quelques instants cette expérience des plus convaincante avec des rappels tout en beauté.
Le titre de l’album présenté ce soir, Les égarés, sied plutôt au public qu’à ce quartet rodé, tant nous nous sommes laissé dériver avec délice sur des terres inconnues et merveilleuses.
Un concert qui rend compte de cette magique amitié musicale, et qui nous a fait vivre un instant suspendu.